Thierry Beucher

"Et d'une aile aussi prompte que l'intuition ou la pensée d'amour…" W. Shakespeare

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Blog
Dans la presque
immobilité
du jour
Des pensées comme des oiseaux
goûtent les fleurs
Rien ne se concrétise
l’attente tient le lieu 
Alors
la beauté
comme se forge son image
toute matérielle
Un envol
de pétales
de l’épine blanche
Sur le mur de l’étagère
en terre
Une assiette bleue
du Brésil
Le dedans est le dehors

Dans l’attente
le départ est déjà 



(Cahier n°16 / 20-03-2023)
A primavera está chegando
De repente
esqueço o resto do mundo
Há esse tempo
aninhado no outro
O sol acaricia 
a terra da parede
Um pássaro 
atravessando a janela
A porta que você quer
abrir
quando já não queres nada

(Caderno nº16 / 19-03-2023)
Il reste le poème
comme eau
de la pluie
regardée de la table
Les arbres sont devenus bois
et les fleurs qui persistent 
envolées en pétales
Sur la peau tatouée
l’éternité d’un amour
Il reste le poème
comme oubli
comme mesure
Quelques grains de lumière
au plomb de l’encre
de l’ultime tutoiement
Il reste le poème
au surgissement précieux
d’une image

(Cahier n°16 / 17-03-2023)
Sur le mur de terre
devenant le soleil
La peau du ciel
se porte en manteau
Les fleurs
du cerisier japonais 
sont bleues
Jusqu’à l’oubli du peintre
Sur le mur de terre
lorsque je ferme les yeux
Je te vois

(Cahier n°16 / 16-03-2023)
Comme traversant le bleu
l’ombre penchée des bois
le jaune des pétales
Et jusqu’à son éclat
en tableau sur le mur
Voici voici
le soleil

Dans la lumière désaxée de l’aube
il arrête ce temps

(Cahier n°16 / 15-03-2023)
Le temps très court
d’un suspens
La fleur équilibrait la branche
Le chant
du toujours même oiseau
Le poème
Ô comme image
cette nudité silencieuse
Le ciel était teinté d’or
La seconde d’après
il n’était que nuage

Tous les amours ne sont que des poèmes

(Cahier n°16 / 14-03-2023)
La nuit s’échappe
en nuages affolés
La clarté adossée
les repousse
Aux arbres penchés quelques fleurs
épousent leur joie
Les promesses
Le jour fut ce baiser sur les lèvres
Toujours
Et le rose du soleil
La pensée

Déjà déjà
dans le retard des heures

(Cahier n°16 / 13-03-2023) 
Um sol um pouco
velado
acaricie os meus olhos
envelhecidos
Me torno cego
A sensação do mundo
se afasta
Um minuto
acho que era morto
Mas não
Um raio como um fio
me liga
Me liga
Mesmo desaparecendo
ficarei numa madrugada
Até
a noite seguinte

(Caderno nº16 / 12-03-2023)
L’humide froid
avait touché ses os
Comme le carillon s’agite
à la branche d’un arbre
La pluie traversait son thorax
La mort
comme la vie se parlait
Dans la reliure d’un ciel
sans or
La terre détrempée
touchant l’horizon
Le squelette riait

En équilibre sur le vent

(Cahier n°16 / 11-03-2023)
Le souffle
penche sur le côté
toute pensée
- Je vois les arbres de travers
dit-il
D’un emportement le nuage
a le goût dans ta bouche
d’une fleur

(Cahier n°16 / 10-03-2023)
Les chants
noyés du rose des fleurs
du cerisier
goûtent la douceur
L’herbe haute
Quelques secondes
Le sensible avait bousculé
l’image élimée des jours
Sur la cloison de terre
en attente
S’attardait la lumière

(Cahier n°16 / 09-03-2023)
La soudaine clarté
comme image
Cette trouée dans le ciel
obscur
L’eau des averses a débordé la nuit
Le rêve des corps
aux étreintes
- Nous changerons de monde
A la course des nuages
une pierre
Assis à la table
une mémoire du soleil

(Cahier n°16 / 08-03-2023)
Le rouge-gorge est la couleur
arrêtée
du temps
Sur la barrière de noisetier
l’horizon sépare la vision
Immobile
il est cette attente
Comme on dessine la solitude d’un trait
L’image du dehors
bouscule la raison certaine
D’une aile déjà

Sa pointe est restée dans mon cœur

(Cahier n°16 / 07-03-2023)
Quelques oiseaux
à la lenteur de l’aube
étirée et grise
Comme se déploie
la joie
Non dans l’éclat
Cette étonnante (tonne)
qui résonne jusqu’au lointain
Sans même cet alors
dans le ciel
Le soleil
Cette joie toute de matière
est devenue beauté
Volée à ceux
qui en gardaient l’idée

(Cahier n°16 / 06-03-2023)
Demora tempo
sempre
Nunca sei o que vai surgir
Um poema
um silêncio
uma lembrança
Nessa espera
a escuta do mundo
está diferente
Não tem mais separação
Um toque leve
De repente
você faz parte dessa vida
Sem precisar
nada outro

(Caderno nº16 / 05-03-2023)
Car cet inattendu
ne surprend pas
Il surgit
comme rupture nécessaire
au prolongement d’un possible
- Je t’ai reconnue 
comme ville monde et poème

Dès la première fois

(Cahier N°16 / 04-03-2023)
Je cherche le soleil
comme le voyageur perdu
demande l’heure
A l’océan qu’il voit
Rien d’autre que le souffle de l’air
La lumière si blanche
et l’infini
de l’étendue
- Ce n’était donc que cela

(Cahier N°16 / 03-03-2023)
Car la beauté surgit
à l’inattendu
mais non pas à l’attente
- Le poème se forge et disparaît
Le soleil sur la baie
de Guanabara
Voici rouge la nuit
dans l’aube qui arrive
jusqu’ici

Il n’est d’autre sentiment
que monde

(Cahier n°16 / 02-03-2023)
Il y a cette ville
Rio de Janeiro
qui apparaît dans l’aube
ici
Le rose de la lueur du jour
- J’ai marché dans la ville
Déjà je suis parti
Plus tard
plus tard
viendra la compréhension

(Cahier n°16 / 01-03-2023)
A l’équilibre du toit
la pauvreté du soleil
Comment penser le monde
Le nuage attrape ses couleurs
Dans l’encre le plomb
Mais si tu fermes les yeux
apparaît ton amour

(Cahier n°16 / 28-02-2023)
Comme entre le soleil
à l’azur du ciel
La terre penchée
ramasse ses pierres
Dans le jour
caillots de sang
il reste de étoiles
Des mots
qui écarteraient ses bords
Comme seuls
les oiseaux

(Cahier n°16 / 27-02-2023)
Há um frémito leve
os ramos mais pequenos
se movimentam
O sol
acaricia as primeiras flores
como os seus lábios
poderiam tocar
a pele do céu
Se trata duma relação ao mundo
Um desvio
Uma capacidade de sentir
até uma forma
de persistência

(Caderno nº16 / 26-02-2023)
Au surgissement de la beauté
de l’inattendu des formes
percutées
Se partage le sensible
pensé
Il bouleverse l’heure
comme le bois
se fend
Car déjà dans la clarté
indicible d’une lumière
se tient

Le jour

(Cahier n°16 / 25-02-2023)
Comme s’impose à la nuit
l’aube
L’image cherche
son apparition
Dans la distorsion 
du commerce des jours
L’œil ne peut être que
déchiré
(ô ce chien)
Le poème
comme l’étreinte
à ne pas oublier

Rien ne doit être
que
bouleversement

(Cahier n°16 / 24-02-2023)
La main
a retrouvé sa pensée
en assemblage de bois
Le dehors est le dedans
sans extériorité
Dans la lenteur de l’atelier
le poème
d’un geste de ciseau
Le bleu si profond de la nuit qui finit
à la lampe japonaise
posée sur l’étagère

(Cahier n°16 / 23-02-2023)
Dans le peut-être du jour
le linge
est resté de la veille
Suspendu
aux épingles des couleurs
il dessine sur le fil
une possibilité de monde
Et par le hangar le ciel
ouvre
Jusqu’à la pliure des bois

Sa reliure


(Cahier n°16 / 22-02-2023)
Le brouillard
ferme les yeux de la nuit
L’aube reste
confuse
Sa clarté se dissout
au regard
Les premiers arbres
sont des images intérieures
Mais aux premières pierres
je rêve déjà d’un ailleurs
Traversé de temps
j’ai accroché au clou de mon phosphore
un miroir piqué
qui n’a plus de reflet

(Cahier n°16 / 21-02-2023)
De silence
comme l’eau très calme
Sur la table
à la pointe bleue
du dehors
Apparaissent
des images
Elles restent
insaisissables
Déplacent la pensée
Le rêve s’ignorant lui-même
J’ai plongé la main dans le froid de la nuit
Le bras recouvert 
d’or
Comme feuille un poème
Là-bas sur le toit
viendra aussi le soleil

(Cahier n°16 / 20-02-2023)
Vamos abraçar o tempo
apertar
obriga-lo a seguir
O movimento meu
Já descobri a madrugada
Eu sou
uma partícula da luz
Essa lagrima 
do pássaro 
que voa depressa demais
A pela do céu
O cheio
do seu corpo

Vamos abraçar esse tempo

(Caderno nº16 / 19-02-2023)
S’allume le bleu
souriant du jour
A l’oreille un soleil
qui malgré la peine
traverse la nuit
Nous vivons de promesses
et le rêve
maquille les yeux des nuages
De la poudre d’or
L’image sur la table
pourfend l’attente
et l’attendu
Je t’aime
à l’infinité du ciel

(Cahier n°16 / 17-02-2023)
 Le silence
 étire de la nuit
 sa clarté
 Au blanchiment de l’horizon
 je n’ai rien d’autre à dire
 - Je suis aube
 dit-elle
 Comme le corps se dissout
 dans l’amour violent des étreintes
 La douceur de ce silence
 reste
 D’une image
 cette lumière
 a transformé la nuit
  
 Ô
  
 (Cahier n°16 / 16-02-2023) 
 Des reflets mauves
 et jusqu’aux roses dorés
 étirent des nuages cotonneux
 Le coq
 s’est reconnu dans la couleur
 Il chante
 devant la veine ouverte du ciel
 On dit qu’autrefois
 les églises
 étaient peintes en rouge
 Soudainement son silence
 se recouvre de blanc
  
 (Cahier n°16 / 15-02-2023) 
 L’aube
 dégagée de toute certitude
 laissait libre
 L’étendue
 L’herbe touchait le ciel
 comme d’autres
 mangeraient plus tard de la terre
 Une lueur presque rouge
 à l’écorce d’un pylône
 Je ramassais mes os
 Quand soudain
 apparut improbable

 Le soleil
  
 (Cahier n°16 / 14-02-2023) 
 Sur l’arrête du faîtage
 rougit
 l’aube
 Comme en miroir
 le monde
 lui sourit
 Dans l’instant du surgissement
 de la couleur
 Le poème les tient
 l’un à l’autre
 Se déploie la pensée
 Au regard se réfléchit l’image
 Dans le jadis futur
 de nos embrassements
  
 (Cahier n°16 / 13-02-2023) 
 De repente tenho tempo
 Uma madrugada
 (de cor rosa)
 se abriu
 Parece que faço parte dela
 Sinto o voo dum pássaro
 dentro de mim
 A luz
 Até a ponta do frio
 Eu sou nada 
 fora disso
 Somente um relacionamento sensível
 existindo na duração
 dum poema
 E se desintegra
 como a sua folha
 De repente
 o sol aparece
 expandindo-se 
 na bruma
  
 (Caderno nº16 / 12-02-2023) 
 Le lointain
 J’avais plongé les bras
 dans la nuit
 Comme en rêve
 pour chercher le soleil
 A la peau des étreintes
 un poème
 J’ai vu la beauté de l’aurore
 bleue
 aux silhouettes des arbres
 décharnées
 Les bras recouverts
 et dorés à la feuille
 J’ai ouvert la fenêtre
 Jour
 j’avais ce jour-là
 quelques secondes d’avance
 sur ta clarté
  
 (Cahier n°16 / 10-02-2023) 
 Dans l’absence
 gît le silence
 blanc
 comme le froid
 Et la lumière
 prise dans le lierre de l’arbre
 Déjà disparu
 cet or cuivré
 qu’on laisse dans une assiette
 Les embrassements lointains
 Les révoltes
 logiques
 Et le désarroi du poème
 resté
 sans tutoiement
  
 (Cahier n°16 / 09-02-2023) 
 Le nuage
 était comme la paille
 où nous étions
 couchés
 La joie
 celle de la douceur
 de la peau
 L’immensité
 Comme on attend le poème
 à la porte entrouverte 
 de l’hiver
  
 (Cahier n°16 / 08-02-2023) 
 La lueur
 de l’autre côté du toit
 à l’oblique
 Comme
 pour ramasser une pierre
 Le temps
 étire son incertitude
 Le soleil
 - aux pieds gelés
 rougit
 son souffle
 Ô cette aube
 comme le souvenir intact
 (cette lèvre)
  
 Le monde apparaît
  
 (Cahier n°16 / 07-02-2023) 
 Sur la gelée
 trois oiseaux traversent le ciel
 azuré
 La table laissée
 est vide
 Au miroir de l’eau
 la glace brisée
 Laisse son image ancienne
 apparaître
 Au chant du coq
 le soleil
 s’est appuyé sur le toit
  
 (Cahier n°16 / 06-02-2023) 
 Saindo da noite
 vi a madrugada
 Cansados dos sonhos
 esperava mais nada
 Só ficar sentado à mesa
 e deixar o tempo me atravessar
  
 Sinto sinto
 que vou desaparecer
  
 (Caderno nº16 / 05-02-2023) 
 Comme envol
 l’oiseau dessine
 à la mi-hauteur du ciel
 Son virage
 Il porte
 le regard
 fixe du dormeur
 Dans la joie d'un mouvement
 qui déjoue
 l’immobilité supposée
 de l’heure
  
 (Cahier n°16 / 04-02-2023) 
 A la lenteur
 prise dans la matière
 de l’obscurité
 Le bleu (en adorable)
 laisse l’arbre
 trouver sa forme
 L’oblique du toit
 bientôt
 Et la pensée traversée
 des premières lueurs
 Toujours
 Toujours le même poème
 et la joie d’un amour
 - Le sais-tu
  
 (Cahier n°16 / 02-02-2023) 
 La douceur inattendue
 dans l’image habituelle
 et grise
 APRES L’AUBE
 Comme cette inquiétude
 disparue
 Alors soudainement le chant de l’oiseau
 La vie redevenant une pensée
  
 Cette autre possibilité
 de soi
  
 (Cahier n°16 / 01-02-2023) 
 Le jour est immobile
 Les pensées se fracassent
 à l’absence
 de mouvement
 Dans le cœur ce caillot
 Car toute beauté
 nécessite un espace
 Le libre jeu de ses contradictions
 laisse surgir
  
 SES IMAGES
  
 (Cahier n°16 / 31-01-2023) 
 Quelques minutes après
 l’aube
 Il est trop tard
 La lumière déjà
 s’est aplanie
 Ô encore
 encore revenir
 à l’iris des tes yeux
  
 Une pluie fine
 est restée 
  
 seule
  
 A la discrétion du temps
  
 (Cahier n°16 / 30-01-2023) 
 Na cor cinza dum domingo
 o corpo
 atravessado pelos erros
 da semana passada
 A lenha queima no fogão
 O pensamento
 como um pássaro
 torna-se um sonho
 Viremos por aqui
 e nunca mais haverá
 outra segunda-feira
  
 Ela pensou
  
 (Caderno nº16 / 29-01-2023) 
 Le chant d’un oiseau
 touche
 la clarté laiteuse
 débordant le nuage
 La lumière
 - comment dire autrement
 m’écartait de la nuit
 De pensées trop obscures
 débordantes
 ALORS
 (le revoici)
 Par le contact sensible de l’aube
 C’est une matière
 J’étais aussi l’herbe
 et le silence d’un arbre
 Comme un habit
 usé
 que l’on garde malgré tout
 Signe dérisoire
 de cette traversée
 Du temps
  
  
  
 (Cahier n°16 / 28-01-2023) 
 
 Car voici que le ciel
 où sur l’écran blanc
 se projettent
 Les images
 s’est ouvert
 Comme glissent les ombres
 des striures de nuages
 sombres
 le traversent
 Dans l’élan de leur apparition
 la blancheur 
 est un éblouissement
 Ainsi sur la nuit
 s’est assis le poème
  
 (Cahier n°16 / 27-01-2023) 
 Le bleu de la nuit
 avant l’aube
 Là où apparaît
 la blancheur
 Il y a les toits
 une fenêtre allumée
 et l’ombre des arbres
 Comme dans son devenir
 magistral
 la beauté surgit
 Échappant au poème
 à tes yeux
 à l’arrogance du monde
 - Elle te redonne au jour
  
 Et rien d’autre que cela 

(Cahier n°16 / 26-01-2023) 
 La solitude comme nuit
 aux premières lueurs
 accroche rougissantes
 ses images
 aux revers du ciel
 Quelqu’un entendrait
 - l’aube
 Comme on trouve 
 silencieuse
 une pierre à l’angle du chemin
 posée
 
 Mais il n’y a pas de sens
 et surtout
 nulle espérance
  
 L’image tient d'elle-même
 et toute vie
  
 Tel en son surgissement
 devient

 Sa beauté
  
 (Cahier n°16 / 25-01-2023) 
 Par la lumière
 quelques arbres
 apparaissent seulement
 Depuis plusieurs jours
 les images sont pauvres
 Elles ont perdu le pouvoir
 d’ouvrir le réel
 Sur une armoire
 il y avait cette statuette
 phosphorescente
 Le temps l’avait éteinte
 Et le jour projeté
 malgré cette lumière
 la cherchait
 encore
  
 (Cahier n°16 / 24-01-2023) 
 A la lenteur de la main
 la terre
 façonnée
 Devient meuble pour ranger
 Le dehors est le dedans
 Comme l’heure
 celle d’une respiration
  
 (Cahier n°16 / 23-01-2023) 
 No silêncio da noite
 acordáramos
 pra nos contar
 Sonhos
 Que a madrugada
 veio pegar
 Iluminando um céu
 frio
 deslumbrante
 Assim talvez nós somos
 uma faísca
 desse mundo
 Os sonhos
 e a luz que se vê
 embaixo duma porta
 Na escuridão da sua infância
 que ainda
 persiste em ti
  
 (Caderno nº16 / 22-01-2023) 
 Au soleil très bas
 le rideau
 retardait la vision
 L’éblouissement
 - Comme l’étrangeté de la joie
 portait un chapeau
  
 S’imaginant ainsi traverser le ciel
  
 (Cahier n°16 / 21-01-2023) 
 Les craquements de l’herbe
 gelée
 sous le pied
 Le bois qu’il faut aller chercher
 Brûle
 Quand soudainement le ciel
 à son écharpe rouge
 S’ouvre
 s’ouvre à l’échancrure 
 de la nuit
  
 (Cahier n°16 / 20-01-2023) 
 Devons-nous nous satisfaire du peu
 L’aube qui apparaît
 ne saurait être
 Révolte
 Seule l’étreinte brûle
 Brille 
 dans la nuit
 Du manque
 sans le savoir
 Nous trouverons les armes
  
 (Cahier n°16 / 19-01-2023) 
 A l’inattendu du chant
 qui sépare de la nuit
 les lueurs
 A peine perceptibles 
 de son achèvement
 Le nuage apparaît
 dessinant quelques branches
 Jusqu’au silence
 cette durée s’écoule
 Comme la plaie des rêves
 - ouverte
  
 Les images prennent formes
  
 (Cahier n°16 / 18-01-2023) 
 J’attendais l’aube
 rougissante
 au feu de la nuit
 J’étais nu
 Je veux dire
 sans image
 Le monde avait plié sur moi
 sa démangeaison
 Le luxe du poème
 remis en vitrine
 Pourtant j’avais faim
 de beauté
 Comme de goûter encore
 l’eau des sexes
 La nuit m’emporte
 je ne vois plus l’aube
 Car déjà
 Je suis nu
  
 (Cahier n°16 / 17-01-2023) 
 Comme chercher les lueurs
 dans l’ombre des langages
 La beauté sculptée d’une flamme
 à l’apparition de l’image
 qui toujours s’échappe
 Le poète saisit ce qui vient
 aux écarts du temps admis
 Cette broussaille ardente
 ou encore cet oubli
  
 (Cahier n°16 / 16-01-2023) 
 A lentidão do meu corpo
 parece como o sol
 Um raio vagabundo
 acaba de se aproximar
 da minha página
 A tinta desse poema
 está solar
 Deslumbrante
 quase cegante
 Não sei
 o que tô escrevendo
 No meu coração
 tem uma pedra
 Acho que venho
 do fundo
 do universo
  
 (Caderno nº16 / 15-01-2023) 
 L’heure de l’aube
 a versé son tribut
 et son assiette
 au liseré d’or
 est lavé
 La pluie
 épouse le vent
 Comme ultime souvenir
 des étreintes
 Il reste le peut-être
 du poème
 Sa feuille toute verte
 aux nervures des pensées
 Son image
 aux biens si précieux
 Des secrets
  
 (Cahier n°16 / 14-01-2023) 
 Comme la veine
 ouverte sur la table
 Le soleil
 inonde le ciel
 L’aurore goûte les nuages
 L’orange
 comme clarté 
 diffuse
  
 L’oubli de la nuit
  
  
 (Cahier n°16 / 13-01-2023) 
 Sur la table
 une plume
 L’écho des joies lointaines
 disparu
 Et les heures non plus
 n’ont plus d’ombre
 L’envol
 Tous les amours ne sont que des poèmes
 Comme la peau
 du ciel
 Un manteau pour l’oiseau
 couvrant par pudeur
  
 Sa nudité
  
 (Cahier n°16 / 12-01-2023) 
 Comme brûlent
 et le bois et les nuits
 A la lenteur
 de l’aube
 La pensée
 cherche dans leurs cendres
 Un poème
 Car il dit aussi
 son possible
 La clarté du jour
 se souvient
 (ou espère)
 Les squelettes noircis
 - Comme apparaissent les arbres
  
 Aux premières lueurs
  
 (Cahier n°16 / 11-01-2023) 
 Rien ne surgit
 et la nuit
 reste
 Comme image son aube
 décolle ses bords
 L’obscurité persiste derrière la lumière
 Les ombres bleues des arbres
 nous attendent
 et pourtant nous n’attendons plus
 Ce présent est immobile
 Et la joie
 ô la joie
 S’est perdue
  
 (Cahier n°16 / 10-01-2023) 
 D’un écartement
 les mots se vident
 jusqu’au silence
 Le ciel
 invisible de la nuit
 insiste à leur disparition
 Il reste des images
 surgissant
 entre les deux
 Le poème
 gît
 Comme une ombre
 soudainement
 percevrait
 Le bord invisible
 de sa lumière
  
 (Cahier n°16 / 09-01-2023) 
 Na madrugada
 do silêncio
 O céu
 Tem as suas cores
 indefinidas
 Uma água suja
 verde e desbotada
 Um nojo
 flutuando no ar
 Mas talvez vejo
 o que sinto
 Já me tornei com aquele céu
 Esperando
 o movimento duma nuvem
 ou quem sabe
 A clareza muda
 da mudança das coisas humanas
  
 (Caderno nº16 / 08-01-2023) 
 La date déjà s’efface
 Peut-être le nom
 Ne tient que l’éphémère de l’aube
 Comme en équilibre
 cette vieille pièce
 tourne sur la table
 Les arbres sont bleus
 sans feuille
 On dit
 - quelque chose survient
 Tu fermes les yeux
 Soudainement la couleur
 Un ciel en papier de soie
 Le vent 
 emporte sur l’épaule
 Toute ta richesse
 De ce qui fut
 un amour
 Cette vieille pièce
 qui tourne sur la table
  
 Il n’est
 d’autre soleil
  
 (Cahier n°16 / 07-01-2023) 
 Des voix lointaines
 rompent
 le silence de la nuit
 A l’apparition
 d’un rectangle de lumière
 La fenêtre là-bas
 le coq
 devient le vent
 Sur le murmure
 dérivent les pensées
 jusqu’au gris lumineux 
 des nuages
 L’image d’un arbre
 décharné
 Comme en-visage
 le jour
 Traverse l’antichambre 
 de ta mort
  
 (Cahier n°16 / 06-01-2023) 
 Car déjà
 le bleu
 transforme l’opacité
 profonde
 comme le silence
 Les corps
 se rejoignent dans l’aube
 Le ciel
 sur un lavis de gris
 se poudre d’or
  
 Dans l’étreinte gît le soleil
 Et la beauté
 découvre le jour
  
 (Cahier n°16 / 05-01-2023) 
 Le vent
 embrasse le restant
 de nuit
 La porte refermée
 Le feu
 brûle son bois
 comme la peau 
 la caresse
 A l’heure devenue désir
 ton souffle
 avait détourné 
 le monde
  
 Un coq misérable s’y était pendu
  
 Ô richesse mémorable
 du nouveau
  
 (Cahier n°16 / 04-01-2023) 
 La noirceur épaisse de l’encre
 au rectangle
 de la fenêtre
 Le jour peut-être 
 ne viendra pas
 Avec lui
 morte l’espérance
 Les heures sont allongées sur la table
 Le poème forgeant son oubli
 Rien
 Une clarté
 Le jour paraît
  
 Le désespoir non plus
 n’est pas sûr
  
 (Cahier n°16 / 03-01-2023) 
 Tous les poèmes s'écrivent dans la nuit
 L'aube 
 garde leur obscurité
 Dans le ciel 
 j'ai suivi quelques oiseaux
 
 Dans ma poche un reste de poussière
 
 (Cahier n°16 / 06-12-2022) 
 L’aube éteint la nuit
 Dans la rougeur du ciel
 L’Afrique déjà
 Il y manque le fleuve
 L’avenue Kimbangou
 Le goût de la Ngok’
 Le salut
 De mon ami Désiré
  
 Demain
  
 (Cahier n°16 / 05-12-2022) 
 Teria uma parada
 no tempo
 Ninguém vem
 ningém vai
 Pensaria enm você
 nesse silêncio
 Um pássaro se pousaria em cima da cerca
 Um pensamento
 só
 Já estou olhando as ultimas folhas
 que vimos nascer
  
 (Caderno nº16 / 04-12-2022) 
 Les murmures
 se glissent entre les bois
 des arbres
 Où es-tu
 Le souffle dit la pensée 
 Comme la simple déraison d'un amour
 Et l'opacité de l'image
 semblant chaque jour
 à lui-même
  
 Le vent
 découvre l'horizon
  
 (Cahier n°16 / 03-12-2022) 
 Les mains brouillardeuses
 de l'aube 
 tissent
 à la clarté apparaissante
 du soleil
 Cette écharpe légère de la brume
 Elles débroussaillent le désir des corps
 Une feuille tombant d'un arbre
 s'évanouissant
 Dans les mains de cette clarté 
 diffuse 
 
 Sans le savoir déjà
 je t'avais appelée
 
 
 
 (Cahier n°16 / 01-12-2022) 
 Écrasés de réel
 tant
 que l’étreinte disparaît
 Faute de je-u
 Par la porte la nature 
 offre cet automne sans veste
 L’espoir maigre d’une branche
 dessinant une forme
 Comment dire
 Il reste quelque chose
 La mer est allée avec le soleil 
 dit-on
 A ce présent infini
 nous opposerons un amour
 Qui sait
 L’espoir soudainement inouï
 d’en être capable
  
 (Cahier n°16 / 30-11-2022) 
 Ces images
 comme nuées d’oiseaux
 se perdent
 Ô temps
 laisse-nous changer de monde
 Ne pas raconter l’histoire sensible
 des feuilles
 où s’écrivent les poèmes
 Mais la disparition des hommes
 dans la violence des jours
 Celui-là au coin d’une rue
 vendait des soleils
 Il était même capable
 paraît-il
 De recoudre l’azur
  
  
  
 (Cahier n°16 / 29-11-2022) 
 Dans le ciel
 un lavis étrange de nuages obscurs
 s’inonde de clarté
 Une effusion d’aube
 On cherche le soleil 
 on cherche le soleil
 La voix s’estompe
 Le gris domine l’or frêle des feuilles
 mourantes
 Les poèmes ce sont les hommes qui les écrivent
 Et les jours
 se martèlent
 aux espoirs qui se forgent
  
 (Cahier n°16 / 28-11-2022) 
 
 
 
 
 Tem um poema
 por cima de teu ombro
 Um passarinho vermelho
 aparecendo na madrugada
 Fugindo na noite
 com nossos abraços
 Aquela suavidade da vida
 depois o tempo da eternidade
 Tem um pássaro vermelho
 por cima do teu ombro
 Vem
 Vamos ver o mundo
 Pra o transformar
  
 (Caderno nº16 / 27-11-2022) 
 Mas Rio tá tão triste
 Nunca vi essa tristeza
 Parece como uma parada 
 da vida
 Uma impossibilidade
 de ver
 E Rio foi tão triste
 mesmo com o seu céu
 transparente
  
 Somos invisíveis
  
 (Caderno nº15 / 03-07-2022) 
 Tempos acirrados
 como a gente diz 
 por aqui
 E o suco de caju
 não pode dar conta
 O mundo fechado
 O dia a dia difícil
 Na lanchonete 
 na esquina das ruas
 Carlos de Carvalho
 e Carlos Sampaio
 Lapa
 Cada um se vira
 até o dia seguinte
 Na calçada do lado de lá
 Um rapaz com um penso
 na têmpora esquerda
 vende frutas na rua
 - Vai ser melhorando
 - Se Deus quiser
 diz um outro
  
 (Caderno nº15 / 30-06-2022) 
 As palavras escapam-se
 a sensação se torna atrofiada
 Um poço seco
 Vou me sentar
 Um pássaro 
 acabado de ser cansado 
 pousará-se no meu ombro
 Assim não escreverei mais
 mas farei parte do mundo dele
 
 Vou ser um poeta
 
 (Caderno nº15 / 29-06-2022) 
 
 Toujours partir
 La table laissée à la pluie
 aux éreintes
 à l’attente du poème
 Ailleurs et pourquoi
 sans raison
 La beauté se forge dans l’élan
 à l’apparition soudaine 
 d’une aube
  
 A hauteur seule d’une respiration
  
 (Cahier n°15 / 23-06-2022) 
 Alors dans une seconde
 il n’y aurait que douceur
 L’oiseau quitte une branche
 La lumière épouse la rugosité
 de ce mur
 Et la durée est autre
 Le corps emporté 
 par l’étreinte ou la mort

 - Je ne comprends pas ce que je vis
  
 Je dessine des images
 que relieraient tes yeux
  
 Jusqu’à recoudre ensemble
 la paupière du soleil
  
 (Cahier n°15 / 22-06-2022) 
 Le temps s’étire
 il use la fatigue même
 Le pull est déchiré
 Mais la clarté
 se laisse prendre 
 à l’attente
 A la porte
 l’orge des rats a poussé
 Et plus tard dans la maison
 les araignées gagneront
 Le soleil sur le toi(t)
 en équilibre sur un pied
  
 Comment dire
  
 Dans l’interstice du poème
 - entre deux jours
 Il y a le rêve et la nuit
 Il y a toute
 une vie
  
 (Cahier n°15 / 21-06-2022) 
 En toute beauté
 un lièvre
 s’assoit sur l’aube
 Et dans le parfum 
 si léger des jasmins
 Nous rions
 A la joie des apparitions
 nous inventons des images
 qui disparaissent à l’encre 
 des cahiers rangés
 Mais l’instant
 ô l’instant
 qui dé-termine ce réel
  
 NOUS VOULONS D’AUTRES MONDES
  
 (Cahier n°15 / 20-06-2022) 
 E agora a tempestade
 ameaça
 O trovão reduz ao silêncio
 a natureza
 Até a luz
 que se torna tímida
 cinzenta
 O dia está nos oferecendo
 a chuva
 Como um abraço
 Vamos sair
 vamos sentir
 O gosto da água
 Já estamos
 no Rio de Janeiro
  
 (Caderno nº15 / 19-06-2022) 
 Comme la brume
 de chaleur
 enveloppe
 la dimension du regard
 Le chant (du coq)
 descend très lentement
 dans le corps
 Sans se connaître
 nous n’étions plus étrangers
 Ainsi tenus
 par la respiration 
 des pensées
 - Et malgré la disparition
 des hommes
 Le goût infini
 d’un dépassement
 persistait
 Dans les cristaux de pierres
 il y a du soleil
 Et dans la mort toute proche
 la conscience
 De la possibilité intacte
 d’un amour
 Quand la clarté du jour
 se pose réellement 
 sur la table
 où s’amenuisaient 
 les désirs
 Il reste le rêve
 Et la beauté de tes yeux
 à la couleur incertaine
  
 Car même dans le sommeil
 nous nous étions aimés
  
 (Cahier n°15 / 18-06-2022) 
 Comme d’un mouvement de branche
 l’immensité du matin
 La joie
 que l’on cueille 
 en baisers
 Il y a cette attente
 Il y a cette attente
 - Mais vivre
 me dis tu
 Et le tutoiement des heures
 que le poème
 poudroie
  
 (Cahier n°15 / 16-06-2022) 
 Le tourment jamais ne disparaît
 Il s’ancre
 caché dans un silence
 Et le poème
 (comme l’aube)
 ne résout rien
 Avant le soleil,
 il y a ce chant des oiseaux
 EPITHALAME
 Il fait jour
 mais nous attendons
 Alors (comme l’or)
 l’inquiétude s’oublie dans l’attente
 Quelques secondes
 - Un papillon déjà
 s’est posé sur une fleur violette
 de buddleia
  
 (Cahier n°15 / 15-06-2022) 
 S’entrevoit dans le regard
 ce qui déjà
 figure
 L’embrassement
 A l’instant ouvert
 joue
 le possible
 Comme on dégage des peut-être
 des idées trop certaines
 Quelque chose vibre
 et peut-être déjà
 résonne
 quand s’approchent 
 les corps
  
 On voit dans le lointain le bleu traversement de leurs ailes
  
 (Cahier n°15 / 14-06-2022) 
 Dans les endroits du monde
 comme ciel
 un soleil goûte la pluie
 L’attente se murmure
 des heures entières
 Ici l’aube
 a surpris
 un rouge-gorge
 Là-bas à Algodoal Brésil
 déjà
 La nuée emporte les rêves
 La beauté se saisit
 violente aussi
 Comme son apparition
  
 (Cahier n°15 / 13-06-2022) 
 A portée des nuages
 le soleil
 par l’angle de sa vue
 redessine des contours
 L’image qui apparaît
 est tout comme le désir
 qui surgit
 Il ouvre soudainement
 l’impensé du sensible
 Les durées se superposent
 Le rêve enchâsse le réel
 A portée des nuages
 et d’une simple étreinte
 parfois
 se découvre le ciel
  
 (Cahier n°15 / 11-06-2022) 
 Comme geste
 quelques planches posées
 assemblées
 A la durée des jours
 la lumière devient celle
 de la blancheur
 du bois
 Lorsqu’une pièce 
 apparaît
 Dehors les feuilles des arbres
 ici le poème
 lu dans la nuit
  
 Je suis (aussi) une forêt
  
 (Cahier n°15 / 10-06-2022) 
 Dans le gris (du ciel)
 il y a toute la peine
 indicible
 Qui écarte le temps
 assombrit le visage
 Une image une image
 - C’est de l’or
 Même pauvre
 elle dit encore
 Le monde n’est pas fini
 le monde est infini
  
 Où es-tu
  
 (Cahier n°15 / 09-06-2022) 
 Comme en silence
 à l’apparition majestueuse
 des clartés
 Le soleil
 perce le vert
 des feuilles lourdes
 et de la broussaille herbeuse
 De la trace lumineuse
 surgit l’ombre
 Ainsi l’image perturbe la durée
 On devine sur le mur
 lointain
 le grain de sa matière 
 minérale
 et comme cachés
 quelques pétales de roses
  
 - Nous avions simplement 
 traversé la pluie
 Peut-être la nuit aussi
  
 (Cahier n°15 / 08-06-2022) 
 La beauté hirsute d’un lendemain
 il reste de la pluie
 dans l’herbe broussailleuse
 Car l’image devient – sel
 au goût aventureux d’un départ
 Rien ne s’arrête
 et déjà dans le lointain
 le nuage
 s’in-forme
 Une pensée m’échappe
 Je ne suis pas sérieux
 et personne ne me croit
 Rien ne s’arrête sous tes yeux
  
 (Cahier n°15 / 07-06-2022) 
 Comme l’eau d’un baiser
 le soleil
 dans les feuilles
 du poème
 efface l’encre
 LA MÉMOIRE S’EFFEUILLE
 En fermant les yeux
 des visages apparaissent
 Ils étaient dans le rêve
 Alors se dessinent dans l’herbe
 de nouvelles ombres
 Nous nous allongeons dès l’aube
 aux blessures de nos oublis
 Rafistolant des mots
 aux mouvements des branches
 Comme encore
 se prennent des mains
  
 (Cahier n°15 / 06-06-2022) 
 La blancheur
 dans l’espace avant l’aube
 Du sommeil absent
 Je cherche des images
 comme d’autres le paysage
 d’une vie rêvée
 Dans l’interstice pâle
 on ne devine pas les contours
 La réalité est autre
 Il y a peut-être l’Amour
 - Vous savez ce fleuve de Sibérie
 J’ai écrit le poème
 je vous en donne le sens
 Dans l’aube blanche
 de ce rebord d’un fleuve
 On y trouve des étreintes
 éphémères
 qui tiennent lieu de promesses
 à des aventuriers
  
 Une photographie
  
 (Cahier n°15 / 03-06-2022) 
 Le vert est comme le vert
 broussailles
 Et dans la maison de terre
 des pensées en surgeons
 se vivent en désordre
 La joie
 celle de l’attente d’une aube
 qui parfois 
 devient jusqu’à l’image
 De ce basculement
 à l’oiseau qui traverse
 Le café brûle
 à l’oubli aussi
 d’un vieux moteur de frigo
  
 (Cahier n°15 / 02-06-2022) 
 Voici déjà que s’ouvrent
 ces grands jours
 qui d’une épaule
 repousse la nuit
 jusqu’à l’été
 Ô les murmures
 Ô les pensées
 Ô les baisers
 Comme s’étreignent les étoiles
 même lointaines
 En lumières
  
 Elles frôlent la démesure
  
 Car il reste quelques rêves
  
 Il reste quelques rêves
  
 (Cahier n°15 / 01-06-2022) 
 Dans le miroir bleu
 ébréché du ciel
 roule le soleil boiteux
 A l’écartement de tes bras
 il redevient
 le parfum de la peau
 Nous sommes
 comme l’herbe sauvage
 aux frémissements des souffles
 Là-bas plus loin
 et plus loin encore
 Le désespoir qui gagne
 jamais ne touche le désir
 Se murmure la joie
 à l’ocre jaune 
 d’une pièce
 Ou mieux encore 
 à l’éclat de son or
  
 (Cahier n°15 / 31-05-2022) 
 Le soleil apparaît sur le mur
 à l’instant où l’oiseau
 se pose
 sur la barrière frêle
 de noisetier
 Le calme est immense
 et la beauté aussi
 A la vue de l’aube
 persistent les images d’un film de Bi Gan
 La nuit reste présente
 Un rouge-gorge maintenant
 sur la table
 tutoie l’errance de l’homme
 Les cigarettes arrêtent le temps
 Comme une étreinte
 Comme soudainement cet espace qui s’ouvre
  
 (Cahier n°15 / 30-05-2022) 
Il faut faire surgir des images, les prendre à la vastitude du réel pour trouer (ou troubler) ce qui est. Le poème, c’est cela, l’image apparue, comme pensée d’un sens en cours de destruction. La beauté n’est plus une norme. Elle est, ce qui altère et fissure l’ordre ordonné du langage, façonné par l’image. Le poète – Moi, je, poête!, disparaît. Il reste la poussière de la pierre, la nervure de la feuille, ou l’or de la lumière. L’image te regarde, elle touche dans le jeu qui la sépare d’une sœur, ce qui manque. Ton langage qui n’est pas celui des autres, mais tu n’existes pas sans eux, le poème déchiffre l'aporie en lui donnant de l’air. Il vole. Le poète est Azor.
  
 Um ramo de cerejeira
 quase entra 
 na casa
 A luz do sol
 na madrugada
 faz fremir suas folhas
 O mundo é mudo
 Nesse silêncio 
 só percebo no seu sopro
 Um desejo de ser
 como um beijo pode caber
 o gosto do mar
 Na casa
 o ramo de cerejeira
 traz suas frutas
 em cima da mesa
 A mesa dos poemas

 (Caderno nº15 / 29-05-2022) 
 Un lièvre de l’aube
 épris de brouillard
 disparaît
 Hier j’ai ramassé des cerises
 Et l’un et l’autre
 se sont rencontrés
 à gorge de soleil
 désireux
 Devenant contre-image
 posée sur la table
 l’histoire ne se raconte plus
 Elle surgit
 à la persistance de tes yeux
  
 (Nous voulons d’autres mondes)
  
 (Cahier n°15 / 28-05-2022) 
 Sur la feuille de cerisier
 la nervure
 écrit le poème
 Dans le corps la pensée
 dessine des voyages
 A l’écartèlement du présent
 surgissent des images
 - Le temps se prend
 Elles apparaissent
 comme le fruit caché
 L’animal
 J’ai vu des aubes de clarté
 comme une table laissée dans la nuit
 pour courir
 les lignes de ta main
 Mais le poème qui suit la nervure
 a tout effacé
 Comme le frémissement du vent
 te presse de partir
 J’ai pris le premier train
  
 Où es-tu
  
 (Cahier n°15 / 27-05-2022) 
 Et les oiseaux très haut
 se mirent
 au café brûlant
 de la tasse
 L’infini comme reflet
 L’encre
 car la beauté (même laide)
 comble le manque
 Voici que l’image
 dénuée de sens
 s’envole elle aussi
 Dans un ciel
 à la traine
 les nuages
 Enveloppent leur vol
 dans un papier
 cadeau
  
 (Cahier n°15 / 26-05-2022) 
 Quelle image
 pour déjouer l’attente
 du même
 L’aube rend visible
 des paillettes de pluie
 ET LE SOLEIL
 ÉTREINT LES SOLITUDES
 Pourtant elle s’efface dans l’heure
 pour se rendre
 au marché des enclaves
 Il a plu
 Il en reste la vision
 comme la trouée d’un souvenir
 d’un mot
 Un décollement du ciel
 qui là justement
 manque
  
 (Cahier n°15 / 25-05-2022) 
 D’une étreinte avec le temps
 devenue végétale
 La pensée de cet amour
 surgissait
 comme une fleur
 De la pluie rit aux éclats
 Aux lèvres le soleil
 En visions
 le poème attache ses feuilles nervurées
 aux arbres attentifs
 Il est paraît-il
 une heure où la beauté s’est assise
 Ce devait être à l’aube
 Je veux dire sur la peau
 tout près de ce tatouage
 d’un oiseau
  
 Où es-tu
  
 (Cahier n°15 / 24-05-2022) 
 Au frôlement d’une branche
 - Elle entrerait dans la maison
 Le corps
 végétal
 de la durée
 enveloppe la pensée
 Je vis
 à hauteur de peau
 et cette pensée
 perçoit le froid
 Comme l’embrassement le temps
 Sans autre mesure
 que le bruit
 d’une pluie
  
 Ce matin
  
 (Cahier n°15 / 23-05-2022) 
 Le présent de l’apparition
 comme théâtre
 Il y a le frémissement de quelques feuilles
 Un soleil lointain
 - A l’épaule frôlée dans le sommeil
 Car la beauté même vieille
 est neuve
 Par principe
 Voici l’étonnement du jour
 en éclair
 L’émotion du théâtre
 Lorsque l’image à peine se dessine
 dans le langage des mots
 Dans l’interstice
 quand les rêves sont encore présents
 et que la clarté
 n’efface plus l’ombre
 mais la révèle
  
 (Nous voulons d’autres mondes)
  
 (Cahier n°15 / 20-05-2022) 
 Une pluie d’aube
 mesure l’étonnement
 A peine la lumière
 traversée par l’oiseau
 On entendait dehors
 sur la table laissée d’un repas
 Son déversement
 jusqu’au silence
 Le vide laissé du ciel
 à l’apparition de l’azur
 Comme cette première fois
 j’avais demandé
 la couleur de tes yeux
  
 Une pluie d’aubes
  
 (Cahier n°15 / 19-05-2022) 
 A la mesure des absences
 de l’impossibilité
 de faire corps
 Les heures s’écoulent
 en solitude
 Comme l’écorce
 la pensée devient rigide
 - On finit même par ne plus espérer
 Rien
 sinon l’oubli
 Quelque chose en soi
 disparaît
 presque doucement
 L’aube seule
 en ses mouvements de lumière
 déjoue les attendus
 Il y a par la fenêtre
 toute une variété de verts
 De celui presque jaune
 à celui très sombre de l’obscurité
 La sensibilité
 au mouvement de la lumière
 (ses variations)
 sauve
 A la reproduction d’images inertes
 celle
 qui ouvre par son bord décollé
 Le sentiment d’une possible
 résonance
 à ce qui malgré tout
 vient
  
 (Cahier n°15 / 18-05-2022) 
 Comme à l’inattendu
 pointe
 un élan vers la fuite
 Le soleil ce matin
 a le goût du Brésil
 Il reste des possibles
 et ce désir
 Comme chaleur sur la peau
 renverse l’heure
 Déjà déjà déjà
 No barzinho escondido
 rua Pertence no Catete
 - Moço
 O que aconteceu durante este tempo todo
  
 (Cahier n°15 / 17-05-2022) 
 Comme la brise
 annoncerait la pluie
 L’image
 insaisissable de l’aube
 Le bleu disparaissant
 Il y a cette attente
 Voilà
 nous attendons
 Une pluie
 un baiser
 le chargement d'une page
 La joie toute neuve de l’heure
 Je voudrais prendre l’avion
 juste pour attendre
 Des pensées vers toi
 déjà s’envoleraient
  
 (Cahier n°15 / 16-05-2022) 
 Pode-se ouvir os cachorros latindo
 semelhantes os de Santa Teresa
 no Rio de Janeiro
 Está estranho ver como um tempo 
 penetra um outro
 As imagens estão viajando
 esperando um som ou uma pedra
 pra tornar-se
 numa lembrança
 E agora vou partir
 até aquele Brasil que curto
 Na verdade sem vontade
 fugir ou buscar
 uma sensação outra da vida
 Mesmo se na minha casa
 me sinto perto 
 das palavras do Manuel do Barros
  
 (Caderno nº15 / 15-05-2022) 
 
 A la vision
 presque désenchantée
 Le soleil 
 prit la place
 Il y eut un instant de silence
 puis l’oiseau du jour
 Chanta
 Le poème suivait l’intensité
 des clartés
 jusqu’à devenir
 Ombres
 Le mouvement dura quelques secondes
 pas plus
 Comme ces images en relief
 que l’on trouvait jadis
 dans les biscuits
 L’image avait bougé
 la tristesse n’était plus
  
 (Cahier n°15 / 14-05-2022) 
 D’une brume d’aube
 cette aurore
 comme eau
 Naît le soleil
 L’image même se déplie
 mille fois
 jamais la même
 D’un sourire
 caché dans un cri d’oiseau
 son envol
 A l’ombre dessinée
 sur le mur
  
 Il est tant de manières de raconter le monde
  
 Il est tant de manières de raconter le monde
  
 (Cahier n°15 / 13-05-2022) 
 A l’herbe sèche
 on devine l’été
 aux gorges folles
 de baisers inassouvis
 La beauté
 manque
 Comme on épuise
 une terre
 Des embrassements
 emplissent les pensées
 Une simplicité du bonheur
 ou encore
 Cet abandon à l’ivresse
 comme une soif irraisonnée
 de légèreté
  
 (Cahier n°15 / 12-05-2022) 
 Comme s’agence
 le bleu immobile
 de l’étendue azurée
 au mouvement vert
 du feuillage dans le vent
 L’image
 n’existe pas sans le mot
 Alors le soleil
 qui est comme le silence
 entre les deux pierres
 d’un mur
 A l’apparition de l’aube
 tutoie l’intimité 
 des désirs
 D’une manière de dire
 D’une manière de voir
 NOUS VOULONS D’AUTRES MONDES
 Ainsi du poème
 d’une fugue révoltée
 ou encore de l’éclat de tes yeux
 au toucher de ma lèvre
 Sur ta peau
  
  
 (Cahier n°15 / 11-05-2022) 
 Dans le buisson ébouriffé
 l’oiseau
 dissimule ses murmures
 Plus loin
 une branche ploie
 d’un autre battement d’ailes
 Le soleil comme une aube
 Le jour indifférent à la mauvaise nouvelle
 des pensées traversées
 Je suis comme un oiseau
 rien de plus
 J’ai goûté la lumière
  
 (Cahier n°15 / 10-05-2022) 
 A l’énoncé
 le soleil
 L’image apparaît
 sur le mur
 où s’arrête le regard
 Le grain de la pierre
 sculpte des reflets
 La lumière est matière
 et d’ici quelques heures
 l’image oubliée
 Sera comme nuage
 dans l’azur ardent
 du silence
  
 Le poème est un clou
 sur la bordure du ciel
  
 (Cahier n°15 / 09-05-2022)  
 Mal o silêncio
 sempre tem um ave
 ou o movimento dum ramo
 Tudo isso que te faz sentir
 que a vida é frágil
 breve
 Mas não adianta desesperar
 só viver aquela
 Momentos
 Amores
 Até mesmo a solidão
 quando o presente
 tá desequilibrado pela uma lembrança
 Nada mais
  
 Você lembra
  
 (Caderno nº15 / 08-05-2022) 
 Le chant d’un oiseau
 écarte les bords
 de l’image appauvrie
 Peut-être l’air aussi
 donnant mouvement 
 aux branches fragiles
 La fatigue
 l’absence d’espérance
 la solitude
 altèrent la perception
 la tension vers le poème
 disparaît
 Ainsi d’une aube 
 presque silencieuse
 altérée
 par quelques pensées
 agissantes
 Comme un déséquilibre
  
 (Cahier n°15 / 07-05-2022) 
 A l’attente d’une pluie
 l’herbe sèche et jaune
 rit
 Comme on tutoie l’inconnu
 Je meurs je meurs
 dit la mère dans son lit
 A la simple vision
 de l’herbe brûlée
 surgit le poème
 Comme un débordement
 d’amour
 Le ciel est vaste dit-on
 Comme une ivresse
 pour conjurer l’oubli
  
 (Cahier n°15 / 06-05-2022) 
 D’un murmure
 (le chant d’un oiseau)
 L’image s’abîme
 en ondes
 profondes
 Comme un puits
 ou dans le lointain souvenir
 cet embrassement
 Il y a dès l’aube
 cet abandon
 au jour
 - Le corps se jetant dans la mer
 aux cris des envols
 Longtemps après
 nous sommes encore
 traversés d’images
 que le présent superpose
 Comme autant de poèmes
 sur le papier pelure
  
 Des baisers
 Ô des baisers
  
 (Cahier n°15 / 05-05-2022) 
 le poteau de la clôture
 Soudainement l’œil
 regarde sa verticalité
 Le barbelé
 (le mot est plus drôle que sa réalité)
 disparaît quelques instants
 du regard
 Ainsi l’angle de vue
 dispose le monde
 Alors le soleil aussi
 en change l’ordre
  
 NOUS VOULONS D’AUTRES MONDES
  
 (Cahier n°15 / 04-05-2022) 
 Il tarde
 et dans le retard de son apparition
 L’étendue
 s’ouvre à l’infini boiteux
 Au peu d’une lumière
 grise
 arasant la vision
 Il manque une dimension
 Le soleil n’est pas le soleil
 Il appuie en profondeur 
 les espaces
 laissant l’ombre
 déployer son langage
 La lumière est obscure
 Comme le regard
 soudainement
 reconnaît le visage
 Dans le doute
 (ce retard)
 L’inquiétude a touché
 Ton absence
  
 (Carnet n°15 / 03-05-2022) 
 De quelques pierres
 marquées à la craie
 l’ordre se recompose
 Mais l’espace
 entre les pierres
 reste silence
 Et la beauté de la durée
 précieuse
 Rend le vivant
 (ce que n’est pas la pierre)
 imprévisible
 Dans l’espace de ce jeu
  
 (Cahier n°15 / 02-05-2022) 
 Le suspens léger de la branche
 frêle
 dessine l’air
 invisible
 De l’or
 s’y glisse
 Comme la petite démangeaison 
 du poème
 Le soleil
 (toujours toujours toujours)
 frôle
 une feuille
 On écrirait un baiser
 Mais le jour t’emporte plus loin
 sans rien savoir de plus
  
 Lorsque tu fermes yeux
 il reste un visage
  
 Cours
  
 Et le point 
 où s’ouvre ta pensée
 embrasse tous les mondes
  
 Cours
  
 Du frôlement léger de l’air
 apparaît un désir
  
 Ignoré
  
 Cours
  
 (Cahier n°15 / 29-04-2022) 
 Regarde
 l’orange sanguine
 de cette aube-là
 a maquillé de rose
 La paupière cillée du ciel
 Sur ta bouche une étoile
 s'est assise
 Elle relie par son silence
 le jour et la nuit
 Et l’œil
 qui déjà écarte son iris
 devient toute la clarté
 de l’étendue
 On dit
 - Le silence n’est pas assez vaste
 L’heure le déchire
 Je voudrais être là
 où ne savent pas aller les mots
 Pour attendre
  
 Attendre quoi
  
 Je voudrais revoir l’aube
  
 (Cahier n°15 / 28-04-2022) 
 Sur le buffet le soleil
 appuie le rectangle
 de sa fenêtre
 Les statuettes d’Eugène Diwa
 attendent
 Voilà c’est une fête
 qui est là comme étreinte
 On oublie cela
 - L’attente joyeuse de l’instant
 Et de croire tout autant
 à l’envol 
 comme à la chute
 « Je tomberai dans l’azur »
 dit l’oiseau
 Nous
 Nous baiserons à table
 et de rire
 trembleront les arbres
 Aux soupirs laissés
 de notre nudité
  
 (Cahier n°15 / 17-04-2022) 
 A la nervure déployée
 d’une feuille
 Le poème aventure
 sa promesse
 Nous connaissons les images
 l’espace clos de notre imaginaire
 forgeant notre tristesse
 Au jour à l’herbe haute
 A ce soleil
 Il faut tenir
 le point en équilibre
 Chercher la résonnance
 d’une lumière
 et d’un mot
 d’une couleur
 Rappelle-toi nous eûmes des étreintes
 comme des amours secrètes
 Elles furent
 cette insoumission à ce réel
 des heures
 Ainsi le vert
 se tourne à la lumière
 Le jour
 aussi nous libère
 de représentations acquises
 pour suivre à l’inconnu
 L’image qui apparaît
  
 (Cahier n°15 / 26-04-2022) 
 Le goût de l’amer
 reste dans la bouche
 L’écœurement ouvre la poitrine
 Sur la table
 le poème écartèle ses bords
 pour toucher
 la pensée
 Un rectangle de lumière
 s’étire sur le sol
 Avancer
 comme on coupe l’herbe
 à la saison
 Comme on renverse 
 le sort
 ou bien s’obstine
 Ce qui sauve
  
 (Cahier n°15 / 25-04-2022) 
 Depois uma chuvinha
 o sol estende os braços
 Quero partir
 longe
 Fora das palavras furtadas
 Somente sentir a sua luz
 Ficar num lugar quieto
 Até a solidão
 Sabe
 não espero mais nada
 No entanto
 o canto dum pássaro
 pode me levar
 e no tempo de escrever
 já estou outro
 Venha
  
 (Caderno nº15 / 24-04-2022) 
 De la douceur reste
 malgré tout
 toujours la même
 Cette lumière du soleil
 qui échappe au poème
 Se pose dans l’herbe haute
 et déborde l’image
  
 (Cahier n°15 / 23-04-2022) 
 Car ce qui arrive
 et la broussaille herbeuse
 le dit
 La pensée se perd
 comme un souvenir 
 sans étreinte
 Ce jour est non plus sans soleil
 NOUS SOMMES
 D’UNE TRISTESSE INFINIE
 à ne plus rêver que de fleurs
 Ou de révolte violente
  
 (Cahier n°15 / 22-04-2022) 
 La brume incertaine
 tutoie le soleil dans la nuit
 Bien sûr il fera jour
 Bien sûr la route
 apparaîtra
 Mais l’indifférence est telle
 A l’obscurité répond le rêve
 le repli sur soi
 Tout va bien
 On s’habitue
 jusqu’à la solitude
 Jusqu’au cri
 que personne n’entend plus
 Et l'aube 
  
 L'aube vendue sous le manteau
 comme image illicite
 d'un souvenir perdu
  
 Restera comme poussière
 vidée d'une poche
 sur la table
  
 Rendue
 à l'insignifiance
  
 (Cahier n°15 / 21-04-2022) 
 La brume incertaine
 tutoie le soleil dans la nuit
 Bien sûr il fera jour
 Bien sûr la route
 apparaîtra
 Mais l’indifférence est telle
 A l’obscurité répond le rêve
 le repli sur soi
 Tout va bien
 On s’habitue
 jusqu’à la solitude
 Jusqu’au cri
 que personne n’entend plus
  
 (Cahier n°15 / 21-04-2022) 
 A la matière de la lumière
 l’aube 
 loin des mots
 Sculpte sa durée
 en mouvement
 Comme une pensée 
 instable
 et plus légère encore
 que le souffle léger
 de l’air
 La clarté
 laisse apparaître le monde
 semblable au désir
 sur la peau
 La soudaine espérance
 de nager
 Assis à la table
 et regardant dehors
 Loin
 A qui s’accorde à cette heure
 le jour donne
 sa résonnance
 Le mot écrit peut garder son silence
 Et cet amour
  
 Son secret
  
 Le soleil percera les nuages
  
 Le cri des autres enfin
  
 S’entendra
  
 Ô cette clarté
  
  
 (Cahier n°15 / 20-04-2022) 
La blancheur prend le pas
sur le gris du nuage
Le chant de l’oiseau
(celui de l’aube)
ne trouble pas le vert
ébouriffé du jardin
La pensée
cherche son sens
Car la compréhension s’arrête
où s’ouvre l’inconnu
Il y manque l’élan
celui d’une intuition
ou d’un engagement
du corps
- Je ne peux pas ne pas
La clarté différencie les verts
L’oiseau silencieux
portera l’heure
plus loin
Tu restes là
au désastre d’ici
tremblant

Tout restant possible

(Cahier n°15 / 19-04-2022) [note pour Horatio]
Seuls
quelques oiseaux
décousent le regard fermé
sur l’image attendue
Ils traversent
et le jour
qu’ils ont ramené du lointain
allume ses lueurs
Tandis que sur le mur
le calendrier fixe
raconte encore les saints
Dans le mouvement contradictoire
des envols
se dessine l’insaisissable 
des pensées
Comme jadis en aventure
on admirait l’évadé
L'image déchirée laisse voir

Leurs prodiges

(Cahier n°15 / 18-04-2022)
No alvorecer da Páscoa
o sol
apareceu num silêncio
Somente a sua luz
nas ervas altas
Sem palavras
Fiquei um momento
privilegiado
deixando os segundos 
me atravessar
O mundo assim parece tão simples
Fácil 
Queria te escrever
pra fazer daquele dia o seu niver

Mesmo se não fosse
o dia certo
Podermos o marcar 

Em nosso tempo

Vamos fazer uma festa
Vamos ser feliz todo esse dia

(Caderno nº15 / 17-04-2022)
Le rouge-gorge attend les cerises
peut-être
pour conjurer sa peur
A l’heure fixée 
sur l’immuable nausée
des rancœurs
Mais le fascisme
est déjà 
Là
dans les pensées
Dans le ciel d’une aube brouillardeuse
aucune réponse
Et le poème
lui
comme le soleil
Persiste d’exister

Aussi dans la rue

(Cahier n°15 / 16-04-2022)
A la lueur d’une aube
comme s’ouvre un cahier
Le soleil plonge
dans l’herbe haute
verte
humide de rosées
Des désirs et des sexes
la lumière
inonde le perçu
Des images déchirées s’envolent
Ne restent que les corps
épris
d’ivresses et de parfums
D’attentes
A l’étreinte débordante de la nuit
Allez allez vers le soleil
Il s'appelle le jour

Le poème y meurt
à la beauté d’un ciel
A la laideur
vaincue

L'image
se détache du monde

(Cahier n°15 / 15-04-2022)
Dans un très grand silence
quelques pétales d’un cerisier
chutent de leurs fleurs
Et s’ils rythmaient le jour
Ce ne serait plus la durée des heures
mais leur délicatesse
troublante
qu’il faudrait prendre pour mesure
Le monde ne serait-il pas autre
A l’apparition du jour
dit-on
Un oiseau chante
Comme la pensée nécessite un point de vue
et l’œil
Un battement de sa paupière


(Cahier n°15 / 14-04-2022)
 A la bouche 
 du brouillard
 la clarté diffuse
 s’éprend d’un bois
 posé
 de noisetier 
 Une barrière
 Dans le ciel en ascension
 deux pigeons
 s’ébrouent
 y laissant quelques plumes
 à l’envol des heures
 L’herbe haute
 de toutes les nuances du vert
 allonge comme une femme
 un désir 
 de chaleur 
 lumineux
 C’est une puissance étrange
 Le soleil d’un seul coup
 dissipe la brume
 et dans l’échancrure du ciel
 Se perçoit soudainement le bleu
 du poème 
 attendu
  
 Ô voici sans les vouloir
 quelques pensées secrètes 
  
 Vers toi
  
 (Cahier n°15 / 13-04-2022) 
 Comme un reste d’étreinte
 à l’aube
 et que les arbres
 les pierres
 et même les chiens
 te tutoient
 La peau touche l’air
 quand s’enlève
 l’habit
 Alors juste ressentir le froid
 de la nudité
 L’eau très calme
 aussi de la douceur
  
 SE BAIGNER DANS LA MER
  
  
 (Cahier n°15 / 12-04-2022) 
Tenho tempo
essa manha
Quando os vizinhos
estão dormindo
Sinto o sol
como se fosse o primeiro do mundo
O tempo
é a sua duração
Fora dos sonhos
Tenho tempo
E você 
Sabe que faz falta 
a sua presença
Mas deixo na luz
tantas lembranças
desaparecendo
No movimento dum ramo
No verde
duma folha nova
Oferecida pelo seu poema

Tenho tempo

(Caderno nº15 / 10-04-2022)
Comme lavé par la pluie
le ciel
étire son azur
Quelques voix
dehors
s’échauffent au soleil
La lumière est une pièce d’or
dans l’assiette
d’un réveil

Et comme souvent
sans nulle raison aucune
Une joie presque antique
déborde de la table

Un chant
Peut-être le retour d’Oreste

Qui sait
l’éclatement des rires

Dans son écartement 
le jour
prédispose

On rêve d’une fête

Le ciel
et que finisse

Le temps des assassins

(Cahier n°15 / 09-04-2022)
 L’aube est passée
 son trouble encore
 dans les branches du cerisier
 J’écris sur ses feuilles
 en mouvement
 Car rien
 n’est fixe et la pensée
 à l’arrogance des certitudes
 s’ouvre
 A ta main 
 la caresse d’une fleur
 Comme s’oublie le sentiment
 Alors le monde change
 Le réel se perturbe
 Pense pense
 à cet embrassement
 Au devenir au-delà de toi-même
 dans la nuit
 Je ne sais de quelle couleur 
 sont tes yeux
 Et dans le jour
 « acalmé »
 Je vois ton regard
 à la translucidité
 de l’aurore
  
 (Cahier n°15 / 08-04-2022) 
Des aubes
à la lumière étrange
presque grise
Personne ne viendra ici
Comme d’un goût de métal
le ciel se recrache
Et malgré tout encore
Le chant d’un oiseau
(ce jour-là)
transforme l’image
Ainsi le point
l’infime
Désordonne
l’immuable

(Cahier n°15 / 06-04-2022)
D’une attente
tel le geste le plus simple
d’un regard
Au dehors
La lumière triste des jours
épouse
l’écorce d’un arbre
éprise de lierre
Quand la gorge d’un oiseau
à la cime 
s’écrie
Dans le silence qui suit
d’autres dessinent
l’éphéméride du ciel
Ainsi des embrassements
proches
A l’inconnu de l’instant
quand des lèvres
se touchent
(Cahier n°15 / 05-04-2022)
 Un soleil
 dans une poche trouée
 Laisse l’ombre
 à son éclat
 Dans l’herbe toute haute
 qui se couche
 Et l’éclatant désir
 (le froid a passé)
 de provoquer l’heure
 Alors pour rien
 Seul et dans l’oubli des dehors
 s’impose le tutoiement
 En égales pensées
 de tout ce qui
  
 Respire
  
 (Cahier n°15 / 02-04-2022) 
 Il a neigé hier
 juste pour rire
 Et l’envol
 tourbillonnant des volutes
 sculptait
 le temps
 comme dans tes mains le poème
 Le morceau 
 de bois
 ou encore l’impatience
 Il a neigé hier
  
 De quelques pensées 
 la blancheur
 a rougi quelques joues
  
 De froid
 de joie
  
  
 (Cahier n°15 / 01-04-2022) 
 Comme se désagrège
 la nuit
 en lueurs
 L’oubli
 laisse ressurgir
 Ses images
 A l’abandon des étreintes
 comme on mange
 du soleil
 ou le simple repas
 Quelques mots
 traversés de pensées
 Le jour
 est un embrasement
 toujours
 Sur la peau la brûlure
 de se dire encore
 Tu es là
 Et dans l’azur laiteux
 des tristesses
 le cri des oiseaux
 inonderait
  
 Le ciel
  
 (Cahier n°15 / 31-03-2022) 
 De quelques fleurs
 devenues feuilles
 et jusqu’au poème
 Ce « sourire du vent »
 Si loin de l’arrogance
 la douceur étonne
 Dans le ciel qui devient
  
 Comme neige
  
 (Cahier n°15 / 30-03-2022) 
 Le jour tremble
 Comme en inquiétude
 toute action paraît vaine
 En apparition
 la clarté
 dessine 
 les pierres et les arbres
 les maisons
 les jardins
 Et toute l’activité humaine
 en équilibre 
 sur le rebord de ce doute
 Ce qui aussi
 est beau
 Comme vacille à l’œil 
 l’image
 toujours différente
  
 Échappe à ta raison
 Ce qui la rend 
 nécessaire
  
  
 (Cahier n°15 / 29-03-2022) 
 Dans les mots du déjà
 la lumière 
 invente l’instant
 Au désarroi
 les poèmes se ressemblent
 Ils disent d’autres poèmes
 le monde nous échappe
 La clarté
 accroche quelques feuilles
 naissantes
 Ou bien le rire 
 d’un enfant
 Combien de secondes
 cette joie durera-t-elle
 Le matin déplie sa candeur
 à la beauté d’une image
 qui « déjà » n’est plus
 Et pourtant et pourtant
  
 Je ne t’avais jamais vue
  
 (Cahier n°15 / 28-03-2022) 
 Se trata dum domingo
 igual ao outro
 fora daquela luz
 do sol
 Que me conta sua história
 uma história sem palavra
 Somente a duração 
 do tempo
 que se abre
 Antigamente teria pôr 
 o meu coração 
 sobre uma pedra
 Aquela do Drummond
 como uma armadilha
 para te atrair
 Mas hoje ninguém mais
 se liga com a poesia
 Então vou deixar
 esta luz
 me atravessar
 e levar as minhas esperanças 
 longe
 Remoto de nós
  
 (Caderno nº15 / 27-03-2022) 
 Dans les bras
 même à la fierté
 du soleil
 Les insectes se réveillent
 On murmure des extases
 Et le jour se tisse
 de toutes ces matières
 Un « partage du sensible »
 d’où s’écarte le poème
 donnant chair
 à cette pensée
  
 Une manière de dire
 s’écarte d’une manière de voir
  
 Dans la blancheur 
 d’un oubli
 (le reste du monde)
 Le désir simple
 d’un baiser
 au grain de la peau
 Comme on garderait
 la lumière
 entre les mots de l’espace 
 silencieux
  
 Du cahier refermé
  
 Adressé
  
 (Cahier n°15 / 26-03-2022) 
 Ô
 comme à l’instant
 du trouble
 J’affirme mon ignorance
 Le point
 c’est le soleil
 En fermant les yeux
 Je vois
 sa chaleur dessiner
 derrière mes paupières
 Des mouvements étranges
 Des images comme de la vie
 au microscope
 Les cellules
 L’inquiétude ne disparaît pas
 (surtout pas)
 Elle se noie
 A l’apparition
  
 D’un oiseau
  
 (Cahier n°15 / 25-03-2022)  
 De l’inlassable
 que tu ne peux saisir
 mais regarder
 D’une heure
 lumineuse
 comme frétille
 ce baiser
 au goût d’une lèvre dite
 Et qu’il faut ressentir
 à la fleur de la peau
 toute entière
 Alors la pensée apparaît
 comme poème
 Se tisse d’une lumière un regard
 Monde
 Juste l’écart de l’inusité
 Apparaît l’improbable
 Insaisissable aube
 qui en génie
 transforme
 le jour
  
 (Cahier n°15 / 23-03-2022) 
 En éclats de rires
 le jour
 débarbouille ses rivages
 Ce soleil est grec
 et sa joie
 nous échappe
 Puissent nous traverser
 ses morceaux de lumières
 Comme taches éparses
 elles jouent aux ombres
 C’est une fête
 (malgré malgré)
 Puisses-tu y accrocher 
 ta pensée
 Comme vole dans le ciel
 un amour
 Qui ne peut être retenu
  
 (Cahier n°15 / 23-03-2022) 
 D’une incroyable légèreté
 ce ciel
 se teinte de rose
 Ou peut-être de rouge
 devenant un nuage
 Quelques assiettes
 sur une grande table
 Ce jour-là déborde déjà
 du poème
 par ses couleurs
 Qui sait
 si les fleurs
 ne ressemblent pas à l’aube
 Au sang
  
 Jusque dans notre cœur
  
 (Cahier n°15 / 22-03-2022)  
 Au pli du toit
 sous le ciel
 Nous sommes restés longtemps
 Nous goûtions la douceur
 (Les fleurs de cerisiers)
 de l’après-midi
 Les heures descendaient
 jusqu’à l’épuisement 
 des mots
 des désirs
 Alors
 dans le lointain crépuscule
 et presque malgré nous
 De la beauté
 marquait le silence
 comme impression

 Nous n’aurons plus jamais sommeil
  
 La nuit
 sera notre espérance
  
 (Cahier n°15 / 21-03-2022) 
 Há a primavera
 que vem apesar de tudo
 A luz daquele sol
 tímido
 tá como um beijo
 Lembre
 um momento na sua vida
 raro
 abandonado num desejo
 sem preocupações
 Uma alegria de ser
 alguns minutos
 Como a gente poderia imaginar 
 a vida
 simplesmente
  
 Venha
  
 (Caderno nº15 / 20-03-022) 
 Voici comme présent
 l’immense détresse
 des jours
 Quelques poèmes n’y suffisent 
 pas
 Nous tenons sur le bord
 à peine
 Quand d’autres s’agitent
 - Ils font le monde
 dit-on
 Alors
 nous regardons le soleil
 debout
 Les mains dans les poches
 à la lèvre
 un désir
 Celui de renverser
 tout ça
 Nous l’inventerons ce monde
 non pas pour « finir »
 comme on dit
 Plutôt pour commencer
 
 
 
 En beauté
 
 Et la largeur du ciel
 ne sera qu'un début
 
 (Cahier n°15 / 19-03-2022) 
 Comme en écartant les bras
 à l’inverse de la prière
 Le souffle
 allume le jour
 Et l’oiseau traverse
 Et l’arbre apparaît
 Et Bohumil Hrabal
 sur le rebord de sa fenêtre
 La joie forgée
 de quelques débris
 ramassés
 Sur le revers du doigt
 l’encre
 du poème qui ne s’écrira plus
 Mais la pensée
 vers toi
 Comme « Noces
 dans la maison »
  
 Car la lumière parfois
 est aussi 
 comme un baiser qui s’envole
  
 (Cahier n°15 / 18-03-2022) 
 Soudainement
 dans l’espace d’un silence
 tu écris
 (encore)
 Telle cette image qui fut donnée
 au crépuscule
 Et qui persiste
 Quelque chose reste
 d’un amour
 d’un désir
 et même d’une perte
 Un objet
 manquant qui fut donné
 ou encore l’instant
 d’une étreinte
 Comme cet or vieilli
 pris dans les cieux 
 aux branches du soir
 Capturé
 Il est incroyable de voir
 et de se dire que de la pensée
 naît
 Indifférente à ce qui est vu
 mais consubstantiel
 à la matière 
 de ce qui est perçu
  
 Ô
 comme nous avons d’espaces
  
 (Cahier n°15 / 17-03-2022) 
 A la couleur sable
 de l’aube dépassée
 le ciel
 Laisse aux mésanges
 le goût sucré
 des fleurs
 A le regarder
 un irréductible surgissait
 Un sentiment
 aux yeux rougis
 de poussière
 D’insomnies
 Nous voulons un autre monde
 comme la pâleur de cet ocre
 embrasse l’océan
  
 NOUS AIMONS
  
 (Cahier n°15 / 16-03-2022) 
 Il y a un peut-être
 qui reste
 Comme le vêtement 
 oublié
 sur la barrière
 Qu’un autre viendra
 chercher
 Peut-être
 Ma grand-mère attendait
 des heures
 derrière une fenêtre
 Elle parlait
 seule
 Je l’écoutais en cachette
 saisissant quelques mots
  
 « Peut-être nous irons
    Peut-être tu viendras »
  
 Le poème est le lieu
 du peut-être
 aussi
 de nos disparitions
  
 La joie si fragile 
 des fleurs
 ou alors ce baiser
 presque dans l’escalier
  
 Sans savoir si 
 peut-être
 nous nous reverrons
  
 (Cahier n°15 / 15-03-2022) 
 La branche tremble
 sous le poids d’une fleur
 L’image délicate
 d’un mouvement
 apparaît
 dans le miroir du poème
 Tu remets tes cheveux
 Une mère une fille une amante
 Dans le geste
 il y a toute la lenteur du monde
 oubliée
 Comme l’heure
 étirant un souvenir
 Celui d’images persistantes
 aspirant à durer
 Dans le revers trop étroit
 de ce présent esseulé
  
 Le futur déjà vient déjà crier
  
  
 (Cahier n°15 / 14-03-2022) 
 Il y a cet élan
 l’aube toujours
 Hé hé
 Alors le soleil se baigne
 dans une mer
 L’herbe haute
 scintille encore
 de cette pluie
 de la nuit
 La question se retourne
 Elle n’est plus comment espérer
 Mais comme l’heure
 ouvre 
 ta pensée
 Que de beauté ou de laideur
 de tristesse
 ou de joie
 Tu tiens dans ta main
 cette pierre
 En la serrant
 tu entendras
  
 Mon cœur
  
 (Cahier n°15 / 12-03-2022) 
 A la mesure
 du poème
 Comme vent
 ou pluie
 A l’hésitation d’un mot
 - Reviendras-tu
 Le travail avait forgé
 des heures
 jusqu’au sommeil
 On parlait de destruction
 des gens mouraient
 La télévision orchestrait la douleur
 Quoi d’autre
 Quelques oiseaux
 s’envolent dans l’interstice
 A hauteur d’une respiration
 nous voulons vivre
 Quand tout sera fini
 Quand tout sera fini
 
 Que restera-t-il 
 comme vie
 Quand tout sera fini
 
 
 
 (Cahier n°15 / 11-03-2022) 
 Le café se réchauffe
 et l’aube déjà morte
 Dans le ciel
 on redécouvre la peur
 J’ai eu des nouvelles 
 de Ksenia
 L’herbe frémit
 au déjà dit
 Tout ne va pas bien
 Mais il reste des peut-être
 il reste des incertitudes
 Le malheur non plus
 n’est pas sûr
 dit-elle
 Des emails se croisent
 De l’histoire
 surgit
 
 
 
 (Cahier n°15 / 09-03-2022) 
 Le ciel devient rose
 à l’apparition des bourgeons
 du cerisier
 A cette heure d’aube
 où boivent les oiseaux
 Une résonance est possible
 un accord donné
 au reste du jour
 Le poème devenu
 cette parole tenue
 Comme le pas d’une vieille
 d’un enfant
 d’un souvenir
 Dans l’interstice
 naissent d’autres mondes
 Des regards
 Ceux-là ont l’humilité 
 de ne pas comprendre
 ce qu’ils vivent
 L’effroi d’abord
 laisse les yeux rougis
 eux aussi
 Comme le ciel
 le cerisier
 ou le goût resté sur la lèvre
 D’un baiser sans désir
 disant simplement
 l’immensité du temps
  
 (Cahier n°15 / 08-03-2022) 
 D’un jour
 comme hirsutes quelques fleurs
 sauvages
 Au miroir d’une pensée
 sortie des heures
 des informations
 La beauté est partout
 forgée
 aussi du clou
 rouillé
 qui ouvre la plaie
 La main devine
 ce que le regard
 tend
 D’une lumière
 un souffle
 une absence
 Le poème tient
 jusqu’à la seconde d’après
 seulement
 Et alors
 et alors
 L’or du soleil
 répond en écho dans le ciel
 sa blancheur
 Quelques fleurs sauvages
 à tes yeux
 Quelques heures
  
 (Cahier n°15 / 07-03-2022) 
 A idioma
 do poema
 se afasta de ti
 cada vez que fecha
 Teus olhos
 Tão difícil que seja
 seus versos
 Sempre devem ser
 atravessados
 pela luz
 Mesma suja
 mesma triste
 A luz é o silêncio 
 do poema
  
 Não tem idioma
 se não tem silêncio
  
 Hoje
 estou precisando dum poema
 e dum silêncio
  
 Que teria oz força
  
 Dum grito
  
 (Caderno nº15 / 06-03-2022) 
 Inlassable
 à l’inutilité
 de chercher des images
 - Je sais des gens tenir de presque rien
 Le soleil a lavé son visage
 au savon
 sous la pluie
 Sur le peau 
 son désir
 Dans l’éparse des poèmes
 l’écart inespéré
 Ou bien cette tentative
 de vivre
 Son existence
  
 A cela répond
 l’arrogance du monde
  
 (Cahier n°15 / 05-03-2022) 
 D’une trouée
 ou d’un débordement
 le poème
 Altère
 l’ordre donné
 à l’aube qui s’impose
 Quand à l’oblique du toit
 apparaît le soleil
 Comme le silence
 Comme l’effusion
 Ce ne sont pas les images
 qui manquent
 Mais celle
 pauvre
 de leur démembrement
 Notre effroi
 à l’impuissance des heures
 Comme s’échappe
 la pensée
 en mots qui la saturent
 Ce qui manque
 c’est le point
 Ou encore ou encore
 Un peu de cette joie
 qu’enfant
 tu accroches
 au présent
  
 Ô 
  
 (Cahier n°15 / 04-03-2022) 
 D’une trouée
 ou d’un débordement
 le poème
 Altère
 l’ordre donné
 à l’aube qui s’impose
 Quand à l’oblique du toit
 apparaît le soleil
 Comme le silence
 Comme l’effusion
 Ce ne sont pas les images
 qui manquent
 Mais celle
 pauvre
 de leur démembrement
 Notre effroi
 à l’impuissance des heures
 Comme s’échappe
 la pensée
 en mots qui la saturent
 Ce qui manque
 c’est le point
 Ou encore ou encore
 Un peu de cette joie
 qu’enfant
 tu accroches
 au présent
  
 Ô 
  
 (Cahier n°15 / 04-03-2022) 
 Des aboiements
 se déchirent
 des restes de nuit
 En cauchemars 
 laissés sur la table
 Et la douceur d’un ciel
 apparaissant en sa pourpre violine
 MÊME
 jamais n’arrêta
 l’inquiétude
 Alors quoi
 Le battement d’un cœur
 errant
 cherchant la résonance
 d’une onde
 Comme parfois le vent
 d’une risée sur l’eau
 déjoue par sa surprise
 Le fixe de ta pensée
 Ou peut-être seulement
 quand s’ouvre
 La fenêtre du matin
  
 Et que la sensation de l'aube 
 est aussi
 celle
 du jour
  
 Si ténue soit-elle
  
  
 (Cahier n°15 / 03-03-2022) 
 Comme pointe le rouge
 bourgeonnant
 d’un cerisier
 Sang
 A l’écart du monde dit-on
 Mais le monde
 il l’est aussi
 Dans la liste de courses
 j’ai cherché de l’espoir
 Quelques secondes
 Un oubli
 Une mésange jaune
 et bleu
 apparaît
 Le monde est si petit
  
 (Cahier n°15 / 02-03-2022) 
 Comme en beauté
 du silence 
 les mots
 S sont exclus de l’image
 « Nous sommes sidérés »
 A pied hier
 j’ai touché le nuage
 J’ai goûté
 comme un baiser
 le bout de tes doigts
 Rien d’autre
 à l’inquiétude
 que cette part
 Dans le souffle doux
 de l’hiver paresseux
  
 Parfois aussi les mots s’absentent
 de ne plus savoir
 comment dire
  
 Ce qui tremble
  
 (Cahier n°15 / 01-03-2022) 
 Au goût sucré
 des fleurs
 les oiseaux
 Jusques aux rires
 déjouent
 l’inquiétude des rêves
 Ce jour est blanc
 comme le silence
 sans eux
 Des mots 
 bordent sa limite
 l’histoire surgit
 Ils s’envolent dans le ciel
 défaisant 
 ses murmures
  
 (Cahier n°15 / 28-02-2022) 
 A consciência do tempo
 quando você pode
 sentir
 O movimento das coisas
 O sol na mesa
 suas sombras
 O calor
 até os ossos
 Estamos precisando um equilibro
 entre uma sensação
 e um pensamento
 Nunca soube
 como viver
 Não sou triste
 mas alegria tá tão volátil
 Mal a sinto que foge
 Cadê você
 Cadê você
 O dia está como um abraço
 e agora vêm
 Tantas lembranças
 Apesar do teu medo
  
 (Caderno nº15 / 27-02-2022) 
 Dans la gelée
 le soleil
 s’est engourdi
 L’herbe blanche
 frémit
 au souffle léger
 et froid 
 du vent
 Dans le lointain
 d’un amour
 il y a une espérance
 Toujours
 Car nous sommes de ceux
 qui n’avons que notre peau
 pour traverser
 Ce temps 
 Sensibles
 Nous sommes alors 
 le soleil
 les fleurs
 mais aussi toute la brutalité du monde
  
 (Cahier n°15 / 26-02-2022) 
 Ici nous écrivons
 des poèmes
 Dans la doublure du ciel
 Bleu
 comme un envol d’oiseaux
 surpris dans une étable
 Ce matin la gelée
 je suis allé chercher
 le pain
 Nous vivons de déboires
 amoureux
 ou encore de comptes
 effilochés dès l’aube
 Nous apprenons des nouvelles
 Tandis que le soleil
 comme une phrase 
 qui ne finirait pas
 dessine sur le mur
 des ombres
  
 A la télévision
  
 (Cahier n°15 / 25-02-2022) 
 De la beauté
 comme apparaissant 
 d'une lueur
 Malgré tout
 malgré tout
  
 (Cahier n°15 / 24-02-2022) 
 Dans le revers des mots
 le silence
 Quelques oiseaux
 immobiles
 ont laissé passer
 le soleil
 Comme pierre
 le temps 
 étire sa béquille
 A l’indétermination 
 blanche
 du ciel
 On suspend son manteau
 On s’assied
 La table est si longue
 qu’on y reçoit aussi
 La souffrance
  
 Quelques vieux
  
 (Cahier n°15 / 23-02-2022) 
 Dans l’aube déjà donnée
 Voici les premières fleurs
 d’une épine sauvage
 Sur le chemin déjà
 chante
 leur blancheur
 Si passager que soit l’élan
 il emporte
 Et la joie
 éphémère
 de l’instant
 Ouvre ta paupière
 quand frissonne la peau
 au toucher possible

 De ce monde
  
 (Cahier n°15 / 22-02-2022) 
 D’un chant de pluie
 dans le matin
 jusqu’à tenir
 l’éclaircie
 La voix s’est tue
 Le soleil
 J’ai bu le café
 Quand il s’est assis
 Tous deux
 Nous pensions 
 au Congo
  
 (Cahier n°15 / 21-02-2022) 
 Perco tudo
 Fora do movimento
 das sombras
 deixadas pelo sol
 na mesa dos poemas
 Pouco a pouco 
 me torno o vento
 Mateira do tempo
 Erva grande
 deitando
 Me traino 
 pra ficar
 Uma aparição da luz
 Na verdade
 só apercebo-me
 que estou
 te esperando
  
 (Caderno nº15 / 20-02-2022) 
 D’une ligne
 en pensée
 L’aile de l’oiseau
 s’est ouverte 
 au soleil
 Et nos embrassements
 à la joie
 des appels
 L’inconnu 
 des étreintes
  
 On se demande alors
 Qui a volé le monde
  
 (Cahier n°15 / 19-02-2022) 
  
 L’aube est loin
 comme la main
 cherchant une pensée
 Le vent
 résiste en paroles
 creuses
 Sur la table délaissée
 Jadis
 nous aurions vu 
 apparaître UN SOLEIL
 le col de son manteau
 relevé sous la pluie
 Dans le reflet de la vitre
 sa solitude se briser
 Comme les verres 
 d’alcool
 bus
 aux Illuminations
 Dans le lointain des clartés
 il nous reste l’attente 
 alors infinie
  
 Le poème
  
 La joie intacte
 d’un désir
 Là où fut laissé
  
 Son manteau
  
  
 (Cahier n°15 / 18-02-2022 
 Se murmure en beauté
 la nuit
 Ce manteau d’encre
 du poème
 Lorsque tu es partie
 j’ai gardé ton regard
 Comme pierre
 précieuse
 d’une étoile
 Depuis le gouffre
 le cri sourd
 - Nous étions déchirés
 Jusqu’à l’apparition
 des couleurs
 bleutées de l’aube
 Je ne crois en rien d’autre
 Et dans la joie d’un rire
 l’oiseau s’envole
 Car j’étais trop fragile
 aussi
 pour être triste
 en durée
 jusqu’au soir
  
 (Cahier n°15 / 17-02-2022) 
 J’ai écrit des baisers
 à la douceur de ta bouche
 Le sentiment
 était
 souffle
 Comme on ouvre un regard
 Peut-être la douceur
 peut-être la douceur
 Notre représentation 
 du monde
 est langage
  
 Sur ta lèvre 
  
 (Cahier n°15 / 16-02-2022) 
 Comme deux corps
 serrés
 Des nuages
 striés dans la lumière
 étendent leur drap
 à l’infini du ciel
 L’aube les sépare
 au sentiment
 petit
 d’être seul
 La beauté devient comme une mer
 L’étendue
 allume
 en clartés
 Des radeaux de pensées
  
  
 (Cahier n°15 / 15-02-2022) 
 Le bleu de l’aube
 fut lavé par la nuit
 La pluie
 Comme on traverse un champ
 a laissé
 son miroir
 L’attente s’y est posée
 Jusque dans le murmure
 de la vie
 s’est glissée
  
 (Cahier n°15 / 14-02-2022) 
 Se tiver tempo
 na solidão dos dias
 Não faça nada
 Deixe
 o vento
 atravessa-te
  
 Você sente
  
 (Caderno nº15 / 13-02-2022) 
 Sous le pli
 du soleil
 Le gel
 brillait comme l’eau
 au désarroi de l’absence
 La lointaine rougeur
 d’une lèvre
 L’herbe haute malgré l’hiver
 Comme temps
 laissé à l’écriture du poème
 Restait la durée
 Ce n’était pas le souvenir
 - On s’en fout
 Mais la matière du ciel
 renversé sur la table
  
 (Cahier n°15 / 12-02-2022) 
 De l’obscur le plus profond
 cette nuit
 dessine des jardins
 Aux ombres
 en majesté de quelques arbres
 Des rêves
 s’accrochent aux squelettes
 Des images
 révèlent des pensées
 qui redeviennent
 Images
 Le noir se dissipe
 Le jour
 n’est pas encore le jour
 Il n’est que 
 poème
 Une suite musicale
 s’écartant du silence
  
 (Cahier n°15 / 07-02-2022) 
 Por aqui
 está frio
 Frio de domingo
 Quando sente
 o afastamento dos outros
 sem sequer saber
 o que você quereria
 Fora um pouco 
 do sol
 Da sua luz
 e do calor dum beijo
 Escondido 
 numa lembrança pobre
 De repente um retrato
 rasgando o presente
 pra queimar
 essa realidade
  
 (Caderno nº15 / 06-02-2022) 
 Au rideau tiré
 de l’aube avancée
 l’or
 Comme en mémoire
 des jours lointains
 Éclaire
 aux interstices laissés
 Un morceau de terre
 Le rayon est oblique
 il traverse la pièce
 Ainsi le soleil
 Frôle
 de l’épaule d’une statuette
 à la fenêtre
 jusqu’à son ombre
 sur le mur
 Ce qui nous sépare
 du présent
  
 (Cahier n°15 / 05-02-2022) 
 Aux embrassements de l’aube
 quand paraissent
 dans le déjà
 les pointes bourgeonnantes
 Des fleurs
 Les pluriels se tendent
 en devenirs éparses
 de pensées
 La beauté se trouve
 là
 Rencontres inédites
 à la violence aussi
 des désirs
 Quelques étreintes
 longtemps après
 restées sur la peau
 réapparaissant
 comme images
 à la simple sensation
 d’un éveil
 La nuit est hiver
 et la morsure
 blanche
  
 Comme la voix
  
 (Cahier n°15 / 04-02-2022) 
 Nous manquions de beauté
 et l’absence
 dessinait son attente
 aux frémissements
 d’un contour
 De l’encre
 arguée de ciel
 ou juste d’un élan
 Courir dehors
 à l’appeau de la pluie
 Cette intuition
 Tu es là
 et le mot
 qui tombe de tes yeux
 sur ton cœur
 Fend le bois
 comme la hache
 Ainsi apparaît
 La béance
 L’improbable
 Une couleur
 Le chant inattendu d’une voix
 ou déjà le presque
 d'une pensée
 Nous manquons de beauté
  
 Et je n'ai rien d’autre
 à chercher
  
 (Cahier n°15 / 03-02-2022) 
 Au lointain d’une étoile
 la blessure
 rouge de sang
 des baisers troués
 teinte l’aurore
 comme jamais
 VISIONS
 Je le dis ici
 Nous manquons d’images
 La nuit est comme une pierre
 et la durée
 comme le drap froid 
 qui enserre 
 le corps
 du sculpteur
 muet
 Nous assistons
 à l’effusion du réel
 acheté
 à prix de haine
 Reste du silence
 à l’étal déserté
 Même le cri ne s’entend plus
  
 Nous dessinons notre absence
 au carmin
 des poèmes
  
 Voyageons
  
 (Cahier n°15 / 02-02-2022) 
 Dans l’herbe haute
 on devine le chemin
 pour aller chercher le bois
 Un jour quelconque
 sur le gris
 posé
 à l’inverse du ciel
 Ici l’espoir 
 n’est plus d’aucune utilité
 A l’idée des choses
 la durée dépliée
 des instants
 suffit
 Même parfois
 à fissurer l’opaque
 obtus
 des habitudes
 Il y a l’odeur du lait
 et soudainement aussi
 son renversement
  
 Sur le feu
  
 (Cahier n°15 / 01-02-2022) 
 A l’aurore mouillée
 d’eau
 Le ciel
 comme lavé 
 de regard
 Une nuance de vert
 apparaît
 Ô aube
 Toujours
 toujours
 à cette même heure
 acharnée
 Quelques fils seulement
 tiennent
 ma pensée
 Un poème cherché
 dans le lavis silencieux
 des oracles
  
 Comment répondre
 à l’arrogance du monde
  
 (Cahier n°15 / 31-01-2021) 
 O dia seguinte
 vi a luz da madrugada
 abrir a janela
 Abrir
 Fiquei assim
 olhando fora
 sem fazer nada outro
 Já disse que gostava a luz
 Ela é o meu remédio
 também as minhas viagens
 Penso no seu corpo
 no sol nascente
 Vamos descansar na praia
 do Canto Verde
 Ceará
 Venha comigo
 estou te esperando
 Atraz naquela janela
 atravessada pela luz
 desse dia
  
 (Caderno nº15 / 30-01-2022) 
 Du jour 
 comme matière
 la lumière
 baigne
 quelques oiseaux
 Ce baiser sur la peau
 reste
 Orientant la vision
 Des mondes
 - des mondes
 et l’embrassement qui l’accompagne
 Comme j’ouvrais la fenêtre
 à l’air frais
 de l’hiver
 Ô
 Nous étions
  
 Invulnérables
  
 (Cahier n°15 / 29-01-2022) 
 A l’invisibilité
 le nuage
 prenait l’aube
 Au loin l’aboiement
 Dans ce brouillard
 de pensées
 Trouver une pierre
 La table où s’écrit 
 le poème
 Ce sont quelques heures
 Nous sommes 
 devenus du ciel
 Comme un oiseau
 Un oiseau goûterait
 l’eau
 perlée
 de la pluie
  
 (Cahier n°15 / 28-01-2022) 
 Dans le presque
 silence
 cette aube-là
 appuie son front
 sur le matin vertical
 Des oiseaux en nuées
 lointains
 s’éparpillent
 Nous sommes restés encore
 car finalement les mots
 nous avaient
 trompés
 La sensation était tout autre
 Cette douceur infinie
 comme exilée
 A la branche nue d’un hêtre
 la lumière
 Comme se perçoit
 un sentiment
 Le pré-apparaître est un espace
 et toujours cette image
 dans le coude
 du monde
  
 Ton épaule
  
 (Cahier n°15 / 27-01-2022) 
 D’une image
 la lente
 très lente apparition
 du monde
 Quelques instants
 se déjouent
 ses autres représentations
 Le poème est le cœur
 L’aube écrite
 est une image
 figée
 Elle rejoindra
 les autres
 posées les unes sur les autres
 dans le cahier
 Rangées
 Disparues
 Mais l’image apparaissant
 Son mouvement
 touche la fausseté du monde
 son arrogance
 à se dire
 Monde
 Comme si la vérité pouvait être
 écrasement
 D’un surgissement 
 le jour
 et la seconde qui le suit
 Respire
 Comme le souffle
 du chevreuil
 si proche
 Près
 si près
 Ah
 Si l’on pouvait choisir
  
 Son miroir
  
  
 (Cahier n°15 / 26-01-2022) 
 D’un nuage
 juste la pensée
 car
 le feu s’éteint
 Comme un éloignement
 Ce ciel étoilé fut rare
 De ses brisures
 une image apparaît
 Un scintillement
 Alors regarder la nuit
 dans le froid
 Ainsi du suspend
 d’un regard perçu
 ou encore du poème
 La pointe d’une obscurité
 comme lèvres
 Un baiser dans le noir
  
 (Cahier n°15 / 25-01-2021) 
 Un ciel
 translucide
 diffuse une clarté
 dorée
 Des restes
 recouvrent en angle
 l’herbe blanchie
 par le gel
 Comme matière
 une vapeur de lumière
 inonde
 la vision
 Le soleil luit
 sans que l’on puisse
 en rêver
  
 La mesure
  
 (Cahier n°15 / 24-01-2022) 
  
 Vou estender
 os meus braços
 até os seus sonhos
 Vamos fender
 a realidade
 Abrir os caminhos
 dum desejo seu
 Pois preciso dum tempo
 lento
 Pra acariciar 
 a pele do mundo
 O movimento
 das nuvens parecendo 
 um pensamento
 desconhecido
 Ou como diria o Pessoa
 Acho que estiver possível
 Sentir
 com seu mente
  
 (Caderno nº15 / 23-01-2022) 
 A cet instant
 toujours
 je vois ton visage
 L’aurore écarte ses doigts
 Tes yeux
 prennent sa couleur
 Quelques secondes
 Tous les poèmes sont inutiles
 tous les souvenirs
 comme les hommes 
 meurent
 Mais de l’étrangeté
 reste
 Celle d’une joie
 rageuse
 qui en beauté
 déchire 
 ton désespoir
 A l’ignorance
 de ce qui malgré tout
 peut-être
 prolonge ta vision
  
 Tu es l’aube
  
 (Cahier n°15 / 22-01-2022) 
 Après que ce tout
 de la nuit
 se brise
 Les miroirs mentent
 à l’aube
 Ils sont le faux du monde
 et toutes leurs représentations
 s'effondrent
 Pourtant il reste du rêve
 comme un désir
 de peau
 au désespoir de nulle attente
 Cette persistance
 inconnue
 forme visage
 Dans le repli d’un ciel
 tourment d’un arbre
 ou chute d’un oiseau
 Car nous avons eu aussi
 des embrassements
 Et l’éclat
 tel un caillot 
 dans la gorge
 te posa
 Immobile
 Ravissant
 le mouvement 
 des couleurs nouvelles
 d’un amour
 
 (Cahier n°15 / 21-01-2022) 
 Des lèvres
 le murmure
 margelle du silence
 appelle
 Comme troublerait
 l’obscurité
 un feu
 Mais rien
 Les mots tombent
 d’un baiser perdu
 dans le puits
 Et encore
 Ô fuir la clarté
 et le monde
 Comme poème
 déjà disparu
  
 Je vois
 l’aube
  
 (Cahier n°15 / 20-01-2022) 
 D’un écartement 
 de bras
 le ciel
 Une pensée traverse
 La beauté brûle
 en lueurs
 des restes de nuit
 Comme rêves donnés
 à l’aube
 Poèmes
 baisers
 incendiés
 Ce jour
 est un embrassement
 Et dans le lointain
 des amours ou des espérances
 échoués
 comme carcasses
 à l’abandon
 La clarté touche
  
 Ton insatisfaction
  
 (Cahier n°15 / 19-01-2022) 
 Reste dans le lointain
 comme aube
 une pensée
 désirable
 Intacte
 qui même lorsque tout 
 amour
 a fui
 persisterait
 comme lueur
 Une joie stellaire
 comme pierre
 froide
 touchée de la main
 La main
 qui seule
 sait le murmure
 de la sculpture
 Alors cette solitude
 de l’aube
 devient humaine
 C’est-à-dire
 commune
  
 Vois-tu
 Alexandre
  
 (Cahier n°15 / 17-01-2022) 
 A l’attente
 presque
 irraisonnée
 du jour
 Comme ce papier déplié
 sans nouvelle
 Dans la noirceur
 du bleu
 apparait
 le branchage
 Ce fut un poème
 écrit à l’encre
 Il faut le réécrire
 Un autre jour
 un autre amour
 une autre attente
 Le papier sur la table
 laissé
 aux insignifiances
 de l’apparu
 comme déjà 
 presque
 oublié
 Mais un autre jour
 un autre amour
 Une attente
 toujours
  
 (Cahier n°15 / 12-01-2022) 
 D’un rouge-gorge
 attardé
 le matin d’une pluie 
 fine
 A la délicatesse
 de l’ailleurs
 Rien ne dit le lointain
 si ce n’est son silence
 « Je ne suis pas d’ici 
 mais d’un envol
 prophétique »
 Un chant
 comme un souvenir déjà
 soufflant
 Cette nuée d’oiseaux
  
 Au loin
  
 (Cahier n°15 / 10-01-2022) 
 Me afastei
 tirando a cortina
 pra escrever
 O sol está forte
 demais
 Me afastei
 e no meu poema
 nunca me senti
 tão perto
 de você
  
 (Caderno nº15 / 09-01-2022) 
 Car le sensible
 résiste même
 jusqu’à la folie
 Il s’agirait alors d’une apparition
 - Une autre image
 Chercher dans le monde
 des sommaires
 Une table de matières
 vives
 As-tu déjà
 aimé sur une table
 Et le rapprochement des cœurs
 Viandes
 à l’étal des désirs
 Il pleut
 la terre s’engorge
 Et déjà quelques arbres
 ont leur soif
  
 DE SOLEIL
  
 (Cahier N°15 / 07-01-2022) 
 A l’immensité
 du ciel
 comme de la joie
 Les nuages
 traversent
 des morceaux de regards
 L’époque
 petite
 a vidé son temps
 comme bassine
 Mais après
 après
 Un éclat de soleil ne suffit pas
 Une main
 non plus
 Que faire de l’immensité ressentie
 à l’étroit des discours
 On rêve d’une pluie
 d’orage
 à la pointe violette
 Ou encore d’une fleur
 D’un amour improbable
 ou seulement peut-être
  
 d’une révolte 
  
 (Cahier n°15 / 06-01-2021) 
 Aux lueurs aux lueurs
 comme feu
 A l’instant même
 de cette aube
 A ce point
 où sur une corde
 un homme dansait
 C’est cela la mesure
 Quelques étoiles dans le ciel
 de la nuit
 Et la vie n’est autre
 qu’en éclats
 Le nom donné
 à ce qui les relie
 même
 lointainement
  
 Aux lueurs
  
 (Cahier n°15 / 05-01-2022) 
 A la profondeur
 de la nuit
 Le silence 
 mesure notre attente
 Cette simplicité
 de l’aube
 Quand rougeoie la pensée
 aussi
 d’entendre le chant
 du premier oiseau
 ou bien celle (la même)
 de renverser ce monde
  
 (Cahier n°15 / 03-01-2022) 
 Quelques heures
 comme offrande
 la nuit
 d’une veille sans attente
 L’obscurité
 sans frontière
 La mesure 
 seule
 d’une respiration
 Imagine
 J’entends la plante
 l’animal me comprend
 Et dans l’indécise matière
 la pensée
 Ouvre
 ton cerveau
  
 (Cahier n°15 / 11-12-2021) 
 J’ai touché
 le grain de la peau
 du ciel
 Au regard de la nuit
 comme
 une main aveugle
 devinant les contours
 Dans le noir
 j’ai perçu ses couleurs
 Refusant la nausée de l’époque
 Les sens ont ouvert
 ma pensée
 Le réel est plus vaste
 le réel est plus vaste
 Le bleu comme l’eau profonde
 Le sentiment
 Ou encore 
 cette ligne dessinée du regard
 Sous ton œil
 devenant
  
 L’horizon
  
 (Cahier n°15 / 10-12-2021) 
 En étirant le rose
 jusqu’au violet
 L’aube
 dessine des lueurs
 verticales
 Au chant des soleils
 le vent
 traverse les squelettes 
 sifflant
 des pensées
 Comme une veine ouverte
 le ciel à l’infini
 se colore
 On espère 
 on espère
 Que cette fougue nuageuse
 à portée de main 
 laisse sur la table
 - Ce que crie le monde en moi
 un peu
 de sa brûlure
  
 On espère
  
 (Cahier n°15 / 09-12-2021) 
 Aux couteaux
 aiguisés sur des pierres
 La lampe redessine des ombres
 oubliées
 Ils reviennent
 étrangers à la nuit
 et au jour
 Un vide un chef des aboiements
 Le ciel est une poche vide
 sans aube
 A la craie
 nous dessinons 
 nos appels
  
 (Cahier n°15 / 07-12-2021) 
 La matière de l’obscurité
 dans l’absence du sommeil
 sculpte 
 par des restes de rêves
 L’apparition d’images dénuées de sens
 Je ne veux plus voir
 Je ne veux plus voir
 Entre elles s’enlacent les jambes
 comme pensées et désirs
 Elles écartent la nuit
 J’ai ressenti la durée
 par le déploiement des sens
 Et le jour
 car il faut bien aussi qu’il vienne
 a gardé dans l’invisibilité du ciel
 Ses étoiles
 Ainsi l’aube
 laisse les corps séparés
 dans son peut-être
 à bientôt
  
 La lueur reste du rêve
  
 Je peux regarder tes yeux
  
 (Cahier n°15 / 06-12-2021) 
 J'ai regardé cette aube grise
 Détrempés
 sont les murs
 sales
 La durée a déjoué 
 la vision
 J'ai aussi vu le vert
 La joie est grandiose
 non par dépit
 Dans l'écart de la durée
 entre l'œil
 et la pensée
 L'image est autre
 si le point de vue est changé
 C'est cela le théâtre 
 et hop
 A écraser le présent
 le passé est devenu l'avenir
 par manque
 d'imagination
 "Être prêt" au futur
 se dit aussi
 Voici l'onde d'une clarté
 à la résonance 
 nouvelle
  
 Et hop
 du nouveau
  
 (Cahier n°15 / 04-12-2021) 
 
 
 
 
 D’un rectangle de lumière
 suspendu
 dans la nuit
 aux appels laissés
 sans réponse
 Le vent traverse
 Des solitudes se croisent
 sans plus se perturber
 Personne ne se reconnait plus dans ce monde
 Se partage la peur
 l’inquiétude
 La justification personnelle
 de faire pour le mieux
 L’aube se renverse
 comme une assiette sur la table
 Le trait de lumière
 relie le jour
 à l’obscurité
 Quelqu’un pense
 aime peut-être
 Ou se sépare d’un de ses rêves
 L’absence de sommeil
 jusqu’aux premières lueurs
 Qui parle
 Car dans le silence froid 
 de ces solitudes qui se croisent
 d’autres fenêtres se sont allumées
 Des cellules dans le corps
 déjouent la solitude
 Elles se rejoignent
 à la clarté naissante
 du bleu profond
 Comme l’attente
  
 (Cahier n°15 / 03-12-2021) 
 Sur le vieux séchoir
 le linge
 aussi le soleil
 A l’oblique
 presque touchant la terre
 L’herbe
 détrempée
 L’image ne veut rien dire
 Elle prend le temps
 comme au mouvement
 les nuages
 prennent la lumière
 Seulement
 Je hais les postures
 et le récit des mondes 
 obligés
 Quelques oiseaux traversent
 quelques pensées
 désapprises
 de mes incertitudes
  
 (Cahier n°15 / 02-12-2021) 
A l’élan laissé
du rêve
Poursuivi
dans le jour
- ouvert comme une porte
J’ai éteint les informations
par défaut
L’aube
(encore grise)
a nourri la table
et d’un poème gravé
dans son bois
La chaleur
d’un thé
jusqu’au redéploiement des heures
a tissé le sensible 
de la perception


Du rêve
apparaît le réel


Avant même qu’il ne se nomme


(Cahier n°15 / 01-12-2021)
 Comme au frottement
 de deux corps
 la lueur
 Étend le ciel
 à la peau
 L’infini déployé du sentiment
 On le dit
 un embrasement soudain
 a déplié 
 le jour
 Aux frôlements des regards
 le désir
 quitté la nuit
  
 Brûle
 brûle
 les feuilles des poèmes
  
 L’image est ce qui vient
  
 L’amour a tout brûlé
  
 (Cahier n°15 / 30-11-2021) 
 L’attente retrouvée
 D’ici l’heure
 le temps s’est rouvert
 Rien d’autre
 L’écart des secondes
 volé
 dans les veines de l’aube
 rosissant le ciel
 jusqu’aux baisers
 écartés eux aussi
 dans le temps
 Les feuilles se désagrègent
 en nudité des arbres
 Alors de l’or
 du soleil pauvre de l’automne
 à la douceur
 de la peau
 Une brume
 étend son écharpe
 à la longueur d’un champ
 Plus loin plus loin
 et néanmoins être là
 A l’étonnante vision
 l’attente
 toujours aussi touche l’espérance
 De qui de quoi
 de rien
  
 L’espérance
  
 (Cahier n°15 / 29-11-2021) 
 La pluie
 froide
 sur le jour
 gris
 comme pensée
 L’image
 peu à peu
 se désagrège
 laissant apparaître
 par instant
 Une clarté sans cadre
 à travers les nuages
 La peau
 goûte l’eau
 jusqu’aux lèvres
 de ce jour provisoire
 oublié comme vécu
 Lorsque quelques secondes
 seulement
 Traversé
 il n’y a plus d’attente
 Le visage et le jour
 se répondent
  
 Sans miroir
  
 (Cahier n°15 / 27-11-2021) 
 Aux mains
 le ciel
 La couleur
 comme grise 
 et blanche
 perçue
 Lointains sont les embrassements
  
 Des vagues d’écumes
 emportent les nuages
  
 Une pointe de rose
  
 (Cahier n°15 / 26-11-2021) 
 Aux lueurs
 comme espérance
 vaine
 Le silence
 Rien ni personne
 Jusqu’à devenir soi-même
 l’heure
 traversée
 La solitude de la nuit
 Un rêve
 oublié
 Cette insatisfaction
 Dans le matin froid
 j’ai trouvé cette image
 ni visuelle ni sonore
 Une impression dépourvue de mots
 de sens
  
 Fendre la nuit
 comme on brûle
  
 Dans le bois s’éclaire du nouveau
  
 (Cahier n°15 / 25-11-2021) 
 Tout
 jour
 écarte entre ses doigts
 la lumière
 Matière
 de l’éternité
 de l’instant
 A l’infini de l’heure
 comme l’enfant s’ennuie
 à l’histoire racontée
 Je veux vivre
 je veux vivre
 Tout
 jour
 au point de son apparition 
 est royaume
 La main 
 découvre ce rideau de ciel
 Si pauvre
 si pauvre
 Un soleil d’automne
 n’y tient pas
  
 L’enfant sourit
 le monde 
 s’agrandit
  
 (Cahier n°15 / 24-11-2021) 
 Les jambes croisées
 de la nuit
 n’attendent plus le jour
 Quand le monde s’entête
 à imposer ses clartés
 La douceur presque lente
 de l’abandon
 Un sourire
 J’irai ailleurs chercher ton baiser
 Ô aube
 comme on goûte le surgissement
 d’une heure
 ou encore d’un refus
 La beauté 
 referme ce cahier
  
 (Cahier n°14 / 23-11-2021) 
 Dans l’ombre
 portée de l’aube
 De la nuit
 reste
 A la fenêtre se dessine
 le mouvement
 léger
 des feuilles
 sombres
 L’image disparaît
 avec l’heure
 Elle accroche 
 son souvenir
 au cou
 d’un autre langage
 Comme
 à l’envers des indéterminations
 d’autres langages
 se croisent
 Ils tissent des regards
 qui échappent
 à l’ordre donné
 pour fini
 Et dans l’impression perdue
 de la nuit
 Des bras
 inconscients des corps
 qui les portent
 Se resserrent
 Tel
 cet embrassement 
 resté de la nuit
 devenu 
 dans le jour
  
 Cette image
  
 (Cahier n°14 / 22-11-2021) 
 D'une main nue
 dans l'eau très froide
 le cœur
 La nuit avait disparu
 Et comme soudainement 
 l'inquiétude
 Le choc
 J'ai couru dans le jour
 couru
 chercher une autre main
 La tienne
 Au ciel nuageux
 des images
 Quelques secondes
  
 Nous étions le monde
  
 (Cahier n°14 / 20-11-2021) 
 D’un vieil or
 le soleil
 assis dans l’herbe
 effeuillée
 Le jour
 a des allures de soir
 Cette lenteur
 étirée des baisers
 comme lampe
 laissée
 à la lumière d’une étreinte
 Par-dessus le toit
 s’illumine l’étendue
 Se découvre la peau
 la caresse des heures
 à celles
 perdues de la nuit
  
 (Cahier n°14 / 19-11-2021) 
 Des quelques feuilles
 du cerisier
 japonais
 L’oiseau aux ailes
 verticales
 approche
 Le ciel blanc
 comme l’heure
 Ce temps
 s’ouvre
 à l’ouvre-boîte
 On y trouve
 des images déchirées
 Des ruptures
 des lettres écrites
 gardées
 Le passé comme un train
 Et l’oiseau vertical
 disparaissant
 à l’ordonnée 
 Quand près de l’arbre
 il reste 
  
 Cette échelle
  
 (Cahier n°14 / 17-11-2021) 
 Au plus proche
 du souffle froid
 de l’air
 de la couleur
 d’une pierre
 L’arc de l’aurore
 étire son bleu
 de la chevelure des arbres
 Instantanément
 elle marque le ciel
 de sa brûlure
 A la fenêtre restée
 allumée
 La nuit persiste
 en sa pensée
 Quand déjà
 le temps d’écrire 
 est passé
  
 (Cahier n°14 / 16-11-2021) 
 Comme brume étendue
 la nuit disparaît
 dans les incertitudes
 La clarté
 déjà est une tache
 huileuse
 sur le papier
 du ciel
 où s’accrochent des feuilles
 Peut-être
 Peut-être
 A l’image gardée d’un embrassement
 s’avancera le jour
 qui d’une étonnante surprise
 (la ligne d’un trait)
 maquillera tes yeux
 
 
 (Cahier n°14 / 15-11-2021) 
 O dia trouxe 
 uma calma estranha
 Cadê o sol
 Desde a minha infância
 fiquei combinado com ele
 Um acordo secreto
 É por isso que viajo
 Ver o sol
 Assim fui no Brasil
 Assim fui no Congo
 Sabe porque
 Descobri que sobre a linha do equador
 ele estava mais grande
 Simplesmente porque você está mais perto
  
 Já preparei as malas
  
 (Caderno nº14 / 14-11-2021) 
 Regarde
 la nuit profonde
 s’est attardée
 Il nous faut tisser
 la matière même
 de cette obscurité
 Se servir d’étoiles
 et de rêves
 Penser
 Trouver dans les mots
 ce que le jour
 ne dit plus
  
 L’aube nous traversera
 et dans l’espace infini
 de son redéploiement
 Nous garderons
 un peu dans les yeux
  
 Un reste de poussière
  
 (Cahier N°14 / 12-11-2021) 
De la brume
aux quelques feuilles
mortes
Dans la fatigue
l’aube
perd sa matière
Comme s’échappe la couleur
d’un ciel
Ici la solitude ploie
mais on devine
comme en surgissements inattendus
Les cris d’oiseaux
ou bien le souvenir
ou bien l’évènement
qui vient
La qualité d’une lumière
qui puisse nommer
l’heure
le lieu
comme in-séparés
l’un de l’autre
Devenant l'instant du poème
ou de l'embrassement
nécessaire
à la seconde

D'après

(Cahier n°14 / 11-11-2021)
 L’inquiétude
 accélérait le cœur
 La nuit devenait
 Aube
 insouciante
 de sa clarté
 Aux rythmes de son apparition
 dans le silence
 résonnaient les battements
 d’un improbable accord
 Comme cela l’inquiétude
 Dans le gris
 les feuilles
 restés encore sur les branches
 La tension d’une main
 vieille et douloureuse
 à la pensée encore du travail
 lointain
 Quand le corps 
 se disjoint
 de l’image de lui-même
 Le cœur
 le cœur court
 à s’échapper lui aussi
  
 (Cahier n°14 / 10-11-2021) 
 Aux reflets
 (médiatiques)
 qui se reflètent eux-mêmes
 L’aube
 transfigure l’obscurité
 A la lenteur
 des disparitions
 oniriques
 Les rêves
 avant encore que le monde
 ne soit monde
 deviennent le mouvement
 de leur transformation
 Du miroir
 en sa fausseté
 la joie irréductible du surgissement
 Celui de sentir
 que le vivant
 échappe à toute représentation
 Comme de l’étoile laissée
 dans la nuit
 apparaît le nuage
 Rouge
 comme l’était l'orange
 traversant
 l'horizon
 En buée
 une ultime écharpe de nuit
 s'inverse
 dans tes yeux
  
 Mais ce n’est pas une information
  
 (Cahier n°14 / 09-11-2021) 
 Alors voici
 l’aube
 grise comme le bleu
 dessiné
 Nous laissant apparaître
 dans le jour
 Je te vois
 et ne sais rien d’autre
 Car dans l’inexact
 de l’image encore sombre
 l’imagination 
 épouse les contours
 Dans le déséquilibre 
 de l’heure
 se désagrège la nuit
 la minute
 la seconde
 Rien
 ne configure ce temps
 Je cherche l’indéterminé
 ce qui arrive
  
 Ce qui arrive
  
  
 (Cahier n°14 / 08-11-2021) 
 Vamos na Bahia
 como uma ultima vez
 Dormir na praia 
 Acordar-se com o sol
 da madrugada
 Escrever um poema
 na areia
 sabendo que o mar
 irá o fazer
 desaparecer
 Vamos na Bahia
 encontrar gente
 de poucas palavras
 certas
 Porque sempre
 devemos esperar algo
 nessa vida
 As vezes também é bom
 esquecer
 Ser o que vai acontecer
 Vamos na Bahia
 no lugar das origens
 porque foi lá
 que um Deus bêbado
 criou
 os abraços
 Vamos na Bahia
  
 (Caderno nº14 / 07-11-2021) 
 L’encre
 diluée du ciel
 d’eau
 n’est que mouvement
 de la lumière
 Elle détache la fixité
 des yeux
 de l’assignation à voir
 le même jour
 D’un lavis incertain
 troublant l’heure sombre
 Elle devient
 sans le savoir
 l’aube
 Pluvieuse en son écart
 saisi
 Comme la pensée triste
 devinée du regard
 ainsi
 soudainement changé
  
 Ô
  
 (Cahier n°14 / 05-11-2021)
 Des ombres d’arbres
 dansent
 au soleil
 sur la table
 En images perdues
 (aucune mémoire ne les retient)
 Elles partagent
 et l’heure
 et le lieu
 Quelques secondes
 d’un redéploiement 
 sensible
 Ainsi se tisse
 presque invisible 
 le temps
 Invincible
 Celui de nos pensées
 traversées
 Rejointoyées 
  
 (Cahier n°14 / 04-11-2021) 
 En larmes
 étonnées du soleil
 les feuilles
 déjà mortes
 inondent
 le sol
 L’air est presque froid
 Il y a dans le ciel
 cette trace violette
 Je dis
 - c’est une pensée
 D’un rayon qui s’achève
 à traversée verticale
 Un oiseau courageux
 dépare le silence
  
 (Cahier n°14 / 03-11-2021) 
 La veine
 violette du ciel
 laisse
 mourir le nuage
 L’aube sanguine
 affiche sa blessure
 Les bois
 penchés des clôtures
 en attente
 au désarroi des heures
 sont de vieilles croix
 Quand chaque poème
 chaque souffle
 en images pauvres
 envolées
 dessinent une autre seconde
 en larmes de rosée
  
 Ô des étreintes
 ô des mots
 aux heures mortifères
 Pour dire sans fin
 comme on forge
  
 Voici le soleil
  
 (Cahier n°14 / 02-11-2021) 
 Cette fois
 l’attente est vaine
 et rien
 ne vient plus nourrir
 sa promesse
 Que la pluie
 que la pluie
 que la pluie
 Elle traverse le corps
 la pensée
 jusqu’à devenir
 Ce ruisseau
 traversé d’un écart
 de pas
 Comme de rien
 Tout de même
 jusqu’aux bois
 aux écorces touchées
 humides
 embrassées
 Juste
 marcher dans la terre
 mouillée
 - Amoureuse
 dit-on des chaussures
 Je reviendrai m’asseoir à cette table
 le bois du poème
 laissé
 à la noirceur 
 des arbres
 Quelques oiseaux
 sans plus
  
 (Cahier n°14 / 30-10-2021) 
 Alors
 comme sonne
 la pièce
 tombée dans un verre
 Une cloche
 lointaine
 appelle le soleil
 Dans le réveil
 les corps enchevêtrés
 La nuit
 écoute sa clarté
 En monde
 l’image première
 devient une pensée
  
 Jamais
 séparée de son heure
  
 (Cahier n°14 / 29-10-2021) 
 Aux ornements
 légers
 Je ne suis que parure
 - dit l’automne
 Je regarde ce jour
 La table
 a vaincu nos ivresses
 Le matin
 descend d’un ciel
 lointain
 Quand d’une arrogance 
 inouïe
 (les feuilles ont brûlé)
 Je lui défie ses heures
 Ô juste la nudité
 d’un réveil 
 froid
 Mais cet élan toujours
 Non pas d’anniversaire
 DU NOUVEAU
 Forger d’une pierre
 un soleil
 Le bijou
 discret
 d’une offrande
  
 (Cahier n°14 / 28-10-2021) 
 Dans le miroir
 un reflet
 Reflet d’un autre miroir
 sans image
 Reflet de reflet
 les miroirs s’échangent
 aux prix
 des absences de réel
 qu’ils façonnent
 à leurs images
 Sans aube
 Sans soleil
 Sans arbre
 Je ne parle pas des hommes
 Dans le miroir du miroir
 une idée
 fabrique le corps
 tout en le faisant
 disparaître
 Dans la rue
 personne ne se reconnaît
 L’inconnu est idée
 l’amour est idée
 le poème est idée
 dans la solitude des larmes
 quelques brisures
 de verre
 reflètent le ciel
 ignorant de ce temps
 Courant
 Courant
 à l’insaisissable mouvement
 des nuages
 Dans le miroir du miroir du miroir
 reste ton souvenir
  
 Il y a ton visage
  
 (Cahier n°14 / 27-10-2021) 
 Des quelques feuilles
 aux oiseaux
 laissées
 Prises
 en leur vol
 Comme d’une respiration
 s’écrirait
 le poème
 Au frôlement
 des souffles
 l’air devenant pensée
 Il est un espace
 où le mot
 découvre l’intime
 - un petit théâtre du monde
 sans jamais
 se montrer
 Voici comme clarté
 le ventre d’un nuage
 et ces oiseaux
 toujours
 qui cousent et relient
 chaque image
 Cette beauté
 à qui seuls 
 les embrassements passés
 correspondent
  
 Dans le monde présent
 nous percevons 
 notre manque
  
 Nous cherchons des images
 
 
 
 (Cahier n°14 / 26-10-2021) 
 Même emporté
 il reste de la nuit
 Dans le souffle
 le regard
 L’inexorable refus
 de cette clarté
 confuse
 Je reste dans le noir
 au gré de quelques apparitions
 mentales
 Loin de cet ordre
 d’apparat
 La cécité n’est pas
 l’absence d’images
 Je veux seulement
 me décoller de ce monde
 Comme d’un geste
 gauche
 Tenir cette obscurité
 riche encore
 de tous les possibles
  
 (Cahier n°14 / 25-10-2021) 
 Dum céu profundo
 como o mar
 A cor roxa
 das nuvens
 mistura-se
 com uma impaciência
 As aves
 Me sinto desta matéria
 Terra arada
 debaixo da chuva
 Quando o seu sentimento
 surgiu
 Onde começa
 a nossa relação com o mundo
 Onde acaba
 Movimentos 
 intensos
 Até um poema
 temporário
  
 (Caderno nº14 / 24-10-2021) 
 Juste un oiseau
 il goûte le soleil
 L’eau
 à la brillance des feuilles
 a trempé
 l’herbe gorgée
 Dans un geste
 dépourvu de sens
 La lumière déborde
 du jour
 Ta pensée
 si proche de l’embrassement
 démesure le ciel
 Et la table
 où nous étions égarés
 a reçu notre étreinte
  
 (Cahier n°14 / 23-10-2021) 
 Comme fut ce baiser
 la lèvre
 à la peau du soleil
 Étonnante
 en surprise du désir
 traversé
 Cette pensée
 emportée
 vers cette lente ivresse
 A l’inconnu
 Voici
 des embrassements
 des étreintes
 et encore
 Cette joie envolée
 à la tristesse des jours
 quand soudainement
 apparaît
 l’insaisissable possible
 Le goût de la lumière
 sur le buisson de l’aube
 et l’odeur des jasmins
 aux parfums
 suspendus
  
 Voici comme
 apparaît
 baiser
  
 Ton envol
  
 (Cahier n°14 / 22-10-2021) 
L'image juste disparue - je n'ai pu voir l'aube -, j'ai compris qu'elle écartait le temps, et l'espace aussi. Chaque image construite, chaque jour, est comme l'écart travaillé à ouvrir une brèche dans ce présent fermé sur lui-même: le souvenir étant comme le lien entre la perception d'une chose, d'un objet, d'un sentiment quelconque relié à la pensée d'un moment passé; l'avenir dans ce déjà là, qui ignore ce qui vient. J'essaie de travailler, dans le fixe de l'image, à l'apparition d'un mouvement.
 
 
 
 (Cahier n°14 / 21-10-2021) 
 Comme la pluie
 sur le vieux monde
 espère un soleil 
 passé
 Des yeux refermés
 sans chaleur
 ne peuvent voir le jour
 Il pleut
 Il pleut
 sans plus voir
 les lendemains
 Souvent je préfère 
 la nuit
 Jusqu’aux larmes
 Trouver dans ce chagrin
 l’espérance
 d’un rêve

 Aux lointains du présent
  
 (Cahier n°14 / 20-10-2021) 
 Pour R.
  
 Se détachent
 à l’obscur vaincu
 quelques branches
 noires encore de la nuit
 Ce poème est douceur
 à l’indépassable peine
 d’une femme
 n’attendant plus la clarté
 Elle voit
 comme s’égrène 
 chaque seconde
 dans son heure
 Ainsi nous devenons parfois
 la durée
 Nous inventons
 cette espérance du présent
 où se reflèterait
 la lueur
 qui lorsque les yeux
 déliés du passé 
 te montrerait
 aussi
  
 Le jour
  
 (Cahier n°14 / 19-10-2021) 
 Rester dans la nuit
 et se dissoudre
 aux lueurs opportunes
 (Je)
 A l’apparition des couleurs
 des écorces
 ou des dernières feuilles
 Traversé
 par le jour
 à l’arc du corps 
 tendu
 La pensée résonne
 à devenir clarté
 Miroir
 à ne plus savoir
 qui des deux te regarde
 Dans le ciel
 voici l’aube
 Comme poreux sont les os
 des oiseaux
 à l’instant
 Je suis tout
  
 (Cahier n°14 / 18-10-2021) 
 Em pouco tempo
 o sol
 desapareceu
 Parece uma noite
 mas não
 Só o meu desejo de luz
 A minha esperança
 Assim o que não foi
 tornou-se 
 escuridão
 E agora
 estou esperando
 para uma estrela
 Quero ver uma estrela
 no dia sombra
 como a sua presença 
 num tempo
 que não mais imaginava
  
 Escrevo 
 a luz
 como um beijo
 é matéria viva
 Prolongamento do seu olho
 sua mente
  
 Somos
 pedacinhos deslumbrantes
 tanto como
 pedra da lua
  
 Aquela penumbra
 necessária
 para ver
 A chama
 duma vela
  
 Perdida nesse mundo
  
  
 (Caderno nº14 / 17-10-2021) 
 Comme s’ouvre la fenêtre
 l’aube
 déjà enfouie
 pointe aux arbres
 Une lumière dorée
 Il s’agit d’attendre
 quelques secondes
 A peine une minute
 J’ai entendu récemment
 parler de la vie
 d’un fleuve
 Mais qui
 dirait cette clarté
 Traversant les os
 jusqu’à venir toucher
 le revers d’une feuille
 et mourir
 par tes yeux débordés
  
 (Cahier n°14 / 15-10-2021) 
 Comme s’étire
 l’or d’une fenêtre
 à l’espace
 infini de la nuit
 L’aube
 comme un embrassement
 Il reste une impression
 le sentiment chaud
 d’un petit animal
 J’ai souvenir d’un homme
 marchant dans la rue
 les deux mains
 sur sa poitrine
 Il retenait son cœur
 Peut-être d’un débordement
 de vie
 d’un battement de soleil
 Il traversait la ville
 Comme s’étirent à l’infini
 ces lueurs
 Voici le jour
 il démesure le rêve
 de ces surgissements inconnus
 qui frôlent la raison
 lorsque la peau
 sait devenir
  
 Langage
  
 (Cahier n°14 / 14-10-2021) 
 De la matière
 de nuit
 comme habit
 L’étoffe d’un rêve
 à l’endroit d’une table
 Ce noir
 émargé du réel
 où le sensible prend
 la pensée
 Coupe et découpe
 Voici de l’imaginaire
 Là où le monde
 s’égare en fantasmes
 Dans l’obscurité d’un songe
 à la pauvreté
 d’une lampe
 Comme ombre
 l’image
  
 Apparaît
  
 (Cahier n°14 / 11-10-2021) 
 Senti uma vibração
 dentro de mim
 Um pássaro
 atirou-se contra a janela
 Não sei mais
 quem eu sou
 Uma folha branca
 ficando 
 esperar para seu poema
 Um olhar
 adivinhando as formas
 das nuvens
 Um tempo vazio
 uma cansada
 Já ouviu falar
 da leveza
 Aquela dum sol
 frágil
 acariciando sua pele
 O desejo
 A beleza do dia
 que já você sabe 
 indo embora
  
 Para onde
 para onde
  
 Vai
  
 As minhas malas
 já estão prontas
  
 (Caderno nº14 / 10-10-2021) 
 Dans le silence
 et la durée
 les feuilles 
 apparaissent
 Dès lors
 de leur brûlure
 de la saison
 L’ocre
 devient
 le poème
 Plutôt à cet embrasement
 la sensation d’après
 Quelque chose reste
 une idée
 un souvenir
 Cet « en-avant » de l’autre
 qui derrière lui
 changea
 la couleur du ciel
  
 (Cahier n°14 / 06-10-2021) 
 Le travers des arbres
 comme on perçoit le lointain
 Par le rêve
 Cette clarté
 débroussailleuse
 de visions
 Lorsque apparaît
 dès l’aube
 et par la fenêtre
 Cette première
 IMAGE
 déclinant la journée
 - Voici des hommes
 dans le déjà
 du travail
  
 (Cahier n°14 / 04-10-2021) 
 Numa madrugada
 frágil
 O sol
 está tomando um banho
 Nas águas
 da noite
 Daquelas que mudam 
 os sonhos
 Moro aqui
 Vem
 Te mostrarei
 o desejo lento
 duma esperança
 ou mais simplesmente
 Os abraços
 dum pássaro
 atravessando o céu
  
 (Caderno nº14 / 03-10-2021) 
 A l’oblique de la pluie
 j’ai penché 
 la tête
 J’étais joyeux et sec
  
 J'ai pensé
  
 (Cahier n°14 / 02-10-2021)
   
 Des yeux
 cernés
 aux rebords de la raison
 creusent
 dans la clarté animal du soleil
 - Il a déjà disparu
 Une pensée
 L’inconnu est ce qui manque
 Brusquement
 comme l’arbre
 avait commencé à se dénuder
 La peur
 aussi
  
 Disparaissait
  
 (Cahier n°14 / 01-10-2021) 
 Aux éclats
 comme rires
 dans le ciel mordoré
 d’oranges nuageuses
 Le suspens
 d’une image
 A la gravité des paroles
 « auto-faites »
 Souviens-toi
 La légèreté
 rouvre son manteau
 Là sur le cœur
 nous avons tant d’images
 Elles s’oublient dans le jour
 mais surgissent parfois
 A la beauté d’un ciel
 D’un regard
 Ton sourire
  
 (Cahier n°14 / 30-09-2021) 
 Dans l’avancée déjà
 ce n’est plus l’heure
 et nous courions 
 courions
 La clarté s’était
 enhardie
 - J’écarte le monde
 dit-elle
 Et d’une joie inaudible
 (mais patiente)
 Elle habille les roses
  
 (Cahier n°14 / 29-09-2021) 
 D’un devenir ciel
 ma main traverse
 la nuit
 Comme elle remontait
 le drap
 à cinq heures
 Il fait froid
 Et les images
 venues du rêve
 ou de ce jour
 qui progresse
 démultiplient
 les possibles
 L’azur bleuté
 ou le nuage
 Peut-être nous reverrons-nous
 Voici une cohorte
 d’oiseaux
 Je suis l’un d’eux
 Car RIEN
 Si je partais
 Je n’emporterai rien d’autre
 que le soleil
  
 (Cahier n°14 / 28-09-2021) 
 Le vent
 arrache
 l’obscurité
 A son visage de nuit
 la violence
 siffle
 son dû
 Comme en pauvreté
 nous attendons le jour
 Tremblants
 On dit
 le souffle traverse
 Là-bas
 Un carillon de bambou
 éveille
 une partance
 Vers l’Est où le soleil
 Je laisse au miroir
 sa solitude
 Car déjà dans l’encre
 nuageuse
 se perçoit la clarté
 Vieille peau
 mangeuse d’inquiétudes
 On dit
 le souffle nous traverse
 Puisse-t-il
 aussi
 Emporter notre peur
  
 (Cahier n°14 / 27-09-2021) 
 Ele se tornou
 uma nuvem
 Assim quando a chuva
 derrubasse
 o céu
 Pássaros
 azuis
 foram confundir-se
 com o mundo
 Não desaparecer
 Confundir
 Água 
 e terra
 Bichinho na paisagem 
 Fôlego dum beijo
 que na doçura e tristeza 
 de domingo de manhã
 vierem
 consolar-te
  
 (Caderno nº14 / 26-09-2021) 
 Comme
 à l’immense étendue
 d’un dernier soleil
 la chaleur
 prenait les os
 emportant le squelette
 dans une danse
 élégiaque
 La pensée de mort
 était
 nuage
 Telle se percevait
 la fin
 A l’aube d’un matin 
 si calme
 qu’on inventerait une fête
 un amour
 ou encore plus simplement
 le prénom
 d’une cause
  
 (Cahier n°14 / 25-09-2021) 
 Lorsque de rose
 s’habille
 à l’élégance portée
 la délicatesse
 de l’aube
 La peau
 découverte 
 du ciel
 laisse apparaître
 en désir
 Sa clarté de couleurs
 Quelques feuilles
 effleurées de lumière
 L’instant
 comme cet embrassement
 secret
 Emporté jusqu’à
 - ô joie
 n’être plus
 soi-même
 La nuit disparaît
 devant cet aurore
 australe
 qui démesure
 ta raison
  
 La beauté n’est autre que la reconnaissance de ce qui t’est inconnu
  
 (Cahier n°14 / 24-09-2021) 
 De brume
 en sang
 Comme la blessure
 s’ouvre
 Ce sont des rêves
 Ce sont des rêves
 Courant sur la terre
 retournée des champs
 L’animal aperçu
 jusque dans le lointain
 l’aube
 Quand je quitte le sommeil
 je cris
 - Voici de l’obscurité
 Au monde
 rester encore
 Les yeux fermés
  
 (Cahier n°14 / 23-09-2021) 
 Ne serait-ce
 qu’à l’inattendu
 de l’apparition
 La lumière
 se heurte
 découvrant quelques branches
 Le monde déchiré
 Mais dans l’apparition 
 même
 se joue
 son prodige
 N’apparaît-il
 ce doute
 qui déploie 
 sa promesse
 Son attente
  
 Tu es là
  
 Et dans le réel de toute absence
  
 Sa clarté
  
 Dénoue l’avenir 
 du présent
 en or
  
 Du possible
  
 (Cahier n°14 / 22-09-2021) 
 A l’obscurité 
 pleine
 les mains
 façonnent de la nuit
 Espérant du poème
 comme
 à l’étoile
 Un marin 
 traverserait
 la mer
 Demain le jour
 l’inquiétude 
 apaisée
 Et la solitude
 à vieillir
 blanchirait aussi la pointe
  
 Nous étions du silence
 quand soudainement parlant
 nos lèvres
 devinrent des baisers
  
 A l’obscurité pleine
 de la nuit
 demain
  
 Comme un rêve
  
 (Cahier n°14 / 21-09-2021) 
 Aux larmes comme feuilles
 des adieux
 se détachent
 de la nuit
 A l’heure
 époque
 du jour
 Loin des embrassements
 des baisers
 La solitude des oublis
 quand ne reste plus
 que la ciselure
 du temps
 En images
 Saisir l’aube
 dans la disparition d’une étoile
 Lier à cet amour
 quelques feuilles déjà mortes
 qui pendent des arbres
 La lame brille dans le miroir
 d’un visage lisse
 Déjà déjà
 Ô ciel étendu
 de n’avoir su
 Aimer
  
 (Cahier n°14 / 20-09-2021) 
 Deveria falar
 das coisas simples
 mesmo
 Vi o seu rosto
 num sonho
 Depois acabar um livro
 fazer compras
 A solidão dos dias
 agora
 não me pesa
 Nada me pesa
 Eu sou uma nuvem 
 que teria um pouco de terra
 na sua bolsa
 Posso ir embora
 ninguém vai me deter
 Tenho o seu retrato
 comigo
 Assim sinto-me leve
 Tão leve
  
 (Caderno nº14 / 19-09-2021) 
 La pluie
 a très légèrement
 mouillé
 la table
 La joie 
 est partie
 comme de la terre
 dans la main
 Une pointe de froid
 Jadis
 tu courais
 pour un embrassement
 qui recommencerait
 la vie
 Aimer
 dans l’interstice
 des jours
 Comme au couteau
 ils ont laissé
 leur nom
 sur le bois gravé
 de la porte
 devenue dehors
 cette table

 Leur joie
 est écrite
  
 (Cahier n°14 / 18-09-2021) 
 Aux vacillements des lueurs
 se découvre
 l’heure
 Aussi de l’étendue
 en regard mesurée
 Cette aube
 presque comme donnée
 à l’animal 
 qui boit
 Efface la peine
 de ta tristesse
 Par cette même image
 toujours
 - Se tisse à la lumière
 ton élan 
 vers le jour
 Peut-être de la vie
 peut-être de la vie
 A la rugosité d’une pierre
 à la solitude d’une table
 quelques enfants traversent
 Ils rient
 Et dans la certitude
 de leur embrassement
 passager
 Tu opposes 
 aux heures qui te guettent
 le sourire
 en un perceptible
 inattendu
 Jamais pour ce qu’il est
 toujours
 vers son ailleurs
 Ainsi de cette part
 gardée
 dans une poche
 Car déjà
 nous suivons
 le soleil
  
 (Cahier n°14 / 17-09-2021) 
 A la douceur infinie
 d’une nuit
 Comme mémoire
 le ciel
 débordant d’étoiles
 Le souvenir surgit
 comme manque
 De ce présent 
 défini comme police
 Nous respectons 
 nous respectons
 jusqu’à ne plus défendre
 qu’une identité
 fixe
 Mais la pensée échappe
 s’échappe
 La nuit
 le ciel
 cette table
 La peau perçoit le mouvement
 d’une onde
 comme voyage dans l’infini
 la lumière
 « Nous prenons le train pour Tarascon
 et la mort pour rejoindre une étoile »
 Je veux le désordre 
 d’ici-bas
 et du schème normatif
 un glissement
 Un menuisier à son parquet
 regardaient
 soudainement dehors
 Ce qui est poème
 c’est l’irréductible manque
 tenant lieu
 d’un éclat
 de demain
 dans l’image
 bouleversée
 d’aujourd’hui
  
 (Cahier n°14 / 16-09-2021) 
 Ô fuir
 comme on dégage une table
 - elle ressemblerait
 au ciel
 Le miroir des images
 faites
 de brisures
 Rendre sa respiration
 plus
 large
 A l’étroit
 A l’étroit
 A l’étroit
 Et dans l’instant
 le chant inattendu d’un oiseau
 donnant à la durée
 sa démesure
  
 (Cahier n°14 / 15-09-2021) 
 Se tisse à la lumière
 - Apparaît
 le jeu de la présence
 Et comme
 le vacillement inlassable
 d’une lampe
 Une pensée
 Se détourne du cours
 établi des choses 
 dites
 Tendant vers l’inconnu
 comme s’endosse
 l’habit
 couleur de la trame du ciel
 En aurore
 déjà disparue
  
 Tu es
 comme un manteau
 de l’aube
  
 (Cahier n°14 / 14-09-2021) 
 A la percée
 lente
 de la lumière
 Comme chaque jour
 le doute
 Vacille la pensée
 Plutôt cette chose
 plutôt l’autre
 Et dans le désarroi
 de l’inconnu
 La peau 
 frôle l’air
 qu’il faut traverser
 Asseoir le corps
 dans l’économie quotidienne
 Tout en espérant
 en saisir
 la tangente
 Comme appui
 pour vaincre
 sa Gorgone
  
 (Cahier n°14 / 13-09-2021) 
 A bruma
 entra pela porta
 aberta
 Ela me dá
 um abraço
 Numa outra vida
 fui uma nuvem
 com certeza
 Aquela leveza
 que guardamos
 nos nossos bolsos
 como essa parte
 de alegria
 Intocável
 Apesar dos acontecimentos
 do mundo
 Pois uma nuvem não tem fim
 fora 
 das lagrimas
 que bebem as plantas
  
 Vamos sair
 vamos viver
 vamos atravessar
  
 (Caderno nº14 / 05-09-2021) 
 A l’immobilité
 presque
 de l’apparition
 de lueurs
 Le rêve se confond
 Il persiste dans l’aube
 COMME
 l’orange du soleil
 derrière la paupière
 fermée
 La durée de la rémanence
 dépend de l’intensité
 aussi de la surface
 qu’elle atteint
 Ainsi le rêve
 quelques secondes
 transforme le jour
 ainsi le jour
 La nuit
 Le poème est l’image qui apparaît
 Le théâtre le mouvement 
 de cette apparition
 jusqu’à sa disparition
 son souvenir
 Sa persistance
  
 Tu es là
  
 (Cahier n°14 / 04-09-2021) 
 
 
 A l’espace inapproprié
 du flux
 la vision soudaine
 d’un pêcher
 que personne 
 n’a planté
 Ses feuilles
 déjà brûlent
 la saison
 Son feu
 la rend visible
 Comme l’attente
 qui ne se dit pas
 N’ose pas
 Peut-être le poème est-ce cela
 Ce qui ne se dit pas
 Trop tard
 trop tôt
 Jamais
 Il resterait l’espace d’une résonance
 où apparait
 dans cet « inapproprié »
 Le sauvage d’un pêcher
  
 (Cahier n°14 / 03-09-2021) 
 D’un embrassement lointain
 comme ce tutoiement
 d’aube
 Nous croisons nos solitudes
 à l’avancée
 En jambes
 de ce monde miroir
 qui vole nos images
 Dans ce repli
 de l’heure aurorale
 comme en attente
 quelconque
 Apparaît
 ce reste
 Un couteau sur la pierre
 nous avons mangé
 sur l’herbe
 Ce surgissement d’un désir
 d’une pensée
 incalculable
 Imprévisible
 L’attraction déjouée
 de deux corps 
 célestes
 comme se déjouerait
 la trajectoire
 attendue
 des discours
 Voici des embrassements
 Regarde
 c’est encore
 Le soleil
 niché
 dans sa beauté
 offerte
  
 A ton regard
  
 (Cahier n°14 / 02-09-2021) 
 En mesure
 de couleur
 comme se déplacerait 
 le spectre
 (ô Hamlet)
 de la lumière
 Ainsi l’aube
 comme du lait
 transformerait les pensées
 Car je suis sourd
 du cri
 des informations du monde
 Ce blanc
 comme un drap
 Enfants nous jouions
 et le jeu consistait
 à tout lâcher
 pour tout recommencer
 …
 Pendant que des avancées
 de rose
 décalent encore
 le ciel
 Les arbres de brise
 s’enivrent
 ILS RIENT
 J’ai dû manquer
 quelque chose
 Comme un souvenir
 soudain
 Fait perdre la raison
  
  
 (Cahier n°14 / 01-09-2021)
   
 A l’étonnement
 la nuit
 a gardé ses chaussures
 Elle reste
 Il y a de l’étoile
 sur la table
 Nous en avons mangé
 Par délicatesse
 nous avons gardé le silence
 comme on protège
 une flamme
 Avec
 nostalgie
 Cette nuit j’ai rêvé
 debout
 J’étais en Afrique
 à Brazza
 Ainsi l’on peut dire
 avec Galilée
 Dans la nuit
 Il y a aussi le soleil
  
 (Cahier n°14 / 31-08-2021) 
 S’ouvre
 comme à l’ouvre-boîte
 crânienne
 L’heure
 Les nuages étirent de l’infini
 Seul un oiseau
 Le poids est gris
 de ce jour
 Et pourtant
 S’ouvre
 comme en poitrine
 les arbres
 La pensée
 du peut-être
 à l’apparition d’un visage
 Toute joie se prolonge
 et résonne
 Malgré tout
  
 En dénote le bleu
  
 (Cahier n°14 / 30-08-2021) 
 Sempre olho
 a luz da madrugada
 até
 acordar-me
 unicamente por isso
 Porquê
 Talvez moro nesse lugar
 num tempo indefinido
 Me sentindo metade duma noite
 metade dum dia
 Durante a noite
 preciso do dia
 e reciprocamente
 Assim vou deixar os meus sonhos
 me encher de luz
 e quando o dia
 tiver madrugado
 completamente
 Vou caminhar um pouco
 Trabalhar
 Mas ainda com
 um pedacinho da noite
 dentro de mim
 Talvez penso
 que está impossível 
 viver
 sem esse movimento
 Talvez
 somos este movimento
 Com essa bruma
 de hoje
 que faz uma ligação
 entre a noite
 e o dia que vem
  
 (Caderno nº14 / 29-08-2021) 
 La feuille
 gouttant la lumière
 le poème
 Sa nervure
 étire sa pointe
 Donner matière
 à l’invisible
 grain
 Forger
 les indicibles secondes
 comme en paupières
 le soleil devient 
 rouge
 Apparaissent des formes
 devenant même
 visages
 Le pré-emploi des mots
 tombent
 à la veine
 coupée
 de l'œil 
 Comme à la table
 des rires
 un éclat
 distord l’attendu
 - Ceci n’est pas le monde
 Sur son bord
 s’est assise
  
 Ta vision
  
  
 (Cahier n°14 / 28-08-2021) 
 Le temps donné
 au regard
 comme se découvre
 Un visage
 Non pas la sirupeuse lenteur
 mais la lame
 de l’Andalou
 découpant
 l’œil
 Voir
 Se dégager des clartés
 l’ombre
 Ce noir
 nécessaire au surgissement
 d’étoiles
 (ou d’un rêve)
 L’heure découpant
 son attendu
 Au métal rougi 
 de l’horizon
 L’aube 
 cicatrisée
 est encore
 une promesse
  
 (Cahier n°14 / 26-08-2021) 
 Sans fin
 ce mouvement
 Quelques feuilles
 des arbres
 dissimulent l’aube
 Alors le poème
 étirant l’obscurité
 à la rendre transparente
 Traversée de joie
 vaine
 mais son éclat tout de même
 A cette clarté
 comme onde
  
 Cette lumière
 oublieuse
 qui malgré tout
 gagne
 son élan
 embrassé
  
  
 (Cahier n°14 / 24-08-2021) 
Ne pas y aller
Rester
à l’attente suspendue
d’un mouvement
de brume
D’une apparition
Dans Le Miroir 
Il y a
le vent
et Margarita Terekhova
assise
de dos 
sur la barrière
Elle fume

D’une attente
De toutes nos attentes

et encore

(Cahier N°14 / 23-08-2021)
 Um pouco daquele
 tempo
 basta esta luz
 e o quase silêncio
 O poema surge
 tanto como uma lembrança
 esquecido
 que uma esperança
 Um desejo
 - Aprendi que nunca morrem
 atravessando 
 seu corpo
 até a sua mente
 Um céu infinito
 azul
 e branco
 E desse momento 
 tão perfeito
 uma brisa leve
 um retrato desconhecido
 aquele ocre da luz
 Um pouco mais do que a poeira
 a matéria da clareza
 O que foi invisível
 até o momento
 de repente se vê
 O mundo mesmo
 simplesmente ampliado
 duma fotinha em mais
 que desaparecerá
 no instante seguinte
 Até uma outra
 e assim por diante
 Mas esse
 ocre de la lumière
 também está uma possibilidade
 Somos capazes 
 à semelhança dum mágico
 fazer surgir
 no mapa do céu
 Estrelas
 Só 
 pela pobreza dum amor
 ou pelo menos
 dum poema
 Que já sabemos
 desaparecendo
 Mas que poderemos nomear
 mas tarde
 como o que é
 o que se chama
 Beleza
  
 (Caderno nº14 / 22-08-2021) 
 Alors se démesurait
 La mesure
 Le pas
 dans le blé coupé
 tenait du paysage
 Le champ traversé
 - Rejoindre la forêt
 ne serait ni l’éloge 
 d’un repli
 ni la certitude du peu
 tant la pensée est étrangère
 Toujours
 Les mondes se traversent
 (Un jour j’irai de Rio à Brazza)
 Comme la terre
 de cette maison
 a lissé la paume de ma main
 Je veux dire
 lentement
 A cette mesure d’aubes
 que permet
 l’écart sur le corps
 Cette poussière
  
 DE SOLEIL
  
 (Cahier n°14 / 21-08-2021) 
 Agile
 en sa main
 Le bois
 s’assemble en morceaux
 Il devient
 le rêve
 Là où dormir
 Comme travaille une pensée
 sensible
 la lumière (mouvement)
 offre
 le temps
 De ce lieu
 Alors alors
 - Voici ce qu’est une apparition
 …
 Le prolongement
 d’un possible
 inconnu
 La ligne suivie de cette main
 courant la veine
 sertie 
 dans cette matière
 Comme aux chemins boisés
 s’est rouvert
 le dehors
  
 Comme
 se partage le monde
  
 En langages mortaisés 
  
 (Cahier n°14 / 20-08-2021) 
Se cherche
à l’incertitude gardée
des apparitions
Ce qui démesure
l’infini de la ligne
où pointe
ce que 
comme une danse
tu veux nommer
Car
une raison de vivre
jamais
ne sera raisonnable
Le manque tient
d’un embrassement 
perdu et gagné
dans le même instant
Vois
L'ocre de la lumière
De la poussière
de terre
rendant matière
aux premières heures 
d’un soleil
Goûte
à la fraîcheur d’une feuille
que la pluie de la nuit
a su garder
Pour toi
Ainsi le jour n’a pas de raison
Il est ce tort
à l’écrasement de ta pensée
assise
qui dès lors qu’elle frémit
à cette poussière
devient aussi
Cet ocre de la lumière
qui
écartant son langage
figure
cet élan
que ta raison suivra

(ô comme devenant beauté)

(Cahier n°14 / 19-08-2021)
 D’une confusion
 la pensée devenue
 nuage
 La table s’esseulait
 quelques assiettes
 un livre
 Les paroles déchiraient
 le papier
 A la nuit sans étoile
 en vain les rêves
 Une image comme secours
 Une couleur
 Puisque les règles étaient fausses
 demeurait encore
 ce désir d’échappement
 Une persistance
 du pas
 Celui du refus
 celui du chemin
 La joie déclarée
 d’être mouvement
 à la fixité
 qui s’impose
  
 Vol azur de cette hirondelle
  
 (Cahier n°14 / 18-08-2021) 
 D’un manque
 apparaissait l’attente
 Comme ces hautes herbes
 laissées
 à l’abandon
 La possibilité du jour
 était une couleur
 éprise de temps
 Une douceur gagnée
 Alors
 ce qui se mesure
 - le compte
 devient mouvement
 « Vitesse de l’intuition ou de l’amour »
 Une in-séparation
 Le vert rejoint d’une forêt
 tropicale
 Cette durée à la chaleur
 devenue l’espace
 d’une voix
 De tes bras
  
 (Cahier n°14 / 17-08-2021) 
 Les murmures
 presque silencieux
 des feuilles
 à l’or du soleil
 Déjà 
 radieux
 Tes doigts tissent
 l’heure
 d’avec sa lumière
 Aux ultimes gouttes de rosée
 Il y a un poids
 du jour
 Comme on vend un fruit
 à l’étal débordé du marché
 Déjà
 on espère le repas
 Quand bien même ce temps
 serait lointain
 Les parfums sont des futurs
 aux agapes espérées
 de quelques impressions
  
 (Cahier n°14 / 16-08-2021) 
 Se détache
 comme interdite
 d’un lit d’herbes
 La pensée
 si joyeuse
 d’une ivresse
 J’ai brûlé des nuages
 jusqu’au bleu
 Le soleil était comme nuit
 Il brûlait
 par milliers d’étoiles
 Ce temps volé
 comme on ressent le corps
 se disant
 qu’après tout
 nous pouvons aussi aimer de la terre
 Comme une table mise
 avec des mots
 ses restes laissés dehors
 au débarras 
 Du lendemain
  
 (Cahier n°14 / 14-08-2021) 
 J’habite ici
 dans cette tension
 irisée
 de la lumière
 - Vers
 Dans cette aurore
 je vois tes yeux
 déjà
 ailleurs
 Cette distance
 est un arc dans le ciel
 électrique
 comme le disque
 blanc
 A l’aveuglement
 d’autres images
 Le poème ne dit pas le monde
 IL L’OUVRE
 Le premier je t’aime
 l’onde prolongée
 de sa fulgurance
 Les foudroyés aussi
 ont une part
 de cette démesure
  
 (Cahier n°14 / 13-08-2021) 
 D’entre les feuilles
 que la clarté
 amuse
 « Le sourire du vent »
 Toute joie
 comme la beauté
 est un soleil
 Posé sur une pierre
 à l’herbe coupée
 Le doute est si grand
 d’être là
 qu’une image
 suffit à l’envol
 Comme rien
 Hier
 l’hirondelle est entrée dans la chambre
 Et tous les désirs
 avaient le grain
 bruni
 de ta peau
  
 (Cahier n°14 / 12-08-2021) 
 A la pointe du froid
 il y a aussi
 la douceur
 Une brume
 dissipée
 comme les corps
 Oubliés
 dans le temps
 tombé du désir
 Cette étreinte
 plus forte que le nom
 L’azur
 est une peau
 qui s’effleure
 à peu près
 d’infini
 Toute appartenance laissée
 au suspens
 d’une attente
 Quand à l'impertinence
 de l'aube 
  
 Tu cherches le drap
  
  
 (Cahier n°14 / 11-08-2021) 
 La craie
 découvre le poème
 qui disparaît
 sous la pluie
 C’est cela
 la résonance d’un souvenir
 Une mémoire
 comme grain
 Millier de lumières
 Une onde
 Un tremblement
 La branche qu’il fallait couper
 entrée
 par la fenêtre
 SES FEUILLES
 Et par le prolongement
 d’un souffle d’air
 cette seconde
 est devenue mer
 Car aucune volonté
 jamais
 n’atteint ce qui disparaît
 Demande à l’étoile
 après
 S’il te reste 
 un peu
 de sa blancheur
 Voici la pluie
  
 (Cahier n°14 / 10-08-2021) 
 A l’incertitude
 fera-t-il jour
 L’aurore s’assoit
 dans sa robe violette
 Vaincue en sa magie
 de transformer 
 la nuit
 Je ne sais plus
 je ne sais plus
 Le miroir est une vitre
 une transparence
 anonyme
 où rien n’est plus
 que l’individu
 Jusqu’à cette clarté
 donnant à tous
 - Il fait jour
 qui s’est épuisée
  
 Je retourne au soleil
 …
  
 Il reste peut-être quelques rêves
 et après
 Dans les os
 les cellules ont aussi goût de profit
 Une désespérance
  
 Dans le dos de ma traine
 ainsi que d’un amour
 l’aurore disparaît
 Tout en laissant 
 le jour
 bien malgré elle
  
 Apparaître d’un reflet
  
 Violet
  
 (Cahier n°14 / 09-08-2021) 
 D’une pensée
 prolongée par la feuille
 tenue fébrile
 à l’encre 
 du nuage
 Voici
 L’écharpe des solitudes
 aux cous des pendus
 que nous sommes
 L’ombre se dessinant 
 sur le sol
 Le soleil devenu vent
 Pauvreté d’image
 cherchant son partage
 Son commun
 qu’à la raison
 nous ne savons plus donner
 Cette part 
 surgissant d’infini
 morceau de nuit
 ou d’étoile
 Que d’un rêve 
 nommé hier encore 
 élan
 Ou peut-être
 en ta joie
 course folle
 Déliée du langage 
 haletant
 des jours trop semblables 
 Cette pensée
 perçue
 à l’instant étonné 
 de l’insoupçonnée
 De l’averse
 devenue promesse
 Voici
  
 Nous tenons du prodige
  
 Comme en ta main
 la chance de saisir
 l'aube
 A la ligne d'un éclat
 inattendu
  
 De lumière
  
  
 (Cahier n°14 / 07-08-2021) 
 Reste
 à l’atrophie mesurée
 de ces jours
 la surprise
 de ce qui peut encore
 tenir
 ta seconde
 Les livres éparses
 sur la table ouverte
 au vent
 Surtout cette pensée
 comme ivoire
 - Je te vois
 Alors nous reprendrons
 ce monde
 abusé
 Comme on dit
 comme on dit
 Le poème nous traverse
  
 Tu entends
  
 (Cahier n°14 / 06-08-2021) 
 Apparu
 presque déjà
 le jour
 en sa métamorphose
 Aveugle à sa clarté
 naissante
 L’image désormais bordée
 Au lointain de cet oiseau
 le chant
 En frémissements légers
 Comme un vacillement
 est devenu
 Monde
  
 (Cahier n°14 / 05-08-2021) 
 Comme les corps
 s’étreignent
 autant que de
 vivre
 Le ciel
 essore sa nuée
 Le désir à l’azur
 touche
 la peau d’une fleur
 Car la pluie 
 reste
 tropicale
 Sur la pierre
 toute chaude de nos cœurs
 brûle
 à l’incandescence
 Cette larme
 qui traverse et dévaste
 l’aube
 En reste de la nuit
  
 (Cahier n°14 / 04-08-2021) 
 L’ocre de la lumière
 quelques instants
 avant que le jour
 devienne ce qu'il est
 m'ouvre
 Lorsque apparaissent ces images
 je ne sais pas
 qui je suis
 Le trouble est
 mon être
 M'assigner à un nom
 une date
 est affaire d’état
 solide
 Je ne suis pas une pierre
 Je suis alors
 l’ocre de cette lumière
 Et c’est pourquoi à cette heure
 je ne peux avoir ni de nom
 ni de date
 Car ce trouble 
 est mon être
 Je suis comme l'acteur s’échappe
 en d'autres mondes
 qui lui aussi 
 a besoin
 de ce trouble
 Je ne peux avoir
 ni de nom
 ni de date
 Je suis
 ocre
 de toute lumière 
 quelconque
 Pigment
  
 (Cahier n°14 / 03-08-2021) 
   
 
 La seconde d’eau
 comme en minuscule
 le ciel
 Dure
 versée sur la feuille
 verte
 parcourue des nervures
 L’infini
 - Je m’étais endormi presque sur ta peau
 Il a plu
 et comme une forêt
 nous sommes devenus 
 monde
 Vision transformée
 traversant son éclat
 Toute la magnificence possible
 Lumière
 comme reste la beauté
  
 (Cahier n°14 / 02-08-2021) 
 Queria uma fala
 outra
 (sem palavra)
 Um tempinho
 nas suas costas
 só pra ouvir
 uma respiração
 Poderíamos
 nós encontrar
 em silêncio
 Deixar os sonhos
 se entrelaçar
 pra dar espaço
 dentro nesse mundo
 tão constrangido 
 Queria andar com você
 sem saber quem você é
 sem conhecer o lugar
 o caminho
 Abraços
 Adeus
 Ficar com uma lembrança
 daquele momento
 Um retrato
 com suas bordas denteadas
 - Onde foi
 Um sentimento da vida
 que não se controla
 Como já disse
 um cheiro de terra
 depois uma chuvinha
 Mas talvez
 nós nos reconheceremos
  
 (Caderno nº14 / 01-08-2021) 
 Comme s’effeuillent
 certains rêves
 en apparitions insensées
 Le jour
 s’ancre de nuit
 En incompréhensions
 il ouvre
 ses images
 déprises de mondes
 Un silence
 une perte
 une immensité
 blanche
 A l’inconnu de ce qui vient
 l’encre s’espace
 Sans savoir jamais
 s’il s’agit d’arrivée
 ou de départ
 Simplement nous disons
 Il fait
 jour
  
 (Cahier n°14 / 31-07-2021) 
 Tout est oubli
 comme hautes les herbes
 à l’abandon
 Suspens de l’oiseau
 à l’émerveillement
 Le temps se lie
 d’une lumière
 et d’une pierre
 Un couteau
 à l’appétit 
 des désirs
 Un soleil d’eau
 et la lenteur de ceux qui travaillent
 à replier les étoiles
 - Papier de soie
 jusqu’à la nuit prochaine
 Cet oubli est magie
 et le poème
 une pièce de bois
 à l’écoinçon
 des murs
 Voici que s’envole une blanche
 c’est une tourterelle
  
 (Cahier n°14 / 30-07-2021)
   
 C’est l’apparence
 d’une clarté
 le surgissement pressenti
 presque
 Et puis comme souffle
 ta respiration
 Pourquoi le monde n’est-il pas celui-là
 L’herbe a poussé sous la pluie
 l’aurore a regardé
 les ébats joyeux
 de quelques escargots
 visionnaires
 Appareillant le soleil
  
 (Cahier n°14 / 29-07-2021) 
 D’eau
 comme en mémoire
 des larmes
 A l’âpreté
 la douceur
 dessine ses formes
 dans le ciel
 NOUS NE SOMMES QUE NUAGES
 disparaissant
 deviennent matière
 Mais c’est alors que surgit
 la beauté
 comme fuite
 L'ourlet décousu
 sera comme un baiser
 dans la nuit
 l’aube
 aura des senteurs
 de terre
 Au loin
 au loin
  
 (Cahier n°14 / 28-07-2021) 
 
 Que veux-tu
 dans la nuit
 les corps épris
 Comme oubli
 dessinent sur la peau
 les caresses
 Dont il ne reste
 chers os
 presque rien
 L’infini n’existe
 que traversé d’images
 Des mots
 Liant ce désir à l’offrande
 comme beauté même
 de notre éloignement
 Cette attente
 ô cette attente
 Car maintenant 
 je regarde la pluie
 Je me souviens
 n’être que peau
 et déjà deviner tes pensées
 NUAGE
 Dans la vieillesse
 de cette nudité
 t’apercevoir au loin
 Si proche
  
 (Cahier n°14 / 27-07-2021) 

La Mort n’est pas un luxe C’est une comédie, ou plutôt la tentative d’écrire une comédie sur un sujet pas drôle, qui se confronterait à une époque qui ne l’est pas plus. Il y est question de Zé Hélio, gérant d’une petite agence de pompes funèbres en faillite, le jour où il vient de perdre sa mère, et où Marie-Camomille, son assistante, a décidé de se rendre à une manifestation contre les violences policières.Après des nombreuses péripéties – les morts sont nombreux et parlent beaucoup, ils finiront tous les deux à Coco Plage, tout en rêvant d’Ikaria, en Grèce, où paraît-il, on meurt plus vieux !





 A l’apparition d’une pensée
 comme image
 L’étonnement surgit
 en envols
 d’oiseaux
 Nuées
 insaisissables
 des embrassements
 L’aube des pressentiments
 comme en toute parole
 son ombre
 Autre monde
 S’affirme la pluie
 égale en toutes parts
 à cette nécessité présente
 D’un inconnu
 si vaste
 et rêvé
 Comme dépassement
  
 (Cahier n°14 / 26-07-2021) 
 O cansaço dos dias
 sem palavras
 Vamos tomar um café
 olhando o movimento
 dos galhos
 Sem nenhuma esperança
 nenhuma tristeza também não
 Somente a apreciação 
 do tempo
 Um leve sabor de chuva
 ponto de frio
 no calor de verão
 Algumas lembranças
 atravessando a mente
 como as nuvens 
 que deixam o ramo
 Vamos viajar
 Vamos desejar
 de qualquer forma 
 que seja
 Vamos sentir
 aquele movimento da vida
 que te busca
 Até mesmo
 sua fraqueza
  
 (Caderno nº14 / 25-07-2021) 
 Le souffle du dehors
 par la porte
 ouvre
 Le poème
 comme image donnée
 à l’instant
 Cette photographie
 la pointe du pied
 à l’équilibre
 Tout le poids
 toute la joie
 et la tristesse aussi
 Remise
 à l’attente
 suspendue
 Comme l’air traverse le corps
 Ta pensée
 dans cette lumière
 qui danse
 Que reste-t-il
 Que reste-t-il
 De l’image
 Dans le mouvement 
 emporté
  
 (Cahier n°14 / 24-07-2021) 
 Comme ombragée
 l’aube délicate
 assure ses murmures
 La clarté
 prend la place
 d’une étreinte
 Serrés l’un à l’autre
 le jour
 comme battement du cœur
 de la nuit
 Le poème est image
 devinant l’infini
 sans lequel du silence
 rien 
 ne surgit
 A peine la lumière
 dira l’apparition
 de ces choses
 L’aube
 à sa décohérence
 rendra visible aussi
 en pensée
 l’existant des possibles
  
 Ta beauté
  
 (Cahier n°14 / 23-07-2021) 
 Comme brûlent
 de vieilles herbes
 coupées
 Des nuages
 à la gorge sèche
 La forme se devine
 montant
 jusqu’au ciel
 Cette pensée
 à l’été
 déjà de la senteur des blés
 Un corsage
 entrouvert
 Rien ne dit
 ce silence
 Car le désir est offrande
 comme ta joie
 tenue
 D’une ancienne
 très ancienne
 promesse
  
 (Cahier n°14 / 22-07-2021) 
 J’ai laissé le silence
 prendre l’espace
 de ma poitrine
 Mort au jour
 donné à la résonnance
 Un arbre
 une herbe mauvaise
 prendre racine
 De durée en étendue
 cette image
 aux bords dentelés
 traversera
 Comme un fil
 où s’étendrait le linge
 blanc
 donné au soleil
 pour réfléchir
 Car dans la beauté qu’il nous reste
 (elle est infinie)
 L’image qui apparait
 a déjà disparu
 devant
 « En avant »
 comme il disait
 L’autre
  
 (Cahier n°14 / 21-07-2021) 
 
 
 
 
 II- 
  
  
  
 Un petit hôtel, proche de la gare. Une chambre à l’étage, sommaire, mais propre. Un lit, un lavabo avec une tablette en verre en dessous d’un miroir, une petite table, une chaise, une armoire avec quelques cintres côté penderie, des couvertures dans les étagères de l’autre côté. Le lit est en face de la fenêtre. Un homme de forte corpulence vient d’arriver. Il est assis au pied du lit, il reprend son souffle. Il regarde en direction de la fenêtre, les toits de la ville. A côté du lit, il a posé sa valise, et sur la table, un livre et une photographie de lui, en noir et blanc, sur laquelle il est mince.
  
  
L’Homme trop gros                
Si je bouge, je déséquilibre le monde... (Temps.) Alors, je vais rester ici, sans bouger. Sage… comme une image. (Temps.) Mais il est difficile de rester sans bouger. Devenir immobile... Non pas transparent… Immobile. Juste le souffle... Comme cela... 
(Il respire.) C’est un équilibre, et celui qui s’entraine tous les jours, peut même réussir… à s’envoler. Je veux dire, sans déséquilibrer le monde. (Temps.) Dans l’Inde Ancienne, de grands maîtres arrivaient à cela,ils lévitaient, et leur conscience était telle qu’ils pouvaient atteindre la pensée, à partir d’une perception sensible des choses. Leur conscience n’était pas séparée du monde. Certains pouvaient même transformer l’image que leurs disciples avaient d’eux-mêmes. Ils devenaient monde. C’est à cela que je m’entraine. Je voudrais moi aussi, pouvoir me transformer, non pas pour m’envoler, mais pour me défaire de ma propre image. Alors je suis venu ici, dans cette chambre d’hôtel où personne ne me connait, anonyme. Chez moi je n’y arrive pas. Cela me demande tellement d’effort que je retombe, parce que j’ai faim. La faim. C’est
terrible d’avoir faim quand votre corps n’a pas vraiment besoin. Terrible. Je mange, et après je dois recommencer. J’essaie de me tenir debout, sans bouger, comme cela, immobile, je veux dire indépendamment de ce qui se passe autour de moi, mais le monde me rattrape par la faim. Je voudrais m’extraire, c’est cela, je voudrais résister à ma propre faim. Me dissoudre... J’ai cette image… Comme la toile cirée / verte / laissée sur une table dehors / durant plusieurs hivers... La couleur a passé, mais la trame 
est restée, elle est même devenue inséparable de la table. Je veux dire, la toile a traversé le temps, plutôt elle s’est laissée traverser par lui... Comme les maîtres anciens. (Temps.) Au début, je faisais des malaises, des vertiges, je m’évanouissais. parfois. Je n’arrivais plus à sortir de chez moi. Alors j’ai commencé ce livre sur Milapéra. Je cherchais quelque chose… Me défaire de moi-même, de l’image que le monde me renvoyait. Je voulais devenir autre. (Temps.) J’ai fermé la porte à clé, personne ne pourra venir. Même s’ils laissent des offrandes sur le seuil, je ne les prendrai... pas. Même si j’ai faim. D’ailleurs, j’ai jeté la clé. Je voudrais pouvoir tenir un peu, je ne dis pas m’envoler, non, j’ai bien conscience que... Mais juste...  (Il fait un geste avec sa main.) Sans déséquilibrer le monde... Une sensation deviendrait pensée. Je disparaîtrais, mais avant, avant cela, je pourrais ressentir le monde…  Physiquement l’éprouver, sans en devenir la proie. En venant ici, je me suis dit que personne ne saurait où je suis, et que dans cette avance, je pourrais essayer de nouveau, peut-être même plusieurs fois…Ressentir…  (Il se lève et se tient debout, en fermant les yeux. Un temps. Il perd l’équilibre, puis il s’assoit à nouveau sur le lit.) Non, il faut que 
j’attende encore un peu... C’est une question de perception... Une autre perception du monde (Il se concentre.) D’un devenir sensible de la pensée… Je n’arrive pas bien encore (Il est en sueur. Temps. Il sort de sa poche un sachet de quatre gâteaux, des « Mont Saint-Michel » qu’il ouvre. Il prend un gâteau.) Voilà... je recommencerai plus tard. Plus tard... (Il mange) Oui, plus tard…


La Mort n'est pas un luxe (2021) - extrait
   
 A la fraîcheur de l’aube
 j’ai goûté
 aux lenteurs des oublis
 D’une désespérance folle
 à me pendre au ciel
 J’ai ramené des vols
 en cris d’oiseaux
 égarés
 Sur une aile 
 il y avait le soleil
 Cette heure
 avait son langage
 comme une peau tatouée
 son ancrage
 D’une chouette
 un élan
 J’ai vu la sculpture
 abandonnée dans l’herbe
 Son regard
 définitivement perdu
 J’ai tenu
 quelques métamorphoses
 en violet tendre
 du buddleia 
 …
 Voici
 quelques papillons
  
 (Cahier n°14 / 20-07-2021) 
 Comme 
 presque le silence
 un paysage
 au loin quelques arbres
 passagers de vent
 Quel mot
 dit une pierre
 devant l’image réelle
 qui s’en soucie
 peu
 Du temps
 de la durée
 une pensée
 J’habite ici quelques secondes
 Ma conscience tient
 de cet équilibre
 entre l’image et le mot
 D’une porosité
 entre le deux
 Comme sont
 légers
 les os des oiseaux
  
 (Cahier n°14 / 19-07-2021) 
 Com o sol que voltou
 (cadê você)
 Decidi me deixar
 atravessar pelo calor
 Momento do poema
 a pedra ardente
 na sua mão
 Tem um lugar
 Tem um lugar
 Alegria foi lá
 Depois te contarei
 o que aconteceu
 quando fosse 
 embora
 Mas hoje o céu
 parece tão
 lindo
 Que queria me tornar
 um pedacinho
 desse dia
 Que veio
 como um desejo
 de ti
  
 (Caderno nº14 / 18-07-2021) 
 
 Souvenir comme joie
 à l’étreinte des nuits
 reste la solitude
 Les mots sans appel
 au ventre creusé
 J’avais faim
 à la table d’une absence
 En regardant le ciel
 j’ai vu l’aube
 quelques animaux
 D’un poème
 marqué sur la peau
 comme infini
 Nous tenons de repères
 le blé ici
 la haie
 D’un désespoir traversé
 ou d’une inclinaison
 soudaine
  
 (Cahier n°14 / 17-07-2021) 
 
 
 
 
 LÀ Où LE SOLEIL SE LÈVE
  
                                                           (Une Image du Désir)


  
Car l’homme travaille. Comme une disparition, à lui-même, aux autres, au monde autour de lui. Il accomplit le geste qui lui donne son nom. Il n’est plus le fils de son père, le mari de la femme qu’il aime, le père de ses enfants, il est tout entier celui        qui travaille. Sa main est comme la clé qui ouvre un autre monde, qui tout entier l’absorbe, le retient, le respire. Son corps devient le souffle. Car le travail est toujours une machine, que seul l’homme peut voir, même invisible, même absente, même irréelle ou pensée, elle est son évaporation. Lui est pour elle le baiser sur la pierre, celui qui redonne la chaleur à l’acier, la vie au noyé. Il connaît son mouvement, sa sueur le fait glisser au-delà même de sa propre durée. Car l’homme qui travaille n’a pas de temps, il est comme l’animal qui court sans que sa course à lui ne rejoigne personne. Sans proie, il est lui-même sa propre fin. Il oublie le reste du monde autour, pour mieux en concevoir un autre, à l’intérieur de lui-même. Un monde d’irremplaçabilité, de temps à ne pas perdre, d’obligations choisies, ou d’importances forcées. Des images qu’il se donne à lui-même pour son repos, juste pour ne pas dire l’indicible sensation, celle qui oublie le silence, celle qui entoure ce qui devrait être dit et qui est cela aussi: le regard perdu des hommes qui maudissent leur travail trop dur, mais qui se taisent de ne pas savoir parler, et gardent pour eux ce qu’ils échangent à la pause, la mémoire lointaine d’une ancienne guerre  qui ne se raconte pas, “Moi aussi j’ai vécu cela”. Il y a de la fierté d’homme inventée pour lui-même dans la dureté de ce regard-là. Cela l’homme ne sait pas le dire. Car l’homme ne sait dire son silence à personne, personne, c’est la femme, qui l’attend et qui seule connaît son exil. Eprise de promesses, de souvenirs oubliés, elle est celle qui voudrait ne plus attendre, ne plus se tenir sur le seuil et regarder le soleil, pouvoir s’émouvoir mais l’homme lui a besoin de son attente à elle, et elle a besoin de sa présence à lui. Dans son attente elle voit comme il travaille, et sait que malgré tout il reviendra la prendre, là où elle est, non pas parce qu’elle l’attend, mais parce qu’elle y est. Parce qu’elle est là, alors il l’embrassera, il lui donnera ce qui reste de lui, la cendre du jour, nuage de son dernier désir, ce qui reste. Et toujours l’homme disparaîtra, et toujours la femme attendra. Il pourra devenir la femme et elle, prendre sa place à lui, mais l’attente restera la même et la disparition aussi. Qui demande cela? Et pourquoi l’homme qui prie n’a pas de femme? dit-elle en regardant dehors, sa perte en    de visions lointaines. Peut-être alors l’accomplissement est ce qui reste. Quand l’abandon de toute chose est consumé, la douceur infinie, ce qui reste est comme une caresse sur la peau, un sentiment de la vie, un peu de légèreté.

Là où le soleil se lève (2002 - Extrait)
   
 
 
 
 Comme reflets
 les feuilles
 se découvraient
 d’or
 Dans le blé
 le chevreuil
 se baignait
 d’une image
 sans bord
 Traversée
 à devenir
 azur
 Ô cette chaleur
 de l’été
 dès l’heure
 refermée du rêve
 Des souffles se rejoignent
 à cet amour
 du soleil
 Monde
 Des lèvres
 auraient goûté
 ta chair
  
 (Cahier n°14 / 16-07-2021) 
 
 
 
 Aux yeux
 traversant comme mémoire
 la confusion
 des jours
 Tu apparaissais
 L’herbe haute
 le soleil s’étirant
 d’une pensée
 Jadis d’un voyage
 traversant la mer
 L’attente de se revoir
 Le regard inconnu
 brise la convenance
 comme l’étreinte
 le miroir
 Le temps est possible
  
 (Cahier n°14 / 15-07-2021) 
 
 
 
 Deviens de la nuit
 cette aube
 comme morsure
 du rêve
 Ce refus
 Nous avons dégagé les clartés
 garder en ombres
 l’indicible
 Au chant non tenu des promesses
 le désir tout pauvre
 de la peau
 Nous serons cela
 « cette nudité des jours »
 Comme rivage
 écume
 d’une mer déjouant le prodige
 Je ne t’attends pas
 (mais je t’attends toujours)
 Et dans la joie
 prise sur
 Cette étoile
 née
 d’une obscurité
  
 Moi aussi
 je veux
  
 Devenir de la nuit
  
 (Cahier n°14 / 14-07-2021) 
 
 
 
 Dans l’herbe foulée
 ô fougères
 exubérantes
 Les étreintes
 Nous sommes mouvements
 en images
 Projection de soi
 à la pensée 
 d’un autre
 Embrassés
 Quand aux surgissements
 des cieux
 je devine ta présence
 comme fragile
 apparaissant
 ce bleu
  
 (Cahier n°14 / 13-07-2021) 
 
 
 
 De solitude
 comme aux gris 
 du jour
 L’eau-forte
 laissée dehors
 sur le verre d’une table
 Rien 
 n’espère
 et l’étreinte
 Apparaissent les formes
 miroirs
 des désirs
 Dans l’entre ciel
 et poème
 ce noir
 Si profonde est la chair
  
 (Cahier n°14 / 12-07-2021) 
 
 
 
 Derrubei o café
 sobre a mesa
 duma manhã adormecido
 Agora
 olho no céu
 nuvens se acumular
 Teve muita chuva
 dias passados
 Até um frio anormal
 nessa época 
 Aqui ninguém 
 mais sabe o que esperar
 O sonho mesmo
 torna-se frágil
 Vamos esperar
 Esperar o que
 Eu não sei
  
 (Caderno nº14 / 11-07-2021) 
 
 
 
 La pluie
 si fine
 perlait les feuilles
 A boire
 la terre
 étreignait le ciel
 Ils étiraient en durée
 ce temps
 Comme on tisse
 d’anciennes paroles
 en promesses
 Ce fut joie illuminée
 de te revoir
 Un visage ruisselant
 Comme s’ajourne 
 un oubli
 Au manquement 
 des jours
  
 (Cahier n°14 / 10-07-2021) 
 
 
 
 L’image traversée
 comme des mots
 en blancheur
 Un silence 
 aussi de couleur
 Il faudrait déchirer
 le monde
 La nervure du poème
 apparaîtrait dans la main
 de l’avenir
 Comme on dessine 
 l’Afrique
 en crayons de mine
 Quelques minutes à peine
 j’ai rêvé
 - Décidément vivre
 est peu
  
 (Cahier n°14 / 09-07-2021) 
 
 
 
 D’un silence soudain
 la main toutes feuilles
 du cerisier
 s’ouvrait
 Puis le roucoulement
 d’un pigeon
 avant le silence
 de nouveau
 Comme on cueille
 quelques fleurs
 Un tremblement
 A l’équilibre perdu
 peut-être
 apparaîtraient
 Quelques mots
  
 (Cahier n°14 / 08-07-2021) 
 
 
 
 D’une ombre de soleil
 laissée
 comme une écharpe
 j’ai gardé sur la peau
 un parfum
 Et d’une pluie
 aux senteurs de la terre
 « Je » s’est dissout
 aux envols premiers
 d'oiseaux cendrés
 Ainsi nous traversons l’azur
 Ainsi monde
 et même appartenance
  
  
 (Cahier n°14 / 07-07-2014) 
 
 
 
 L’arbre abattu
 souffle du vent
 roses
 couvrant le sol
 en abandons offerts
 Lorsque les corps
 s’éprennent
 il pleut
 Il est une joie des tempêtes
 qu’envierait même
 le soleil
  
 (Cahier n°14 / 06-07-2021) 
 
 
 
 Joie
 comme pépite tombée
 Pierre d'eau
 descendant à l’échelle
 du ciel
 Nos apparences
 Nous mangeons des étoiles
 à la solitude
 de la table
 Des pensées
 Voici les surgeons du monde
 Comme de la pluie encore
 de l’arbre
 ébroué
  
 (Cahier n°14 / 03-07-2021) 
 
 
 
 Aux envols
 laissés de roses
 parfums
 Les surgissements de l’aube
 en intuitions perçues
 découvrent
 les chemins herbus
 Je suis sauvage
 et ne trouve dans ce jour
 que quelques heures
 celles de cet infini
 Avant que le monde
 ne referme sa jambe
 en l’esthétisme maussade
 des assignations
 ordrées 
 d'un sensible rayé
  
 (Cahier n°14 / 02-07-2021) 
 
 

 Brume
 à l’insaisissable
 La route
 comme en surgissements 
 possibles
 - Voir le ciel
 Les herbes données de la pluie
 touffues
 Cette lumière
 opaque
 Le couteau ciselant
 sur le cœur
 Un nom
 ce poème
 Quand des heures
 se découvre en visage
 LA PLUIE
  
 (Cahier n°14 / 01-07-2021) 
 
 
 
 Les yeux
 refermés sur le jour
 laissent le goût
 jusqu’au parfum
 du silence
 Image désapprise
 Comme en visage
 les doigts
 dessineraient des lèvres
 jusqu’au voyage
 d’un baiser
 J’ai vu ce matin
 d’autres manières
 Des roses japonaises
 prenant d’autres couleurs
  
 (Cahier n°14 / 30-06-2021) 
 
 
 
 Des absences
 aux longues manches
 des draps
 repliés d’une armoire
 Le vide des attentes
 Les jours
 comme les heures
 de pluie
 Quand le dehors
 n’est plus que 
 visions
 J’aime les mensonges
 à la pliure de ce monde
 Le sentiment même faux
 d’un horizon
 à l’œil
 refermant sa paupière
  
 (Cahier n°14 / 29-06-2021) 
 
 
 
 Aux mesures
 de l’apparition du soleil
 la pensée trouve
 son étendue
 Comme sur la peau
 devinant le désir
 quelques oiseaux
 traversent
 en tatouages
 Le monde a ses langages
 et dans le réduit
 de mon cerveau
 Le poème 
 a celui de tes bras
 Il faut une lumière 
 d’aube
 Il faut
 un mouvement
 pour excaver des mots
 D’une matière
 en constructeurs
 Ô
 comme nous aimons
 sur une table
 remettre la cause
 Voici le bleu du ciel
 il se partage
 Je t’aime
 d’autant
 et plus
  
 (Cahier n°14 / 28-06-2021) 
 
 
 
 Duma solidão
 sem espaço
 Deixei
 de ficar esperando
 A cerca está invadida
 de ervas
 como se ninguém
 viesse mais por aqui
 A tranquilidade
 torna-se silêncio
 quando aparecer 
 pensamentos livres
 Sonhos
 que de qualquer maneira
 atravessam o tempo
 sem desfazer essa realidade
 Só
 me atravessando
  
 (Caderno nº14 / 27-06-2021) 
 
 
 
 L’or
 solaire
 tissé des doigts
 de l’aube
 Frôle
 au vent
 les feuilles des branches
 penchées
 Cette clarté
 déjà oubliée
 surgit en étendue
 Et dans l’instant
 se baignant quelques oiseaux
 revenus eux
 d’Afrique
 Comme en mémoire
 touche
 et s’accroche
 à la hauteur
 Du ciel
  
 (Cahier n°14 / 26-06-2021) 




 
 
 
 Aux fleurs
 si légères
 balancées
 par le vent
 Toujours
 ce déséquilibre du mouvement
 quand apparaît la pensée
 Ce fut cette abeille
 ou la simple
 herbe sauvage
 Ce qui existe tremble
 comme en beauté
 jamais
 rien 
 ne se détermine
  
 (Cahier n°14 / 25-06-2021) 
 
 
 
 A l’apparence admise
 l’heure
 trouble la forme
 de l'immobile
 Ce temps
 dérive de lenteur
 - L’image apparaît du fleuve
 sur le côté
 (la sensation devient pensée)
 S’ouvre
 comme on perçoit le cœur
 Je suis cette image
 Monde traversé 
 de reflets 
 de ciel
  
 (Cahier n°14 / 24-06-2021) 
 
 
 
 D’une vie manquée
 comme
 se dit le soleil
 cloué
 Prendre le chemin sans attendre
 à l’aspiration du vol
 d’un oiseau
 L’image se recompose
 par fragments sensibles
 La pluie
 assure sa continuité
 Voici qu’il pleut
 fermant son œil
 au surgissement
 Rêvé
  
 (Cahier n°14 / 23-06-2021) 
 
 
 
 De mémoire
 à la pliure du ciel
 l’horizon s’agrandit
 Sans autre mesure
 peut-être que l’infini
 d’un baiser
 La nuit fut lavée
 les rêves aussi
 plus tard étendus
 Le poème
 comme le gris presque vert
 de tes yeux
 Espace
 dans l’aube apparue des étés
 Le vert
 aussi de toutes feuilles
 embrassait nos regards
 Je me souviens
  
 (Cahier n°14 / 22-06-2021) 

 Le grain de l’heure
 apparaît
 comme matière
 d’ombre
 Jouant au soleil
 quand se redessine le possible
 - ta présence
 au mouvement
 des surgissements
 Cet « alors » inattendu
 d’une promesse oubliée
 inscrite
 et recouverte
 Trouve au vert d’une feuille
 comme au balancement d’une branche
 Existence
 Souviens-toi d’un embrassement
 Il est
 ton seul 
 monde
  
 (Cahier n°14 / 21-06-2021) 
 
 
 
 Fora do mundo
 tento de tecer
 uma luz
 Aquela de manhã
 mesmo um pouco
 amarelando
 Com uma palavra 
 pobre
 Trata-se de existir
 nomeando
 o que no fluxo
 se torna invisível
 Apalpo com a pele
 dos olhos
 esse momento
 pra ver
 simplesmente pra ver
 O sol
 apresentando 
 o dia
  
 (Caderno nº14 / 20-06-2021) 
 
 
 
 
(Zé Hélio reste seul. Il regarde ceux qui sont là, silencieux, avec leurs pancartes. Une jeune femme vient s’asseoir à côté de lui. Elle pose à ses pieds un carton sur lequel est écrit : « Moins de BAC, plus de fleurs ! »)
  
La Jeune Femme        
Je peux m’asseoir ? (Zé Hélio ne répond pas. Elle s’assoit) J’ai trois enfants, alors il faut vraiment que je trouve du travail. Mon mari, c’est un artiste. Eh bien vous le croyez ça ? Il veut m’envoyer l’huissier si je ne quitte pas l’appartement. Mais cet appartement, c’est aussi là où je travaille. Salon de beauté. Vous le croyez ça ? Un artiste qui se fout de la beauté ! Je vous le dis moi, dans ce monde-là, même les artistes sont des salauds, même les artistes ! Vous n’êtes pas d’accord ?
  
Zé Hélio                      
(Après un temps) Il a raison votre mari. On s’en fout de la beauté. Il faut que j’achète des fleurs. (Il s’en va)
  
La Femme                   
(Se levant) Et où est-ce que je vais aller moi ? Où est-ce que je vais aller ? 

La Mort n'est pas un luxe (extrait)
 
 
 
 D’étreintes perdues
 des branches enchevêtrées
 servent 
 d’images
 à notre désarroi
 Il faut l’aube pour y croire
 et la pauvreté
 de l’espoir
 est comme cet air
 léger
 suspendant
 quelques feuilles
 Sur le chemin qui va
 vers 
 le pain
 Croiser quelques oiseaux
 Je garde toujours une pierre
 dans ma poche
 Peut-être ma folie de vivre
 s’y accroche
 autant qu’à ces images
 qui apparaissent
 dans le flux
 comme éclat
 Reflet scintillant
 caillot
 d’une peine
  
 (Cahier n14 / 18-06-2021) 
 
 
 
 Dans l’image 
 appauvrie
 nous souffrons de raison
 (Déraisonnable)
 Se découvre 
 une feuille
 L’oiseau gardé de la pluie
 la couleur devient
 souvenir
 Mouvement
 Le factice apparaît
 tel
 Dans l’écart du poème
 les prémisses de l’envol
 Ce réel
 apparu
 que partage
 le sens
  
 (Cahier n°14 / 18-06-2021) 
 
 
 
 Sur la table
 la pluie laisse 
 en miroir
 le ciel voyageur
 Mouvement des pensées
 en corps
 restés là
 Dans le hasard du peu
 - Une image
 apparaît par défaut
 La suffisance du monde
 Aussi ses mensonges
 Il reste des écarts
 l’embrassement de tes bras
 la quête du poème
 Comme l’indicible
 qui n’appartient 
 à personne
 Ce manque
 Regardant l’oiseau
 Traverser son reflet
  
 (Cahier n°14 / 17-06-2021) 
 
 
 
 Car dans ce
 déjà
 où l’ombre s’étire
 Le soleil
 - Sans doute n’aurais-je
 jamais
 rien d’autre à dire
 épouse de clartés
 Ces quelques heures
 que l’on nomme « aube »
 et que l’entrevoyure 
 volée
 à cet autre
 Ne cesse de nous dire
 Vivant
  
 (Cahier n°14 / 16-06-2021) 
 
 
 
 De ce vert
 qui patiente
 - Quelques oiseaux
 accompagnent
 Se tisse
 entre ces lumières
 ce jour
 de clartés désirables
 Comme ces baisers 
 de promesse
 imaginant le soir
 Au vieil Hugo
 dérobé
 Une danse
 et dans la chaleur
 de ton corps
 Deviner
 l’axiome caché
 Des couleurs
  
 (Cahier n°14 / 15-06-2021) 
 
 
 
 D’un tendre
 soleil
 l’aube
 était comme un fruit
 Cette attente
 silencieuse et belle
 devinait son approche
 à l’esquisse
 d’une pointe
 Quand le temps 
 perd son emploi
 redevient
 La durée
 Quelques chants 
 surgiront
 redonnant l’espace
 déplié
 - Cette aube 
 et l’image
 emportée
 Des nuées
  
 (Cahier n°14 / 14-06-2021) 
 
 
 
 Abri a porta
 pouco depois a madrugada
 O calor de junho
 entrou 
 Quero essa luz
 aquele céu limpo              
 Azul
 E duma malícia
 se tornando 
 magia
 Vir perto de ti
 nas asas
 dum andorinhão
  
 (Caderno nº14 / 13-06-2021) 
 
 
 
 
 Au salut de quelques branches
 tôt
 à l’ensommeillement
 gardé
 du soleil
 C’est une heure d’attente
 les mots n’ont d’importance
 qu’attestant
 les présences
 Dans l’inimportance
 se joue aussi l’espérance
 Au mouvement de quelques feuilles
 participant
 du silence
  
 (Cahier n°14 / 12-06-2021) 
 
 
 
 Aux pépiements
 quelques pousses
 de jasmin
 les oiseaux
 Éprouvent l’aube
 - Voici des pensées
 dit-elle
 Et comme fleurs
 le sensible recoud
 l’image déchirée
 De cet aller
 clair
 Comme on voyage
 ici
 à l’encontre d’une ombre
  
 (Cahier n°14 / 11-06-2021) 
 
 
 
 Et tout
 ne serait plus que
 beauté
 Surgissements des inattendus
 Magie
 Avant que ne se ferme le monde
 sur le « déjà »
 Avant de reconnaître
 de savoir
 Il faut la brûlure
 du désir
 La soif
 des bouches qui se tordent
 Car la beauté 
 ne peut-être que 
 laide
 à certains
 A vie
 A mort
 Dans la douleur infinie
 des ressacs
 Voici la mer
 Je pense à l’immensité
 comme étreinte
 A notre disparition
 comme nuit
 A cette beauté
 comme possible
 Car celui qui voit 
 la première étoile
 gagne
 Enfant
 nous habiterons nos rêves
 Ainsi se déchire
 le journal
 de tes fausses nouvelles
 Beauté
 je veux celui
 des demains
  
 (Cahier n°14 / 10-06-2021) 
 
 
 
 
 Les murmures 
 de l’été
 rouges en cerises
 tendent
 Nos lèvres vers le ciel
 Voici
 laissées les solitudes 
 La peau du poème
 apparaît
 A l’offrande des désirs
 douceurs et sauvages
 des étreintes
 L’oubli comme perte
 Ce rouge est
 ce qui luit
 Le soleil
  
  
 (Cahier n°14 / 09-06-2021) 
 
 
 
 D’un réel
 à l’abîme des vertiges
 se construit
 l’odieux meurtre
 des sensibles
 ALORS LA PENSÉE DISPARAÎT
 Livrés à l’errance
 nous étirons
 nos blessures
 Jusqu’à la solitude
 de l’aube
 que pourtant
 nous traversons encore
 Comme on devine
 ce qui sauve
  
 (Cahier n°14 / 08-06-2021)
   
 
 
 
 Comme brume
 cette attente
 l’oiseau
 resté
 Aux surgissements
 (des représentations)
 Son chant
 traverse l’image
 muette
 Se pense
 par la joie
 l’inconnue de cette aube
 Offerte comme poème
 aux nues
 de cette indéterminée
  
 (Cahier n°14 / 07-06-2021) 
 
 
 
 No silêncio
 o quintal acorda-se
 O que faço
 aqui
 Na solidão da madrugada
 quando o resto do mundo
 não mais existe
 Talvez estou buscando
 uma palavra
 ou melhor
 um retrato
 Na qual
 tem
 um pedacinho do sol
 Gosto da luz
 Poderia viver só a olhando
 A luz
 e o movimento
 dalgumas lembranças
  
 (Caderno nº14 / 06-06-2021) 
 
 
 
 Comme feuille
 j’ai deviné la lumière
 déjà
 L’autre
 jalousement se tenait
 dans le ciel
 Le poème alors
 sa distance à l’œil
 percevait
 la chaleur
 Embrasser l’infini
 Dans le vert transparent
 des nervures
 une pensée
 un désir
 Il faudrait déchirer le temps
 Les mots peut-être
 réapparaîtraient
 de l’exil
  
 (Cahier n°14 / 05-06-2021) 
 
 
 
 
Le Mort          Ah, maman, moi aussi je vais te dire quelque chose. (Il s’assoit sur le rebord de la tombe) Ma grand-mère, elle savait parler avec les morts. Quand j’étais petit, elle m’emmenait avec elle dans un endroit, dans la forêt. Après avoir cru que j’étais endormi, elle parlait avec les morts. Elle leur donnait des nouvelles des vivants, les oncles, les tantes, toute la famille. Un arbre était un cousin, une plante, sa sœur, ou encore un arbrisseau, l’enfant qui n’avait pas grandi. Moi, je ne dormais pas, je l’écoutais, mais elle ne me voyait pas. Elle tenait la réunion des esprits. Elle donnait le riz aussi. Une fois qu’elle avait parlé avec chacun, elle leur donnait la parole. Chacun alors répondait avec son langage. Des pensées circulaient tout autour d’elle. C’était le mouvement des idées de ceux qui étaient morts. Ils devenaient le souffle de l’air, la respiration, et ainsi on pouvait voir les branches, et les feuilles s’agiter. Alors ma grand-mère disait : « Vous n’avez plus besoin de moi, je vais rentrer maintenant. » Et elle laissait les ancêtres au mouvement de la forêt. Moi, je fermais toujours les yeux, pour qu’elle croie encore à mon sommeil, et qu’elle me porte dans ses bras, plutôt que de m’obliger à marcher. Une fois pourtant je les ai ouverts, et j’ai vu la panthère. Et c’était cela, la vraie peur. Je te raconte tout cela, maman, parce que moi, je n’ai pas peur de la mort, et aussi parce que même si je suis Africain, je ne crois pas à toutes ces histoires avec les esprits. Pourtant je crois à la pensée de ma grand-mère. Quand elle est morte,toute la famille,les oncles,les tantes,tout le monde était tout autour d’elle. Elle, elle était devenue comme un petit animal qui gratte le sol avec ses ongles. Et puis elle s’est endormie, et elle ne s’est pas réveillée. Mais dans son sommeil, son corps avait de petits soubresauts comme les chiens lorsque l’on dit qu’ils rêvent. Finir sa vie par un rêve, tu imagines cela, maman ? J’ai lu Hegel moi, et je ne crois pas aux esprits, mais je crois aux rêves que faisaient ma grand-mère, car si ces rêves-là disparaissent, c’est aussi la raison de Hegel qui s’en ira. Ce n’est pas à cause de la cruauté de la panthère que ce monde disparait, mais bien de ceux qui croient que l’humanité d’un homme se résume à sa volonté d’avoir raison. 

La Mort n'est pas un luxe (Extrait)
 
 
 
 Pluies
 au dos des saisons
 ruisselantes
 des nuits
 Se souvenir
 comme écart aux présents
 du poème laissé
 désuni
 Chers corps
 ô pensées
 A l’infini de l’aube
 cet instant
 - Nous avons descendu le fleuve
 d’une étreinte gardée
 Cette seule
 Un baiser
 s’est écrit
  
 (Cahier n°14 / 04-06-2021)
   
 
 
 
 
 J’ai retrouvé l’aube
 sable
 comme en mémoire
 se dessine
 le sommeil
 Creux des désirs
 aux caresses livrées
 Une pivoine
 s’étire
 dans les reflets
 du ciel
 Alors goûter
 en nombres papillons
 Ce ne fut
 qu’un baiser
 Disparu
 soudainement
  
 (Cahier n°14 / 03-06-2021) 
 
 
 
 
 L’heure indécise
 du jour
 à l’hésitation du soleil
 - Peut-être mesure-t-il
 l’infini
 J’ai manqué tant de choses
 Quelques oiseaux traversent
 horizontalement
 cette nouvelle
 Nous tenons l’un à l’autre
 A l’oblique d’un toit
 à la craie
 cette promesse
 Vue du ciel
  
 (Cahier n°14 / 02-06-2021)
   
 
 
 Voici du désordre
 Vols hirsutes
 herbes hautes
 branches penchées
 Dessinées d’ombres
 de lumières
 Une joie
 prise
 à la raideur
 du vieux
 Lui-même espérant
 - J’ai rêvé cette nuit d’un corps
 Ce désir d’aubes
 aux parfums
 de la peau
  
 (Cahier n°14 / 01-06-2021) 
 
 
 
 
 Que brûle
 comme poème
 cette lumière
 du jour
 Aux surgissements
 de quelques pensées
 rares
 De défaites en défaites
 il reste les solitudes
 Alors la joie
 de l’aube
 cet improbable possible
 Comme il y eut
 les embrassements
 d’un soleil
 sur la haie
 Ou peut-être l’étendue
 sans fin
 de cette vision claire
 touchant l'infini
 Ce réel 
 partagé
  
 (Cahier n°14 / 31-05-2021) 
 
 
 

 Descobri
 o tempo
 dum pássaro
 Vou viver na luz
 e beber o orvalho do dia
 Sou uma bruta
 um rufio
 Preciso dum espaço
 idóneo
 Já deixei as relações
 com esse mundo 
 virtual
 Prefiro a pedra
 Madeira
 Nuvem
 Olhar uma ave
 pensando
 no meu passado
  
 (Caderno nº14 / 30-05-2021) 
 
 
 
 
 Au milieu des oiseaux
 indifférents
 Le soleil
 prend
 sa place
 Il appuie
 les murs
 laisse à l’ombre
 son attente
 D’un écart d’envol
 à ce mouvement lent
 (il disparaît)
 L’oblique des présences
 joue
 se partageant
 l’espace et la durée
 de quelques mots
 Quand le pépiement 
 s’éloignant
 dit
 - Nous sommes ce poème
  
 (Cahier n°14 / 29-05-2021) 
 
 
 
 
 A la lenteur posée
 des jours
 comme silence
 La lumière est mouvement
 Le feuillage
 insaisissable
 Image projetée
 en ombres
 sur le mur
 CAR VOICI LE SOLEIL
 J’attends parfois le temps
 et l’infini
 comme grain
 Quand se partagent 
 sur la table
 les livres
 Refermés
  
 (Cahier n°13 / 28-05-2021) 
 
 
 
 
 Et comme ces étreintes
 Nous étions 
 Terre
 herbes hautes
 grattant le ciel
 Jusqu’aux échecs
 ces solitudes froides
 où rien ne va
 Ce désir de la peau
 avant que les fruits
 viennent
 Dans ce désarroi des jours
 un reste d’attente
 Tenu comme la promesse
 sans espoir
 autre
 qu’une pluie 
 Traversant à l’oblique
 ton regard
 Goûte tes yeux
 Ô soleil
  
 (Cahier n°13 / 27-05-2021) 
 
 
 
 De ce presque silence
 viendrait
 la pluie
 comme
 lui appartenant
 Alors les feuilles
 le toit
 la table de dehors
 Cet infini
 Nous appartenons
 Et le souffle
 léger
 l’envol
 Ton regard
 dénudant
 au loin déjà
 Ce rire
 comme se transforme
 l’ondée
  
 (Cahier n°13 / 26-05-2021) 
 
 Herbes hautes
 à l’apparition
 du lièvre
 De cet inattendu
 advient
 le possible
 L’insaisissable effleuré
 Alors la pensée
  
 (Cahier n°13 / 25-05-2021) 
 
 Dans le vert
 (du cerisier)
 quelques feuilles
 goûtent
 La lumière
 prise
 des branches penchées
 Ce désir
 comme temps
 étreint nos envols
 De cette beauté
 - le surgissement
 nous gardons le peu
 d’un baiser
 rouge
 au parfum
 La peau 
 frémissante déjà
 de cet
 Éloignement
  
 (Cahier n°13 / 24-05-2021) 
 
 
 
 
 A la précision de l’envol
 l’oiseau
 déchire l’image
 déposée comme réel
 des vérités admises
 Cet ordre qui s’impose
 comme « étant » ce qui sauve
 n’est autre que
 - brutalité(s)
 La pauvreté de l’image
 déchirée
 dit le poème
 en sa beauté
 tel un surgissement inattendu
 L’ordre est factice
 la destruction qu’il opère 
 réelle
 Mais nous tenons encore
 dans la déchirure
 de ces envols
 Comme mouvement
  
 (Cahier n°13 / 20-05-2021) 
 
 
 
 
 D’un peu de bleu
 comme couleur
 écartée
 L’instant
 le regard tenait cet infini
 ouvert
 Les blessures
 laissées à l’image
 sur la peau
 devenaient 
 presque douces
 D’une légèreté
 ces nuages
 à mesure
 S’espaçaient
  
 (cahier n°13 / 19-05-2021)
   
 
 
 
 
 A l’immobilité perçue
 je suis le soleil
 L’axe
 d’un regard
 fabriquant des images
 La joie étonnante surgit
 dans l’ignorance alchimique
 nous inventant
 Et ce jour
 ô folie
 dépasse les certitudes
 et les raisons perdues
 Pour découvrir cette aube
 au nombre des baisers
 comme plongée dans le fleuve
 Tu reparus
 Salée
  
 (Cahier n°13 / 18-05-2021) 
 
 
 
 
 De ces cheveux au vent
 quelques broussailles
 troublent
 L’image trop sage
 d’un baiser d’adieu
 La violence traverse
 qui sait déjà la solitude
 L’oubli
 L’insolence des branches hirsutes
 des yeux sans larmes
 A l’image non prise
 d’un mouvement s’affirme
 le refus
 De ce qu’offre le jour
 lui préférer
 La nuit
  
 (Cahier n°13 / 17-05-2021) 
 Estendendo a mão
senti o sol
Fora do meu pensamento
descobri o mundo
Um calor doce
como aquele
dum café da manhã
na esquina da rua
Silveira Martins
Pão na chapa
Café com leite
Agora vou escrever um poema
Antes de ir trabalhar
na biblioteca
do UFRJ
no largo São Francisco
É isso
reconheço o sol
ele me chamou
Eu vou
 
(Caderno nº13 / 16-05-2021)
De ce qu’apparaît
la lumière
J’ai vu le changement
de couleur
de tes yeux
De l’aurore nous étions
témoins
Monde ouvert
prolongé l’un par l’autre
Cet infini
Alors la clarté
touchait la pensée
Désir d’étendues
à l’oiseau qui traverse
aux ombres
Aux étreintes
écorchées des corps
Devenues
mesure de ce temps
Résistantes
à l’abîme

(Cahier n°13 / 15-05-2021)
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